Metal Gear Solid Delta – Le serpent frappe à nouveau, mais la magie est-elle toujours au rendez-vous?

TEST – Dix ans après la sortie de Metal Gear Solid V, Konami mise de nouveau sur l’un de ses titres les plus emblématiques. Fort du succès de la Master Collection Vol. 1, l’éditeur propose aujourd’hui un remake 4K ambitieux : Metal Gear Solid Delta. Le mythique Metal Gear Solid 3 revient, 21 ans après l’original – mais la question demeure : l’aura légendaire résiste-t-elle sans Hideo Kojima aux commandes ?

 

Depuis quelques années, Konami semble vouloir retrouver une vraie place dans le développement de jeux vidéo « premium ». Après une longue période consacrée aux mobiles et aux pachinko, la firme se tourne à nouveau vers les consoles et le PC. Les différentes compilations rétro ont ouvert la voie, et désormais l’éditeur embrasse pleinement l’ère des remakes – comme s’il s’agissait d’un terrain d’essai avant d’oser un projet inédit.

Le remake de Silent Hill 2 en 2024 ayant rencontré un franc succès, c’est au tour de Metal Gear Solid de revenir sur le devant de la scène. Avec Metal Gear Solid Delta: Snake Eater, Konami ressuscite le troisième épisode, l’un des plus cultes de la saga. Mais ici, l’équation est bien plus délicate. Les fans se souviennent encore de l’éviction brutale de Hideo Kojima après le développement chaotique de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain. Pour beaucoup, la série ne pouvait tout simplement pas survivre sans lui. Pourtant, après l’élan nostalgique de la Master Collection Vol. 1, voici un remake complet… sans Kojima. D’où la question : vingt et un ans plus tard, Snake Eater conserve-t-il son statut de chef-d’œuvre ?

 

 

Snake Eater : un récit qui reste parmi les sommets vidéoludiques

 

Pour ceux qui n’ont pas connu l’original à l’époque, rappelons que Metal Gear Solid 3: Snake Eater constitue, chronologiquement, le premier chapitre de la saga. L’action se déroule en 1964, en pleine guerre froide. Deux ans après la crise des missiles de Cuba, Jack – alias Snake – est envoyé en URSS afin d’exfiltrer un scientifique décidé à faire défection vers l’Ouest. Mais la mission vire au désastre : The Boss, mentor et figure maternelle de Snake, le trahit et rejoint le colonel Volgin, s’empare du scientifique et laisse Snake à l’agonie. Le tout se conclut par une explosion nucléaire sur le sol russe, déclenchant un incident diplomatique mondial.

Snake doit repartir en mission : récupérer le scientifique, neutraliser Volgin… et affronter son ancienne maîtresse d’armes. Relu aujourd’hui, le scénario frappe par sa modernité. Le climat de tension entre superpuissances, États-Unis, Russie et Chine en tête, résonne étrangement avec notre époque. Kojima n’écrivait pas seulement une fiction – il anticipait des réalités géopolitiques.

Mais c’est surtout la mise en scène qui impressionne encore. Le rythme est maîtrisé, les retournements de situation s’enchaînent, les cinématiques, bien que longues, sont mises en scène avec brio. Les combats de boss sont restés dans les mémoires, et les personnages marquent durablement – en particulier The Boss, sans doute l’un des antagonistes les plus marquants de l’histoire du jeu vidéo. Ajoutons à cela la patte Metal Gear : dialogues philosophiques et séquences absurdes se côtoient, donnant naissance à une identité unique que personne n’a su reproduire.

Résultat : un récit inoubliable, d’autant qu’il reste contenu – une vingtaine d’heures suffisent pour le terminer. Bien sûr, certains aspects ont vieilli : le traitement très sexualisé du personnage d’EVA était déjà critiqué en 2004. Konami a choisi de ne rien modifier, jusqu’au moindre plan de caméra. Il s’agit bel et bien d’un remake fidèle, image pour image, simplement sublimé en 4K. Le nom de Kojima reste présent, probablement par respect autant que pour ménager les fans. La différence se situe donc avant tout dans la direction artistique.

