Star Trek : Strange New Worlds Saison 3 – Ambiance club sur l’Enterprise, la profondeur s’est évaporée

CRITIQUE DE SÉRIE – Même le meilleur Star Trek peut finir par lasser si on en abuse. Après avoir englouti les cinq premiers épisodes de la saison 3 de Star Trek : Strange New Worlds, le fan averti commence à ressentir une légère saturation. Cette série avait pourtant ressuscité la magie galactique façon Roddenberry, y injectant la nostalgie bigarrée de l’ère Berman des années 90, et nous faisait croire à nouveau que tout était possible dans les étoiles. Autrefois, elle savait servir de miroir à notre société, nous offrir des escapades pop-art délirantes, tout en provoquant de vraies émotions, avec à la clé des bouffées de nostalgie à chaque scène.

 

Mais en chemin, la recette a perdu un ingrédient essentiel : l’âme. De la profondeur ? Peut-être dans une autre dimension. Un personnage affirme bien que la science-fiction sert à mieux regarder notre monde, mais dans cette saison 3, tout tourne autour de l’autosatisfaction. N’allez pas croire que ce soit désagréable : l’aventure reste fun, et a sa place dans la galaxie Trek. Mais tout fan pur et dur sait que le vrai Star Trek vise toujours plus haut qu’une simple « bataille laser sur le pont ». Strange New Worlds a déjà prouvé qu’elle savait refléter notre époque — souvenez-vous de cet épisode où les historiens du XXIIIe siècle qualifiaient l’Amérique des années 2020 de « seconde guerre civile ». On a eu des procès sur la liberté individuelle dignes des meilleurs dramas, et ce brillant Tomorrow and Tomorrow and Tomorrow qui transformait enfin Kirk en héros romantique de chair et de sang. À côté, cette nouvelle fournée préfère polir la surface.

 

 

Batailles spatiales, Gorn, déluge de LED – mais un équipage plus vivant que jamais

 

La saison 3 reprend exactement là où le cliffhanger de l’an dernier nous avait laissés : les Gorn attaquent l’Enterprise, avalent quelques membres d’équipage, les autres tentent de survivre dans l’ombre de monstres numériques. L’intrigue enchaîne les rebondissements avec adresse – c’est habile, mais la philosophie profonde, on repassera. Le dénouement reste du pur Trek, mais le tout baigne dans une surdose d’effets LED, au point de ressembler parfois à un concours de VFX télévisé. La menace des Gorn n’est pas que physique : c’est aussi une affaire de traumatismes psychologiques, chacun traînant ses bagages émotionnels – à vous de voir si ça vous touche.

Côté casting, rien à redire : la troupe brille de mille feux. Anson Mount incarne un Captain Pike qui dégage une véritable noblesse Starfleet, rien qu’à ses gestes. Il y a une tradition dans Trek : un capitaine ne se limite jamais à son fauteuil de commandement. Picard est fan de jazz et de romans noirs, Sisko est à la fois père et archéologue, Archer raffole de films d’horreur, Janeway est une solitaire mélancolique – et le Pike de Mount est le premier de l’ère streaming à rejoindre ce panthéon. Il apporte bien plus que ce qu’exige un script ; parfois un regard, un sourire en coin, et nous voilà transportés sur la passerelle avec lui. Sa romance avec le Captain Batel (Melanie Scrofano) sonne d’ailleurs étonnamment juste – enfin une histoire adulte et crédible, loin des clichés.

Babs Olusanmokun ajoute sans cesse de nouvelles nuances à Dr. M’Benga, dont l’épisode sanglant avec un criminel de guerre klingon refait surface dès le début de la saison. Jess Bush (Chapel) reste un modèle du genre : pétillante, sincère, la parfaite héroïne Trek moderne. Christina Chong (La’an) livre une prestation sarcastique et tout en tension, l’art de la comédie froide portée à son sommet – rarement l’anxiété sociale aura été aussi réjouissante à regarder dans l’espace.

Ethan Peck fait de Spock un vrai personnage de roman anglais : impassible, ultra-maîtrisé, mais sous la surface, on sent une intensité presque fébrile. Il faudrait vraiment oser un « Orgueil et Préjugés dans l’espace » ! (Même Nimoy aurait salué sa réplique « Je n’ai pas besoin de Bacchanale. ») Désormais, tout tourne autour des intrigues sentimentales – et étonnamment, ce Spock romantique fonctionne à merveille.

 

 

Copains de l’espace, zombies de trop et holodeck façon Frakes : quand Trek s’amuse

 

Passer du temps avec cet équipage, c’est vraiment comme retrouver de vieux amis du club SF. Ce qui manque, ce sont les arcs narratifs marquants – et quand un épisode ose sortir les zombies, on sent que les scénaristes sont à la limite du second degré. Star Trek et des zombies ? Personne n’a jamais demandé ça. Même un épisode « escape game archéologique » ne fait que souligner le manque d’idées neuves.

Mais le vrai feu d’artifice de la saison, c’est un épisode qui assume à fond le délire pur plaisir : un « lark » Trek parfaitement exécuté. Jonathan Frakes (l’inoubliable Riker) réalise avec panache : l’équipage teste le holodeck dans un whodunnit à la Agatha Christie, La’an en détective vedette, et chaque plan déborde du glamour hollywoodien des années 60. Imaginez un décor de la Série originale repeint façon Tarantino, saupoudré de références à Once Upon a Time in Hollywood et truffé de clins d’œil pour les fans. C’est là qu’on mesure combien Rebecca Romijn (Number One) et Celia Rose Gooding (Uhura) manquent à l’écran – espérons qu’elles auront droit à leur moment d’ici la fin de saison. Quant au rôle parodique de Mount sur le holodeck, il est déjà culte sur les réseaux.

 

 

Quel cap pour Star Trek aujourd’hui ?

 

Même au sommet de leur créativité, chaque épisode laisse cette question en suspens : « Où va vraiment la série ? » Quand tout devient trop léger, c’est comme si quelqu’un avait discrètement débranché le câble Starfleet sous le fauteuil du capitaine. Peut-être que Paramount joue la carte de la prudence avant la fusion avec Skydance, évitant toute controverse – ou alors, la série commence à s’essouffler. Quoi qu’il en soit, avec une ultime saison de six épisodes à l’horizon, il sera peut-être temps de laisser l’équipage jeter l’ancre une bonne fois pour toutes.

Après cinq épisodes, il n’en reste probablement plus que 21. Si Goldsman et Myers ont une vraie fin en tête, ils pourraient bien offrir au Trek télévisé un baroud d’honneur inoubliable.

–Gergely Herpai “BadSector” –

Star Trek : Strange New Worlds Saison 3

Direction - 7.2
Acteurs - 8.2
Histoire - 6.4
Visuels/Musique/Sons/Action - 8.3
Ambiance - 7.3

7.5

BON

Cette première moitié de saison 3 assure côté fun et galerie de personnages, mais faute de substance, elle n’a pas l’impact mémorable des années précédentes. Les acteurs sont toujours au top, et l’épisode holodeck de Frakes est un vrai bijou. On espère que la suite osera remettre du « strange » et du « new » dans Star Trek.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)