APERÇU – Call of Duty: Black Ops 7 est-il simplement un nouvel épisode paresseux et opportuniste? La franchise, après vingt ans d’existence, continue d’essuyer les critiques : monétisation agressive, bugs persistants, manque d’inspiration… Pourtant, ce nouvel opus semble vouloir prouver, dès ses premières minutes, qu’il en a sérieusement sous le capot.
Début août, à seulement quelques jours de la grande présentation de Black Ops 7 à Los Angeles, Mike Ybarra, ancien président de Blizzard et ex-cadre chez Microsoft, a vidé son chargeur sur la franchise. Sur X, il a qualifié Call of Duty de « paresseux », affirmant que Battlefield 6 d’EA allait le « piétiner » cette année et forcer les développeurs à créer « de vrais FPS ». Quelques semaines plus tôt, Ian Proulx, le patron de Splitgate 2, avait lui aussi glissé un tacle bien senti lors du Summer Game Fest. Aujourd’hui, Call of Duty est devenu le running gag de l’industrie : la caricature vivante des suites sans fin.
On le critique, mais tout le monde en parle
Et ce n’est pas fini. Malgré des ventes toujours faramineuses — Black Ops 6 fut le jeu le plus vendu de 2024 — la grogne monte chez les joueurs. Microtransactions abusives, skins pay-to-win, bugs en série, contenus payants générés par IA… la liste des griefs s’allonge.
Face à ce tollé, Treyarch semble avoir pris les choses en main avec Black Ops 7. Prévu pour novembre, le titre déborde littéralement de contenu. La campagne solo aligne un casting hollywoodien : Milo Ventimiglia (This Is Us), Michael Rooker (Les Gardiens de la Galaxie) et Kiernan Shipka (Les Nouvelles Aventures de Sabrina). Pour la première fois depuis longtemps, elle est entièrement jouable en coopération jusqu’à quatre joueurs. Le mini-jeu culte Dead Ops Arcade fait son grand retour, et un nouveau mode à 20 joueurs, baptisé Skirmish, débarque avec de vastes cartes, des wingsuits et des véhicules. Appeler ça « paresseux » ? Il faut oser.
Développé en parallèle de Black Ops 6, ce septième opus est une suite semi-officielle de l’iconique Black Ops II sorti en 2012. Ventimiglia incarne David Mason, protagoniste emblématique du jeu d’origine. L’action se déroule en 2035, dans un univers high-tech peuplé de mini-drones offensifs, de chiens de combat robotisés façon Boston Dynamics (les fameux DAWG), et d’une interface utilisateur type réalité augmentée. Mason commande une unité d’élite de quatre soldats, et pour la première fois depuis BO2, toute la campagne peut être parcourue en escouade.
Paranoïa, hallucinations et guerre de l’ombre
Dans la droite lignée de la série, le scénario mêle espionnage, manipulations psychologiques et dérives technologiques. Le grand méchant Raul Menendez fait son retour avec une arme d’un nouveau genre : une drogue qui provoque des hallucinations massives. Lors d’une séquence de gameplay, on voit des machettes tomber du ciel pendant que l’autoroute 405 de Los Angeles se tord comme une piste Hot Wheels. Un trip visuel qui rappelle fortement les cauchemars sous drogue dans Batman: Arkham Asylum.
Pour inciter les joueurs à ne pas zapper la campagne, Treyarch a introduit un système d’« endgame ». Une fois le récit terminé, un monde ouvert baptisé Avalon s’ouvre, avec des missions renouvelées régulièrement, des compétences à personnaliser et des équipements à débloquer. « Cela va redéfinir ce qu’est une campagne dans Call of Duty », promet Kevin Drew, directeur créatif.
Autre nouveauté : le système de progression globale. Vos exploits en solo permettent désormais de gagner de l’XP, d’améliorer vos armes et d’avancer dans le battle pass. « Le mot clé, c’était ‘connecté’ », explique Yale Miller, directeur de production. « Jouer avec des amis, ça change tout. En solo, tu te demandes ce que tu fous là. Mais à plusieurs, tout devient plus fluide, plus fun. »
Zombies, nostalgie et arcade survitaminée
Ce souci de grandeur s’étend aussi au mode Zombies. Black Ops 7 propose la plus grande carte jamais conçue par Treyarch pour un mode à manches. Inspirée du mythique TranZit de BO2, cette nouvelle version mise sur la coopération. Les équipes devront affronter les hordes ensemble, utiliser des véhicules et croiser des versions alternatives des héros historiques : Richtofen, Belinski, Masaki et Dempsey font un retour… inattendu.
Et bien sûr, le Dead Ops Arcade revient, toujours aussi barré. Bien plus qu’un clin d’œil rétro, c’est un projet de cœur pour le studio. « Dave King, notre directeur technique, est passionné par ce mode », raconte Miller. « Lui et une petite équipe ont créé les premières versions. Beaucoup ici adorent les bornes d’arcade old school… Et plus de la moitié du studio est là depuis dix ans ou plus. Dead Ops, c’est une tradition maison. »
Partager, sauter, tirer, et recommencer
Le multijoueur ne reste pas en retrait : 16 cartes disponibles dès le lancement, 16 nouvelles armes (inédites dans la série), et une fonction de partage de builds pour envoyer ses loadouts aux potes — que ce soit le Peacekeeper M1 hybride SMG/AR ou le dévastateur Echo 12.
Le système de déplacement introduit dans BO6 s’étoffe aussi. On peut désormais sauter sur les murs, utiliser un grappin pour prendre de la hauteur, et profiter de nouvelles compétences. Mention spéciale au Drone Charmer, qui permet de lâcher une armée de drones pour chasser l’ennemi — une sorte d’évolution aérienne des chiens d’attaque de World at War.
Call of Duty reste Call of Duty — mais en plus vicieux, plus rapide, plus dense
Alors, Black Ops 7 est-il un doigt d’honneur adressé aux détracteurs ? « Je ne dirais pas ça », tempère Matt Scronce. « Je viens de la communauté. En 2007, Treyarch m’a invité pour tester les DLC de World at War. Depuis le début, je garde le regard des joueurs en tête. Et franchement ? Je suis juste heureux d’être encore dans la boucle. Parce que quand plus personne ne débat de quel jeu est meilleur, c’est là que t’as vraiment perdu. Tout est une question de repousser les limites et de surprendre les gens. »
Peut-être que les Call of Duty annuels ne chamboulent plus l’industrie comme avant. Mais difficile de nier que Black Ops 7, pour le prix d’un seul jeu, propose trois expériences solides et connectées, taillées pour le jeu en escouade. Une approche complète du FPS moderne, qui suffira sans doute à garder la série dans le game — même si Battlefield sort l’artillerie lourde.
Call of Duty: Black Ops 7 sortira le 14 novembre 2025 sur PC, PS5 et Xbox.
-Gergely Herpai « BadSector »-