CRITIQUE DE CINÉMA – Si vous laissez vos attentes au vestiaire, ce nouveau « Y a-t-il un flic… » vous fera sourire à quelques reprises. Seth MacFarlane, créateur de « Family Guy » et « American Dad » (et producteur de « Ted »), s’est attaqué au monument de la parodie policière de 1988 avec l’idée d’y glisser Liam Neeson dans les bottes de Leslie Nielsen. Parfois, la sauce prend ; parfois, c’est la panne sèche.
Jerry et David Zucker, avec Jim Abrahams (la fameuse team ZAZ), avaient placé la barre très haut dès « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » en 1980, transformant l’austère Nielsen en icône de la comédie absurde. Leur secret : garder Nielsen imperturbable au cœur du chaos, avec des gags qui s’enchaînent si vite qu’on en a le tournis. Aujourd’hui, qui pourrait égaler ce sens du burlesque ? Neeson en successeur de Nielsen ? Sur le papier, pourquoi pas. À l’écran… ça se discute.
Fils à papa, clin d’œil et malaise générationnel
Le nouveau héros (Neeson) incarne le fils du célèbre lieutenant Frank Drebin ; il se recueille devant le portrait paternel au commissariat, clin d’œil gentiment parodique. Son partenaire Ed Hocken Jr. (Paul Walter Hauser) s’incline devant la photo de son propre père, George Kennedy. Et puis il y a la photo, délicate, d’O.J. Simpson – le fameux Nordberg : Moses Jones (Not Nordberg Jr.) évacue l’affaire d’un haussement de sourcil et d’un hochement de tête silencieux. La vanne est lâchée, on passe à la suite.
Le réalisateur Akiva Schaffer, avec les scénaristes Dan Gregor et Doug Mand, s’en donnent à cœur joie : Neeson en jupe courte, fesses à l’air, et accro au café, qui se voit tendre des tasses jusque par la fenêtre d’une voiture en marche. Une fusillade vire à la bataille de « patty-cake », et l’absurde tutoie le surréaliste. Parfois, ça fait vraiment mouche.
Anderson diva, jeux de dinde et méchant zombie-maker
La blonde fatale de service, Pamela Anderson, succède à Priscilla Presley et multiplie les jeux de mots salaces avec Neeson, notamment lors d’une scène « poulet » à la double lecture hilarante. Elle brille franchement quand elle improvise en diva jazz déjantée. Danny Huston, lui, campe un méchant onctueux qui transforme les foules en zombies grâce à ses gadgets. Drebin junior sauvera-t-il la mise ? La question reste ouverte.
Les gags s’enchaînent sans répit, mais leur qualité varie : les éclats de rire sont aussi inégaux que le script. L’humour bas du slip (et les fesses de Neeson) domine, mais certains segments brillent, comme la scène des lunettes X-ray en vision nocturne – de quoi faire pleurer de rire. Le vrai souci : Schaffer ne sait pas s’arrêter, recycle les gags du mug de café jusqu’à épuisement.
Neeson n’est pas Nielsen – c’est là que le bât blesse
Nielsen incarnait Drebin avec une innocence et une maladresse touchantes ; Neeson est plus raide, parfois limite sinistre – il arrache des bras, tape avec, façon croque-mitaine, plus proche de Robert Stack dans « Y a-t-il un pilote… » que du clown au grand cœur. Malgré toute la bonne volonté, cette version n’arrive pas à retrouver l’esprit déjanté de l’original.
– Gergely Herpai « BadSector » –
Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?
Direction - 6.2
Acteurs - 6.4
Histoire/Humour - 6.6
Visuels/Musique/Sons - 6.3
Ambiance - 6.2
6.3
CORREKT
Ce « Y a-t-il un flic... » version 2024 arrache quelques rires mais recycle surtout des vieilles blagues qui peinent à faire mouche face au classique. Neeson a beau se démener, il n’arrive jamais à égaler Nielsen, et même les meilleurs passages se diluent dans l’abus de redites et le comique forcé. Un hommage honnête, mais la folie d’antan n’est plus là.