ACTUALITÉS CINÉMA – Qui aurait cru que l’une des légendes de la science-fiction écrirait un épisode « légendairement mauvais » d’X-Files, centré sur un jeu vidéo meurtrier ? Mulder et Scully ont failli s’y perdre dans First Person Shooter, descendu à l’époque, aujourd’hui regardé comme une curiosité étrange.
Je pense que tout le monde s’accordera à dire que William Gibson est l’une des figures les plus influentes de la science-fiction moderne, incontournable dès qu’il est question de mondes cybernétiques. C’est d’ailleurs mon auteur favori (BadSector). Sans son imagination et sa maîtrise dans des romans comme Neuromancer (toujours en attente d’une adaptation sur Apple TV+), des classiques modernes comme The Matrix ou encore des jeux aussi marquants que Cyberpunk 2077 n’auraient jamais vu le jour. Mais tout ce qu’il a touché n’est pas devenu un chef-d’œuvre. Son court passage dans X-Files nous a donné un épisode réussi… et un fiasco total.
Ce que je regrette dans les anciennes séries de science-fiction, c’est cette époque où les saisons comptaient plus de 20 épisodes, laissant de la place à des thèmes variés et à la participation de grands noms devant et derrière la caméra. On se souvient par exemple du jour où Quentin Tarantino a réalisé un épisode de CSI en 2005. Gibson, avec son ami et collègue auteur de SF Tom Maddox, a coécrit deux épisodes pour X-Files. Le premier, Kill Switch (5×11), a été très bien reçu grâce à son intrigue sur une intelligence artificielle qui cherchait à se libérer. Le second, First Person Shooter (7×13), est considéré comme l’un des pires de la série.
Au point que certains médias l’ont qualifié de « légendairement mauvais », et honnêtement, ils n’avaient pas tort. Même si l’intention de l’épisode était relativement claire, tout le reste, du scénario à la réalisation, posait problème. Mais revenons aux faits : de quoi parlait First Person Shooter ? On y découvrait un jeu vidéo d’action conçu pour un dispositif de réalité virtuelle rappelant Star Trek: TNG, qui, pour une raison jamais expliquée, pouvait réellement tuer ses joueurs. Et pas par électrocution ou crise cardiaque, mais en infligeant de véritables blessures par balles.
Pourchassés par une femme digitale en quête de vengeance
Nos agents préférés, Mulder et Scully, enquêtent et découvrent vite qu’un personnage non prévu, Maitreya, traque tous ceux qui entrent dans First Person Shooter (un titre franchement peu inspiré pour un jeu de tir). Elle est présentée comme une femme fatale, une sorte de programme né en réaction à la misogynie et à la violence omniprésentes dans l’univers virtuel créé par les développeurs masculins. Plus tard, on apprend que sa conception initiale venait en réalité de la seule programmeuse de l’équipe, isolée dans ce « champ de testostérone ».
First Person Shooter voulait ainsi dénoncer l’objectification des femmes dans certains jeux de l’époque, mais il l’a fait de manière tellement maladroite et caricaturale que le message est passé inaperçu. Ajoutez à cela un script confus, un ton oscillant sans cesse entre parodie et gravité, et un budget dérisoire pour représenter son « monde virtuel » – il faut rappeler qu’il s’agissait de télévision grand public, produite à la chaîne et dans l’urgence. Le résultat ? Raté.
Sur 3DJuegos, j’ai déjà évoqué d’autres épisodes indépendants d’X-Files que j’ai beaucoup appréciés, comme Ice, sorte de remake de John Carpenter et de son The Thing, ou encore le controversé Home, resté « interdit » pendant des années sur FOX. Celui dont il est question ici illustre au contraire tout ce que la série n’aurait jamais dû devenir. Mais, avec le recul, il reste fascinant : il permet de constater qu’il y a 25 ans, la société était réellement terrifiée par les jeux vidéo.
Il nous a aussi offert l’occasion de voir Mulder et Scully surarmés face à une menace impossible, comme s’ils évoluaient dans DOOM. Et la situation a amusé le casting : comme l’a confié Gillian Anderson, l’interprète de Scully, « C’était une sensation étrange sur le plateau, avec tous ces types courant dans tous les sens avec des armes lourdes, tirant de partout. » Si vous êtes curieux, l’épisode est disponible sur Disney+. First Person Shooter (7×13) peut se regarder seul, sans contexte préalable, mais ce n’est certainement pas la meilleure porte d’entrée à la série.
Source : 3djuegos