Ironheart – Le « Iron Man » du pauvre

CRITIQUE DE SÉRIE – La dernière production de Marvel Studios, Ironheart, navigue entre nostalgie et clichés. La série s’efforce d’apporter un vent de fraîcheur à l’univers Marvel, mais la formule usée et la fatigue palpable de la franchise pèsent lourdement sur l’ensemble. Malgré une héroïne attachante, Ironheart peine à sortir des sentiers battus, et la lassitude super-héroïque devient ici impossible à ignorer.

 

Ironheart fait partie des derniers vestiges de la phase cinq du Marvel Cinematic Universe, et illustre parfaitement une ère révolue chez Marvel Studios. Même la maison reconnaît aujourd’hui que l’enchaînement des intrigues et la construction d’un univers connecté séduisent de moins en moins le public, d’où une volonté récente de privilégier des projets indépendants et originaux. Ironheart a survécu là où beaucoup d’autres ont disparu, même si le tournage remonte à 2022 et que la diffusion a été repoussée à maintes reprises.

 

 

Une inventrice sous l’armure

 

Le personnage de Riri Williams est apparu pour la première fois dans Black Panther: Wakanda Forever, où elle a immédiatement apporté une touche inédite à la mythologie Marvel. Elle devait initialement jouer un rôle clé dans Armor Wars – d’abord imaginé comme un film, puis une série, avant de disparaître dans les limbes du studio. Sa collaboration prévue avec War Machine (Don Cheadle) autour de l’intelligence artificielle, de l’armement et de l’héritage Stark, s’est finalement en grande partie retrouvée intégrée à l’intrigue d’Ironheart.

L’histoire reprend juste après les événements de Black Panther: Wakanda Forever. Riri est toujours la jeune prodige qui a intégré le MIT, mais son tempérament singulier et sa volonté de n’en faire qu’à sa tête lui valent une exclusion, suite à un énième accident aussi involontaire que spectaculaire. Elle ne renonce pas pour autant à vendre son génie au plus offrant, pratique déjà adoptée à Wakanda, afin d’améliorer son armure et donner vie à l’intelligence artificielle de ses rêves. Revenue vivre à Chicago chez sa famille, elle n’hésite pas à franchir les limites pour perfectionner sa création, ce qui l’amène à croiser la route d’un gang mené par Parker, alias The Hood. Les fans du MCU auront reconnu ce nom, notamment depuis la dernière saison de What If…? : The Hood, antagoniste doté d’une cape magique, dont les pouvoirs seront révélés plus tard.

 

 

Cicatrices d’hier, détours d’aujourd’hui

 

En six épisodes, la série tente d’aborder des thématiques plus profondes. On découvre enfin pourquoi Riri est aussi attachée à la voiture de son beau-père Gary, dont le sort, tout comme celui de sa meilleure amie Natalie, devient central. L’actrice Dominique Thorne bénéficie ici d’un vrai espace d’expression, bien loin des limites imposées dans le film. Ironheart ne révolutionne rien, mais la personnalité de Riri séduit, à l’image d’Iman Vellani dans Ms. Marvel : on embarque volontiers à ses côtés.

Les références à la technologie Stark foisonnent, un personnage mystérieux fait le lien direct avec le tout premier Iron Man (nous tairons son identité). L’ambiance rappelle celle d’un Tony Stark bricoleur : Riri assemble ses propres armures et gadgets à partir de presque rien. La magie, très attendue, s’intègre enfin de façon originale à l’univers. Hélas, Ironheart lance de bonnes pistes, mais peine à les approfondir. Les intrigues se multiplient sans être menées à terme, et la connexion avec le MCU sème plus d’interrogations qu’elle n’apporte de réponses.

 

 

À quoi bon ?

 

Difficile de ne pas s’interroger sur l’utilité même de cette série. Pourquoi l’avoir maintenue si c’était pour diffuser six épisodes en à peine deux semaines, loin du rythme habituel des productions Marvel ? Même la promotion restait floue : Disney a mis en avant le producteur Ryan Coogler, tandis que Robert Downey Jr. a fait une apparition dans Good Morning America pour adouber Riri Williams, la nouvelle Iron Man. La véritable justification, elle, se cache dans le dernier épisode.

Le final introduit de nouveaux personnages et arcs narratifs, laissant présager des suites potentielles, surtout du côté de la magie. Mais au final, Ironheart s’avère une série Marvel qu’on oublie vite : les scènes d’action sont convenues, les effets spéciaux parfois bâclés, et les différentes armures de Riri divisent toujours autant (comme dans Black Panther: Wakanda Forever), même si la version finale se distingue davantage.

 

 

Essentiel ou erreur de parcours Marvel ?

 

Les personnages secondaires peinent à marquer les esprits : Clown ou les Frères de Sang, venus des comics, font presque de la figuration, tandis que The Hood (Anthony Ramos) n’impose jamais la moindre menace réelle – sa cape semble tout droit sortie d’un salon cosplay et le jeu d’acteur manque cruellement de relief. Une bonne série de super-héros se mesure à son antagoniste, ici relégué au rang de formalité scénaristique. Ironheart donne ainsi l’impression d’un produit Marvel conçu sur tableur : la trajectoire de Riri est touchante, mais la série elle-même risque bien de se volatiliser dans la masse de sorties Marvel prévues en 2025 – même si l’intégralité des épisodes est disponible dès le 1er juillet. Bien sûr, une scène post-générique est au rendez-vous.

-Gergely Herpai « BadSector »-

 

Ironheart – Le « Iron Man » du pauvre

Direction - 4.8
Acteurs - 5.2
Histoire - 5.4
Visuels/Musique/Sons/Action - 5.6
Ambiance - 5.1

5.2

MEDIOCRE

Ironheart est une série Marvel nostalgique mais très moyenne, sauvée de l’oubli uniquement par le talent de son héroïne. L’action et les effets spéciaux peinent à convaincre, et le casting secondaire comme le méchant principal sont vite oubliés. Seuls les plus fervents fans de Marvel auront le courage d’aller au bout de cette tentative correcte mais résolument formatée.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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