Devil May Cry 3: Special Edition – Même le diable n’a pas le monopole des larmes [RETRO – 2005]

RETRO – Dante, le chasseur de démons au manteau rouge et aux cheveux blancs, n’avait jusque-là sévi que sur PlayStation 2 — et pas qu’un peu : pour les amateurs d’ambiances manga et d’action effrénée en continu, il incarnait la référence absolue. Pour ce troisième opus, Capcom a jugé qu’il était temps de tenter un petit portage…

 

Que vous soyez ou non familier avec les jeux console, quiconque a déjà croisé de près ou de loin les titres d’action PlayStation a sûrement entendu parler de la série à la troisième personne Devil May Cry, surnommée le « diable qui pleure ». Son héros inamovible, Dante, est un chasseur de démons téméraire et impulsif, capable de renvoyer au néant toutes sortes de créatures infernales avec un style démesuré et un arsenal extravagant.

La série comptait alors trois épisodes, et le meilleur d’entre eux était clairement le dernier : Devil May Cry 3. L’action y est aussi rapide, impitoyable et spectaculaire que dans les précédents volets, mais elle demande en plus davantage de tactique et de réflexion. Sur PS2, DMC3 était réputé pour être l’aventure la plus difficile de Dante. Autant dire que nous avons installé la version PC avec une impatience mêlée d’optimisme…

Nous attendions néanmoins une refonte des commandes adaptée au PC.

Un air de déjà-vu

Avant de pleurer moi-même à la place du diable sur le portage bâclé de Capcom, rappelons brièvement ce que nous attendions de Devil May Cry 3 d’après la version PS2. Il s’agit d’un hack’n’slash à caméra fixe, en vue externe, dans lequel, comme dans un survival horror, on progresse dans des zones séparées en exterminant des hordes de démons. Ceux qui ont déjà joué à Resident Evil, Silent Hill ou au plus ancien Nocturne connaissent la manœuvre : on ne peut pas orienter la caméra, et il arrive de tirer sans même voir sa cible.

La grande différence avec le survival horror, c’est que les monstres arrivent ici en vagues continues, sans attendre poliment que le héros adopte une bonne posture de combat : ils foncent arracher son cœur à la moindre occasion. Sur console, même sur la vieille PS2, ce système de caméra fixe semblait déjà daté, mais dans Devil May Cry 3, beaucoup le pardonnaient tant le gameplay frénétique et les affrontements de boss étaient réussis et charismatiques.

En 2006, sur PC, après avoir goûté à de nombreuses avancées techniques, cette caméra vieillotte paraît tout de même bien embarrassante, même en faisant preuve de bonne volonté. Certes, personne ne s’attendait à ce que Capcom réécrive le jeu en véritable TPS juste pour nous…

Nous attendions néanmoins une refonte des commandes adaptée au PC.

Jouer du piano avec les orteils

En revanche, nous attendions bel et bien une adaptation des commandes pour PC. (Pour être honnête, je me doutais que Capcom se soucierait peu du confort de jeu sur nos machines — question d’instinct pessimiste.) Malheureusement, mes craintes se sont confirmées, et même au-delà : diriger Dante au clavier revient à jouer du piano avec ses gros orteils : faisable en théorie, mais on se cogne la tête contre les murs avant d’obtenir la moindre mélodie.

Avec les touches ZQSD, le déplacement est déjà raide, et il faut en plus composer avec une avalanche de fonctions attribuées à des touches par défaut aberrantes. On peut tout reconfigurer, certes, mais passer une demi-heure à le faire pour un tel jeu n’a rien de réjouissant, d’autant que trouver la touche « OK » dans les menus relève déjà de la chasse au trésor. Bref, DMC3 est un portage pur jus console, et donc un calvaire au clavier. « Pas grave, j’ai une manette », se dit-on. Après tout, il suffit de brancher un pad USB, et le problème est réglé… enfin, en théorie.

Le hic ? Même à la manette, c’est raté. Sur la plupart des pads, à cause d’un bug étrange, Dante refuse simplement d’avancer droit. La seule solution est de télécharger un petit utilitaire tiers nommé joytokey et de configurer soi-même chaque bouton — ce qui est, avouons-le, assez pathétique. Une fois ce bricolage fait, on peut bouger correctement, mais le vrai supplice reste l’apprentissage des combos : le tutoriel se contente d’images fixes au lieu de détecter la disposition réelle de votre manette sous Windows. Résultat, pour exécuter des enchaînements complexes (et ici, c’est presque obligatoire), il faut tester tous les boutons un à un.

Nous attendions néanmoins une refonte des commandes adaptée au PC.

Laid comme le péché

Autre travers classique des portages console : lorsque les développeurs ne passent pas une seconde à améliorer les graphismes. Devil May Cry 3 affiche exactement ce que l’on redoute d’un vieux portage bâclé : textures ternes et floues, faible nombre de polygones, etc.

Monter la résolution n’aide pas — sur certaines configurations, le jeu se met même à ramer, ce qui relève de l’exploit… Pire, certains effets lumineux présents sur PS2 ont disparu, rendant l’ensemble encore plus gris et stérile. Seuls Dante et quelques PNJ importants tirent leur épingle du jeu, mais cela ne compense pas des décors aussi plats que fades.

Nous attendions néanmoins une refonte des commandes adaptée au PC.

Dommage

Fidèle à ses habitudes, Capcom ne s’est pas embarrassé : on dirait qu’ils ont confié à « Yomoko », le petit programmeur du sous-sol, la tâche de passer le jeu dans une version d’essai du logiciel de conversion PS2 vers PC… quand il avait le temps. Pratiquement aucun ajustement pour répondre aux attentes des joueurs PC. Leur message implicite ? « Contente-toi de ça, gamin, et sois tranquille jusqu’à Noël ! »

Cependant, si vous acceptez d’installer l’outil tiers pour manette, de vous arracher les cheveux pour assimiler les combos issus d’un tutoriel pensé pour PS2, et de tolérer une caméra fixe d’un autre âge, vous trouverez là un hack’n’slash solide, doté d’un scénario singulier et de combats de boss mémorables. Ce genre de titre est aujourd’hui rare sur PC. Reste que j’attends désormais la version PC de Resident Evil 4 avec beaucoup de scepticisme… en espérant que ses reports à répétition ne s’expliquent pas seulement par les vacances prolongées de Yomoko.

-Gergely Herpai « BadSector »-(2005)

Pro :

+ Action frénétique et continue
+ Histoire façon manga (pour les amateurs)
+ Atmosphère réussie

Contre :

– Graphismes dépassés
– Commandes catastrophiques
– Portage Capcom typique, bâclé


Éditeur : Capcom
Développeur : Capcom
Genre : Action, TPS
Sortie : 2005

Devil May Cry 3: Special Edition

Jouabilité - 7.1
Graphismes - 5.5
Histoire - 7.3
Musique/Audio - 6.8
Hangulat - 6.9

6.7

CORREKT

Cependant, si vous acceptez d’installer l’outil tiers pour manette, de vous arracher les cheveux pour assimiler les combos issus d’un tutoriel pensé pour PS2, et de tolérer une caméra fixe d’un autre âge, vous trouverez là un hack’n’slash solide, doté d’un scénario singulier et de combats de boss mémorables. Ce genre de titre est aujourd’hui rare sur PC. Reste que j’attends désormais la version PC de Resident Evil 4 avec beaucoup de scepticisme… en espérant que ses reports à répétition ne s’expliquent pas seulement par les vacances prolongées de Yomoko.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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