La firme de Redmond se vante de la rentabilité du Xbox Game Pass, mais passe sous silence un fait beaucoup plus important : ses calculs n’incluent pas les pertes liées aux jeux first-party. Si le service d’abonnement dégage un bénéfice sur le papier, c’est parce que Microsoft ne comptabilise que les coûts directs d’exploitation et occulte l’impact du lancement de ses propres jeux dès le jour 1.
Le mois de juillet est tout sauf paisible pour Microsoft. La société a commencé par licencier 9 000 employés, avant d’annoncer l’annulation de Perfect Dark et la fermeture du studio The Initiative. Pour rassurer les esprits, Microsoft a rapidement précisé que le Game Pass n’était pas responsable de la crise actuelle et a insisté sur la rentabilité de son abonnement. Mais comme souvent, il faut regarder ce qui se cache derrière les chiffres.
Christopher Dring, cofondateur de The Game Business, a partagé des informations reçues directement de Microsoft. Selon Dring, la firme affiche fièrement la rentabilité du Game Pass… mais uniquement en prenant en compte les frais marchands, le marketing et les coûts d’exploitation liés aux partenaires tiers. Le piège, c’est que Microsoft ne considère que ces dépenses et exclut totalement les coûts liés au développement de ses propres jeux. Ce calcul embellit la réalité mais masque l’ampleur du manque à gagner généré par l’intégration des exclusivités au catalogue dès leur sortie.
Pour reprendre les propos de Dring : « Ce qu’ils ne prennent pas en compte, c’est la perte de revenus subie par les studios internes à cause du service. Si Microsoft les indemnisait comme les studios externes, la rentabilité du modèle serait sérieusement remise en question. » Il a aussi confirmé que Microsoft lui a avoué ne pas inclure les coûts de ses productions first-party dans les résultats du Game Pass.
La rentabilité du Game Pass et son impact au cœur du débat
Cette omission soulève de vraies questions sur la viabilité du modèle. De nombreuses voix dans l’industrie restent sceptiques. Raphael Colantonio, fondateur d’Arkane Studios, a ouvertement critiqué l’idée que le Game Pass n’affecterait pas les ventes. En réponse au directeur éditorial de Baldur’s Gate 3, Colantonio déclare : « J’en ai marre qu’on me dise que ça ne change rien aux ventes… puis d’entendre l’inverse quelques années plus tard. Bien sûr que ça compte ! »
Phil Spencer, PDG de Microsoft Gaming, s’est aussi exprimé à plusieurs reprises sur la stratégie du Game Pass. En avril, il reconnaissait que l’abonnement ne convenait pas à tout le monde, surtout à ceux qui n’achètent qu’un ou deux jeux par an. Il défend néanmoins le modèle comme une alternative saine pour les joueurs qui aiment tester des nouveautés régulièrement. En février, il affirmait que Microsoft ne souhaitait pas remplacer la possession des jeux par un système d’abonnement. Mais le débat demeure : tant que la firme fera du Game Pass un pilier stratégique tout en restant floue sur ses coûts internes, le doute subsistera quant à la vraie viabilité de ce modèle économique.
Source : 3djuegos, Underl3veled