CRITIQUE DE SÉRIE – Squid Game : Le Jeu du Calmar s’est imposé comme le phénomène incontournable de ces dernières années. Mais une question demeure : comment cette série coréenne est-elle devenue la production la plus regardée de l’histoire de Netflix, surpassant Stranger Things, La Casa de Papel ou même Mercredi ? Ce n’est pas (seulement) une affaire de nationalité – la vraie question, c’est pourquoi précisément celle-ci ?
Pour être tout à fait honnête, à la fin de la première saison, j’ai compris pourquoi tant de spectateurs avaient été séduits – mais je n’ai jamais perçu la source de cet engouement mondial. Des individus acculés, sans rien à perdre, prêts à risquer leur vie dans des jeux d’enfants morbides pour un pactole : voilà une base narrative qui fonctionne toujours. Même si la recette n’est pas nouvelle, le sujet suffit à maintenir l’intérêt. Et ici, Squid Game coche toutes les cases du genre.
La série propose une critique sociale cinglante, une galerie de personnages éclectiques et hauts en couleur (chacun y trouvera un favori ou un ennemi), des épreuves sanglantes, des rebondissements inattendus, et un final coup de poing. Le jeu des acteurs comme l’ambiance sont constamment maîtrisés. La « touche coréenne » ne retire rien à l’expérience, elle y ajoute même quelque chose. Pourtant, à la fin de la première saison, mon sentiment était mitigé : ce n’était pas mauvais… en réalité j’ai même pris du plaisir… mais pourquoi tout ce battage ? Peut-être parce que j’ai découvert plus tôt des œuvres comme Cube, Saw ou La Plateforme – en comparaison, Squid Game n’a rien inventé pour moi.
La surprise d’une seconde saison
La deuxième saison, en revanche, a piqué ma curiosité. On savait que cette suite n’aurait jamais existé sans le succès foudroyant de la première – c’était loin d’être prévu. Un tel contexte n’est jamais bon signe, mais puisque la première salve ne m’avait rien appris de neuf, j’étais surtout intrigué par la manière dont le récit pourrait continuer.
À ma grande surprise, cette saison a dépassé toutes mes attentes. De bout en bout, l’intrigue regorge de tension, de surprises et de séquences haletantes. Le récit avance de façon cohérente, chaque épisode apportant son lot de retournements et de scènes réellement marquantes. La qualité ne fléchit pas. Outre le héros principal de retour, les nouveaux venus et certains visages familiers contribuent à élever l’ensemble. Les jeux sont encore plus malsains et sanglants, les nouvelles règles rendent tout imprévisible, et le chaos s’intensifie. Pour ma part, j’ai encore plus apprécié cette saison que la première.
La troisième saison, ou l’essoufflement
Mais parlons maintenant de cette « troisième saison » : il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’un cycle indépendant, la suite reprenant là où la deuxième s’achevait, sans rupture. De plus, les saisons deux et trois comptent ensemble seulement treize épisodes. L’époque où une saison de série s’étalait sur vingt-quatre épisodes est bien révolue…
D’un point de vue marketing, scinder le final pour raviver l’attente fut sans doute malin. Mais le problème, c’est que cette dernière salve n’est plus aussi palpitante. La plupart des personnages ont déjà disparu, et seuls quelques survivants participent aux épreuves restantes. Ces jeux, à ce stade, m’ont moins convaincu, et dès le quatrième épisode, je voulais juste arriver au bout. Après la folie et la tension du volet précédent, ce final paraît presque terne – non par manque de qualité, mais parce que l’élan n’est plus là. Il y a bien des moments forts ou émouvants, mais une fois l’ensemble avalé, rien ne m’est vraiment resté.
Que reste-t-il ? Et la suite ?
Au terme de la série, je me suis demandé comment les autres l’avaient ressentie. En lisant les avis, on constate un certain consensus : ce troisième acte a déçu, et beaucoup pensent que l’histoire aurait dû s’arrêter après la première saison. Pour ma part – sans vouloir offenser personne – le succès colossal du premier volet m’échappe encore, la seconde saison a su me surprendre agréablement, tandis que la dernière n’a fait qu’étirer un récit dont la magie ne fonctionne vraiment qu’une seule fois.
Et après ? Impossible de nier que Squid Game est devenu une marque mondiale. Même si l’intrigue est bouclée, l’univers – et ses jeux malsains – est loin d’avoir disparu. On évoque un spin-off sur le Front Man, mais ce personnage n’a plus grand-chose à révéler. Le spin-off américain, très suggéré par la fin, paraît plus prometteur – je le regarderai sûrement, mais sans trépigner d’impatience.
-Sonny Cavalera-
Squid Game: Le Jeu du Calmar
Direction - 7.8
Acteurs - 8.2
Histoire - 7.1
Visuels/Musique/Sons - 6.8
Ambiance - 7.2
7.4
BON
Le premier acte de Squid Game : Le Jeu du Calmar a généré un engouement mondial, mais les suites ont davantage divisé les spectateurs. La deuxième saison a agréablement surpris, là où la troisième peine à retrouver la magie. La série s’achève, mais le phénomène Squid Game, lui, n’est pas près de disparaître.