L’âge doré – La série tient-elle enfin toutes ses promesses ?

CRITIQUE DE SÉRIE – Après deux saisons passées à jongler entre costumes somptueux et intrigues en demi-teinte, la série de Julian Fellowes diffusée sur HBO semble enfin trouver son rythme. Cette troisième saison de L’Âge d’or dépasse le simple plaisir visuel pour offrir une véritable tension dramatique, des personnages plus profonds et une narration enfin maîtrisée sur HBO Max.

 

Ce n’est pas tous les jours qu’un mari entre dans une pièce, avoue ses infidélités, puis exige — sans le moindre remords — un divorce. On pourrait croire que son épouse saisirait cette chance de s’en libérer. Et pourtant… elle refuse. Car dans l’Amérique du XIXe siècle, une femme divorcée est condamnée à l’exil social. Les amis disparaissent, la réputation s’effondre, l’Église ferme définitivement ses portes.

Malgré la trahison, elle reste. Elle refuse de récompenser l’adultère par une séparation honorable. Dans son monde, le mariage n’est pas une option, c’est une identité. Et c’est précisément à cet instant que L’Âge d’or trouve son souffle dramatique.

Les saisons précédentes effleuraient déjà, avec subtilité, l’hypocrisie de la haute société new-yorkaise. La lutte entre les vieilles fortunes et les nouveaux riches se jouait à coups de bals mondains et de mécénats artistiques. Mais cette fois, les tensions montent, percent le vernis et deviennent matière dramatique.

 

 

Petits fours et grandes humiliations

 

La saison 3 met les relations humaines au centre — et la plupart sont au bord de l’effondrement. Le divorce plane comme une menace silencieuse dans chaque salon tapissé de soie. Sur huit épisodes rythmés, la série intensifie son propos social sans sacrifier son élégance. (Même si certaines intrigues disparaissent un peu trop vite.) Fellowes et sa co-scénariste Sonja Warfield injectent un réel sens de l’urgence et transforment ce feuilleton de luxe en drame captivant. C’est toujours une série à savourer avec un verre à la main et des cris du cœur : « Vas-y, Carrie ! Qu’il aille au diable, ce Britannique réactionnaire ! » — mais au moins, on crie parce qu’on y croit.

Les personnages prennent enfin vie. Ada (Cynthia Nixon) et Agnes (Christine Baranski) inversent les rôles. L’argent d’Ada la propulse au sommet, tandis qu’Agnes doit composer avec les décisions parfois absurdes de sa sœur. Sa croisade pour la tempérance donne lieu à des moments savoureux, et Baranski brille dans ce registre : lorsqu’elle lâche un « Que le cirque sobre commence ! », le rire est assuré.

Marian (Louisa Jacobson) et Peggy (Denée Benton), quant à elles, retrouvent l’amour. Peggy tombe sur un médecin bienveillant, malgré les préjugés de sa famille. (Mention spéciale à Phylicia Rashad, matriarche hautaine qui préfère ignorer l’histoire de l’esclavage plutôt que d’honorer ses survivants.) Marian reste éprise de Larry Russell (Harry Richardson) — leur romance semble sortie d’une carte postale, mais devient plus intéressante dès qu’ils s’immiscent dans les affaires des autres.

 

 

Horloges, rails et maladresses stratégiques

 

En bas, Jack Trotter (Ben Ahlers) poursuit sa quête d’inventer le réveil idéal. Ce qui semblait anecdotique devient charmant — sans doute à force de persévérance. La résolution tardive de son arc narratif donne un sentiment d’accomplissement inattendu.

En revanche, l’intrigue ferroviaire autour de Russell Industries s’enlise. Construire une ligne transcontinentale prend un temps fou à l’écran, pour des échanges aussi profonds qu’un slogan publicitaire : « On risque de perdre de l’argent », « Mais on pourrait aussi en gagner. » Merci, George. Engager un conseiller stratégique ne serait pas du luxe.

Heureusement, le couple formé par George (Morgan Spector) et Bertha (Carrie Coon) reste le joyau de la série. Leur alchimie est intacte, mais mise à rude épreuve. Leur ascension s’est construite main dans la main : à lui les finances, à elle l’influence sociale. Mais quand leurs ambitions divergent — notamment à propos du mariage de leur fille Gladys (Taissa Farmiga) — les fissures apparaissent.

George croit encore à l’idéal romantique du mariage. Bertha, elle, sait ce qu’il en coûte aux femmes de rêver. Un mauvais mariage, c’est la ruine. Et plus les désaccords s’enveniment, plus on s’interroge : George respecte-t-il vraiment les jugements de Bertha ? Ou seulement quand ils servent ses intérêts ?

 

 

Hystérie ou clairvoyance ?

 

La série n’explore pas en profondeur la crise du couple, mais les acteurs compensent. Spector insuffle à George une colère sourde et progressive, tandis que Coon fait de Bertha une femme piégée entre ambition et frustration. Certains verront en elle une femme hystérique — un cliché tenace. Mais comme le rappelle justement la série : « La société n’est pas réputée pour sa logique, surtout quand il s’agit des femmes. »

-Gergely Herpai « BadSector »-

L’âge doré

Direction - 7.4
Acteurs - 7.6
Histoire - 7.6
Visuels/Musique/Sons - 7.8
Ambiance - 7.4

7.6

BON

CRITIQUE DE SÉRIE – Après deux saisons passées à jongler entre costumes somptueux et intrigues en demi-teinte, la série de Julian Fellowes diffusée sur HBO semble enfin trouver son rythme.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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