CRITIQUE DE SÉRIE – Cette fois, The Sandman sur Netflix adapte le magnum opus de Neil Gaiman, The Kindly Ones. L’œuvre originale regorge de rebondissements fascinants et d’arcs de personnages complexes, concluant la série de comics (qui a duré sept ans) dans un récit cohérent qui gagne à être relu. L’adaptation, en revanche, s’avère moins réussie et bien plus décousue, principalement à cause de son approche désordonnée du matériau d’origine.
Cette fois, The Sandman sur Netflix adapte le magnum opus de Neil Gaiman, The Kindly Ones. L’œuvre originale regorge de rebondissements fascinants et d’arcs de personnages complexes, concluant la série de comics (qui a duré sept ans) dans un récit cohérent qui gagne à être relu.
L’adaptation, en revanche, est bien moins cohérente et tombe souvent en morceaux, principalement à cause de l’approche précipitée de la série vis-à-vis du matériau d’origine.
Rêve et vendetta : tragédie familiale
Morpheus (Tom Sturridge) doit affronter les conséquences d’avoir mis fin à la vie de son fils Orpheus (Ruairi O’Connor). Chez les Infinis, verser le sang de la famille est une faute grave, et Desire (Mason Alexander Park) a tout fait pour pousser Morpheus à commettre cet acte.
Orpheus voulait de toute façon mourir : il avait déjà trop vécu et n’était plus qu’une tête, ce qui n’est pas idéal pour la vie sociale. Pourtant, alors que Morpheus a imposé des sorts beaucoup plus cruels à d’autres, c’est peut-être son acte le plus désintéressé et compatissant qui causera sa perte. Le récit ne s’attarde pas longtemps sur l’absurdité arbitraire de ces règles, préférant plonger directement dans la tragédie grecque. Les Érinyes, également connues sous le nom de Furies, étaient les divinités grecques de la vengeance et du châtiment. Les Grecs les appelaient souvent les « Bienveillantes », autant par politesse que par peur. Ce n’étaient pas des femmes à contrarier, et Dinita Gohil, Nina Wadia et Souad Faress incarnent à merveille ces Furies tout sauf gentilles.
La chute mise en scène
Il est logique, dans une histoire calquée sur la tragédie grecque, que Morpheus déclenche lui-même sa propre chute. Il va trouver Loki (Freddie Fox), qui se cache sur Terre sous un déguisement de mauvais goût mais approprié, espérant obtenir son aide contre la vengeance des Furies.
Loki doit sa liberté à Morpheus, mais le dieu de la malice n’est pas du genre à régler ses dettes. Il préférerait éliminer celui qui détient l’ardoise. Ainsi, Loki, avec son complice Puck (Jack Gleeson), cherche à piéger Morpheus pour un crime impensable. Il ne manipule pas ni ne pousse Morpheus à commettre l’acte lui-même, un vrai retournement à la Œdipe Roi. Mais les manigances de Loki produisent deux héros tragiques dans la même histoire. Lyta Hall (Razane Jammal) se laisse convaincre – bien trop facilement, en fait – que Morpheus lui a fait un tort inqualifiable, et son immense chagrin devient une arme de destruction. Sa crédulité agaçante rend difficile de compatir avec elle, et il n’est jamais amusant de regarder une antagoniste aussi bête.
Des héros qui font de l’Enfer un spectacle mémorable
Heureusement, Fox est savoureux en Loki malfaisant – une vision très différente du personnage, surtout si l’on connaît essentiellement la version plus sympathique de Tom Hiddleston dans le MCU. Fox ressemble même à un jeune David Bowie, qui a servi de modèle au Lucifer de Gaiman.
On imagine sans peine le personnage de Fox en souverain des Enfers fidèle aux comics, même s’il ne possède pas de boîte de nuit dans cette version Netflix. Dans la mythologie, Loki est souvent associé au feu, ce qu’il démontre dans certains moments choquants, lorsque la série bascule dans l’horreur. Parallèlement, Gleeson est particulièrement convaincant en Puck moralement partagé. La série donne à son personnage une profondeur supérieure à celle de la BD d’origine, et il s’en acquitte brillamment. Toutefois, les vraies vedettes de la saison sont Jenna Coleman en Johanna Constantine (version de la série du détective occulte DC John Constantine) et Boyd Holbrook en Corinthian, ennemi réformé de la première saison. Coleman dynamise chaque apparition, et son alchimie avec Holbrook est électrique. Son personnage est littéralement un cauchemar, mais celui de Coleman a connu bien pire lors de ses rendez-vous.
-Gergely Herpai “BadSector”-
Sandman : Le Seigneur des Rêves Saison 2/2
Direction - 6.4
Acteurs - 7.3
Histoire - 5.4
Visuels/Musique/Sons - 7.6
Ambiance - 7.7
6.9
CORREKT
La conclusion de la saison 2 de Sandman est plus tragique que rêveuse ou cathartique, même si les personnages et la mise en scène restent impressionnants. La structure fragmentée et les intrigues trop complexes ne retrouvent pas la magie des comics. Malgré tout, l’univers de Gaiman et les personnages principaux offrent encore beaucoup aux fans fidèles.