CRITIQUE DE SÉRIE – Après deux ans d’absence, Wednesday fait son grand retour, et la première moitié de cette deuxième saison ne se contente pas de ramener Jenna Ortega dans le rôle-titre : Nevermore Academy se retrouve envahie par une nouvelle galerie de visages. Pugsley (Isaac Ordonez) rejoint désormais l’école en tant qu’élève, tandis que Wednesday revient auréolée de son statut de sauveuse – mais une fois encore, elle se lance dans une course contre la montre. Cette fois, il s’agit d’empêcher Enid (Emma Myers) de succomber à une vision glaçante, et si la saison met un certain temps à s’installer, elle préserve ce mélange unique de charme macabre et d’esprit noir qui a fait la renommée de la famille Addams.
Une nouvelle année scolaire apporte inévitablement de nouvelles têtes. Steve Buscemi incarne le nouveau proviseur, Dort, jovial mais calculateur ; Billie Piper interprète Isadora Capri, professeure de musique à Nevermore ; et Thandiwe Newton dirige l’asile voisin, Willow Hill, sous les traits de la docteure Rachael Fairburn. Pendant ce temps, Enid attire l’attention de Bruno (Noah B. Taylor), membre de sa meute, tandis que Wednesday se découvre un fan-club inattendu mené par l’intrusive Agnes Demille (Evie Templeton).
Nouveaux visages, icônes familières
À côté de ces arrivants, on retrouve des figures bien connues : Luis Guzmán prête à nouveau ses traits à Gomez, et Catherine Zeta-Jones reprend son rôle de Morticia. Buscemi impose d’emblée sa présence en proviseur défendant fièrement l’orgueil des Marginaux, à l’opposé de l’ancienne directrice Weems (Gwendoline Christie), plus encline à rechercher la conciliation avec les Normaux. Quant à la docteure Fairburn, responsable de Willow Hill, elle s’impose également comme un personnage marquant – surtout dans les scènes où Newton se retrouve face à Ortega.
La saison met fortement l’accent sur Willow Hill et sur les mystères qui entourent la cohabitation entre Normaux et Marginaux. C’est une extension naturelle de la mythologie de la série, jamais artificielle. Et si le ton se permet parfois quelques touches de légèreté, il n’hésite pas à plonger dans des ambiances plus sombres et sanglantes. Malgré l’agrandissement du casting, la distribution ne semble jamais encombrée, mais la menace plane : chacun pourrait tomber. Cette tension renforce l’enjeu général et, comme dans la première saison, pousse Wednesday à traquer son mystérieux harceleur, dont le lien avec la vision funeste d’Enid ne fait guère de doute.
Un mystère qui prend son temps
Si le final de la saison 1 annonçait clairement l’intrigue autour du harceleur, cette nouvelle salve démarre à un rythme mesuré. L’arrivée de Pugsley, les interactions au sein de la meute d’Enid et la création du fan-club de Wednesday introduisent de multiples fils narratifs, reléguant parfois au second plan des personnages établis comme Bianca (Joy Sunday) et Ajax (Georgie Farmer). Même Enid, qui faisait presque office de co-vedette auparavant, passe désormais davantage de temps avec sa meute qu’avec Wednesday – atténuant la dynamique savoureuse entre le flegme d’Ortega et l’énergie pétillante de Myers. Mais dès que l’histoire de Willow Hill commence à se dévoiler, le récit s’emballe enfin.
Cette saison partage son temps entre deux univers : d’un côté, la vie adolescente et les intrigues scolaires ; de l’autre, une enquête sur un mystère vieux de plusieurs décennies, menée avec l’aide d’un casting secondaire haut en couleur. Là où la première saison parvenait à jongler habilement entre les deux, cette fois les intrigues scolaires peinent à rivaliser avec l’arc narratif de Willow Hill, rendant certaines digressions un peu anecdotiques. Cependant, même ces détours sont émaillés de clins d’œil affectueux à l’univers des Addams – comme ce décor rappelant le Camp Chippewa de Les Valeurs de la famille Addams. La série excelle dans l’art de glisser ces références et hommages sans sombrer dans le fan service, tout en approfondissant les racines de la famille Addams dans la mythologie.
Mères, filles et visions contraires
Si l’intrigue du harceleur constitue l’ossature principale, l’autre fil rouge de cette première partie réside dans la relation épineuse entre Wednesday et Morticia. Cette saison, Morticia et Gomez occupent une place plus importante ; l’implication de Morticia dans les collectes de fonds de Nevermore la met en contact rapproché – et souvent conflictuel – avec sa fille. L’exploration des nouveaux pouvoirs de Wednesday permet également de lever le voile sur le passé de Morticia, avec l’introduction de Joanna Lumley dans le rôle de sa mère éloignée, et l’évocation de la disparition mystérieuse de sa sœur.
La série exploite pleinement le duo Zeta-Jones/Ortega, avec plusieurs scènes marquantes – dont une séquence d’action inattendue faisant écho à la carrière cinématographique de Zeta-Jones. Pendant ce temps, Wednesday s’obstine à publier son roman (refusant d’en modifier la moindre virgule) tout en tentant de comprendre ses nouvelles capacités – un point de friction constant avec l’instinct protecteur exacerbé de sa mère.
Un festin servi à moitié
Alors que la première saison se concentrait sur l’univers de Nevermore, cette deuxième met davantage l’accent sur la famille Addams. Cela permet à Pugsley de se développer – nouant des amitiés dans plusieurs cercles – et assure une présence accrue de Gomez et Morticia. La contrepartie, c’est que les personnages secondaires de l’école passent au second plan : Billie Piper, par exemple, n’apparaît que très peu, et les bribes de scénario qui lui sont confiées peinent à rivaliser avec les arcs majeurs.
La structure en deux parties ne rend pas service à l’ensemble, interrompant l’élan narratif au moment où l’histoire prenait enfin de l’ampleur. Ces quatre épisodes ressemblent plus à une mise en bouche qu’à un plat principal, même si la saison 3 déjà confirmée laisse présager un enchaînement plus trépidant. Réalisé par Tim Burton, le premier épisode s’offre même une séquence en stop-motion qui pourrait tout droit sortir de ses propres films d’animation au style si reconnaissable. Il fait encore chaud dehors, mais les nouveaux épisodes de Wednesday respirent déjà l’atmosphère d’Halloween – dommage qu’il n’y en ait que quatre à dévorer.
-Gergely Herpai « BadSector »-
Wednesday Saison 2 Épisodes 1-4
Direction - 7.2
Acteurs - 8.3
Histoire/Humour - 7.6
Visuels/Musique/Sons - 7.8
Ambience - 7.6
7.7
BON
La première moitié de la saison 2 de Wednesday prend son temps, mais regorge de nouveaux personnages, de mystères et de moments typiques de la famille Addams. Si les intrigues scolaires n’égalent pas la tension de l’arc de Willow Hill, la série conserve son style, son charme et son mordant. Après ces quatre épisodes, l’envie de découvrir la suite est irrésistible.