 

 

Un classique réinventé en 4K photoréaliste

 

Dès l’annonce, les regards se sont portés sur l’aspect visuel. À sa sortie, Metal Gear Solid 3 était l’un des plus beaux jeux de la PlayStation 2, avec une esthétique stylisée rappelant les illustrations de Yoji Shinkawa. Dans cette nouvelle version, Konami a conservé l’identité des personnages tout en les transposant dans un écrin photoréaliste, rendu possible par l’Unreal Engine 5. Le résultat donne l’impression de retrouver d’anciennes figures dans un décor entièrement renouvelé, techniquement impeccable.

La palette de couleurs est plus sobre que sur PS2, où les contrastes accentués conféraient au titre une personnalité visuelle unique. Ce choix se justifie dans une relecture réaliste, mais il modifie quelque peu le ton. En revanche, l’ADN artistique est intact : l’ambiance singulière de Snake Eater traverse toujours l’écran. La toile de fond des années 1960 se mêle, comme toujours, à des éléments de science-fiction qui installent une atmosphère rétro-futuriste. Les grandes zones naturelles contrastent avec des intérieurs militaires truffés d’anachronismes assumés. Bref, un point d’entrée idéal pour découvrir la saga – mais côté jouabilité, les choses se compliquent.

 

 

Un remake fidèle… avec ses lourdeurs

 

Aussi impressionnant soit-il sur le plan graphique, Metal Gear Solid Delta ne parvient pas à gommer les faiblesses héritées de l’original. Konami a conservé à la lettre la structure de 2004, y compris ses mécaniques les plus datées. On alterne toujours entre infiltration méthodique et affrontements de boss spectaculaires. Si cette formule conserve son charme, son âge se fait sentir.

Les contrôles paraissent lourds et rigides, à mille lieues des standards actuels. Se relever péniblement au sol en pressant une touche pendant que l’ennemi vous harcèle relève plus de la frustration que du défi. Le rampement manque de précision, entraînant souvent des déclenchements accidentels de pièges. Et la structure en zones, compréhensible à l’époque de la PS2, casse aujourd’hui l’immersion.

Cela dit, Konami a introduit quelques ajustements. Le mode « moderne » permet enfin de se déplacer tout en visant, ce qui est devenu indispensable. On retrouve aussi la caméra libre issue de la version Subsistence (2006), des roulades plus fluides, une boussole indiquant l’objectif ou encore un raccourci pour changer de camouflage instantanément. Mais dans l’ensemble, Delta reste le jeu de 2004 sous une nouvelle couche graphique. Avec ses défauts, y compris une IA toujours incohérente : parfois redoutable, capable de repérer Snake à distance, parfois totalement aveugle. Une constance… à géométrie variable.

 

 

Delta, l’édition ultime ?

 

Sur le plan du contenu, Konami ne s’est pas moqué des fans. Metal Gear Solid Delta compile tout ce qui avait été ajouté au fil des éditions précédentes. Le mini-jeu Snake vs. Ape, crossover délirant avec Ape Escape, est de retour. Tout comme Guy Savage, ce niveau hack’n’slash totalement atypique. On retrouve aussi le « Théâtre secret », recueil de cinématiques parodiques, désormais refaites avec le nouveau moteur.

Cerise sur le gâteau : le manuel illustré de l’édition HD de MGS3 est inclus, avec les superbes dessins de Yoji Shinkawa. Kojima n’est plus crédité comme auteur, mais l’esprit de son œuvre plane encore sur chaque scène. Ce remake dépasse le simple hommage : il s’érige en monument à la gloire d’un des jeux les plus marquants de l’histoire.

-Gergely Herpai « BadSector »

Points forts :

+ Des graphismes 4K photoréalistes impressionnants
+ Une histoire toujours aussi forte, magnifiée par la mise en scène
+ Des ajouts pratiques : caméra libre, boussole, changements rapides de camouflage


Points faibles :

– Des contrôles rigides et datés
– Une structure en zones qui sent le passé
– Une IA inégale et parfois incohérente


Éditeur : Konami
Développeur : Virtuos
Genre : Action-aventure, TPS, infiltration
Sortie : 28 août 2025

Metal Gear Solid Delta

Jouabilité - 8.1
Graphismes - 8.2
Histoire - 9.5
Musique/Audio - 9.4
Ambiance - 9.2

8.9

EXCELLENT

Kojima n’est plus crédité comme auteur, mais l’esprit de son œuvre plane encore sur chaque scène. Ce remake dépasse le simple hommage : il s’érige en monument à la gloire d’un des jeux les plus marquants de l’histoire.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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