Ce n’est pas seulement Ubisoft qui s’attire les foudres des joueurs avec une clause EULA imposant la suppression des jeux lors de l’arrêt des serveurs : Capcom, SEGA, Bethesda et bien d’autres grands noms utilisent le même type de conditions.
L’initiative Stop Killing Games a mis en lumière un problème qui ronge l’industrie du jeu vidéo depuis des années : les éditeurs peuvent fermer les serveurs de leurs titres et les rendre totalement injouables, sans conséquences, privant ainsi les joueurs d’un achat pourtant payé. Cela est possible car les utilisateurs acceptent des CLUF (contrats de licence utilisateur final/EULA) qui donnent le droit à l’éditeur de résilier l’accès à tout moment—le joueur ne possède rien, il n’a qu’une licence temporaire. Cette prise de conscience pousse de plus en plus de joueurs à lire attentivement les conditions juridiques de leurs jeux, et la EULA de Ubisoft cristallise aujourd’hui la colère autour d’une clause controversée… devenue norme du secteur.
L’obligation présente dans la EULA Ubisoft
À mesure que le mouvement Stop Killing Games gagne du terrain, les joueurs veulent savoir à quoi ils consentent en acceptant ces EULA. Certains se sont penchés sur celle de Ubisoft, et TwoBestFriendsPlay (Reddit) y a déniché une clause ancienne imposant au client de supprimer et de détruire tout jeu si l’éditeur français met fin à ses services.
« Cette EULA s’applique dès l’achat, le téléchargement ou l’utilisation du Produit, jusqu’à sa résiliation selon ses conditions. Vous et UBISOFT (ou ses concédants) pouvez mettre fin à cette EULA à tout moment, pour toute raison. La résiliation par UBISOFT prend effet (a) par notification, (b) lors de la fermeture de votre compte UBISOFT (le cas échéant), ou (c) si UBISOFT décide d’arrêter la commercialisation ou le support du Produit. Cette EULA prend fin automatiquement en cas de non-respect des conditions. En cas de résiliation, pour quelque raison que ce soit, vous devez immédiatement désinstaller le Produit et détruire toutes les copies en votre possession. »
Bien sûr, Ubisoft ne viendra pas vérifier chez vous que vous avez bien effacé vos jeux, mais la communauté s’insurge contre ce système où ce qu’on achète peut nous être retiré du jour au lendemain. Si la mobilisation autour de Stop Killing Games est encourageante, il faut rappeler que cette clause n’est pas propre à Ubisoft—d’autres grands acteurs l’ont intégrée.
Ce n’est pas qu’Ubisoft : une norme de l’industrie
Sur Reddit, le post de TwoBestFriendsPlay a vite été envahi de sarcasmes et de critiques, mais beaucoup ont souligné que cette disposition est plus répandue qu’on ne le croit. Amon274 a vérifié plusieurs EULA et a constaté que Behaviour Interactive, Capcom, SEGA et Bethesda appliquent aussi cette condition. « C’est malheureusement très courant, et logique quand on parle de produits sous licence – celle-ci prévoit toujours une utilisation limitée, et les modalités de fin de contrat. Le problème, c’est d’avoir accepté que l’achat d’un jeu devienne un simple contrat de licence, » souligne ThatOneAnnoyingUser.
Ce n’est pas la première fois que la communauté dénonce des clauses EULA problématiques : récemment, Gearbox Software, 2K Games et Take-Two ont connu un tollé pour avoir inclus dans leurs EULA la collecte de données des joueurs. Beaucoup ont crié au spyware, provoquant des polémiques et du review bombing—même si un moddeur a ensuite démonté l’accusation, l’impact est resté dans les avis Steam.
Au fond, peu importe que la clause litigieuse d’Ubisoft soit là depuis des mois ou des années : la communauté est désormais plus vigilante, et ces dérives ont nourri le succès de Stop Killing Games, déjà soutenu par un million de signatures. Le sujet arrivera peut-être bientôt au Parlement européen, ouvrant la porte à de vraies avancées pour les droits des consommateurs et pour une industrie qui doit enfin privilégier l’expérience des joueurs, et non seulement la rentabilité.
Source : 3djuegos