Dès 1994, Warren Spector, l’un des cerveaux derrière Deus Ex, tente de vendre son concept à son studio de l’époque, Origin Systems, qui deviendra plus tard célèbre pour la série Thief. Mais à l’époque, son idée est accueillie avec incompréhension et rejet.

Aujourd’hui, Deus Ex est devenu synonyme du genre “immersive sim” — ces jeux où l’on peut aborder un objectif de multiples façons, bien loin des couloirs linéaires des FPS classiques ou des chemins balisés des vieux CRPG. Mais le projet ne naît pas dans un tel climat d’enthousiasme. Avant que John Romero ne recrute Spector chez Ion Storm en 1997, ce dernier avait déjà tenté de lancer une version du jeu intitulée “Troubleshooter” vers 1994.

Le concept n’a pas convaincu, notamment parce que le protagoniste s’appelait Jake Shooter, mais surtout parce que ses collègues chez Origin ne comprenaient pas ce qu’était un simulateur immersif. Un RPG avec des armes à feu et de l’infiltration ? Impossible ! Selon Spector, les réactions furent franchement négatives. Dans une interview accordée à PC Gamer, il confie sa frustration face aux univers fantasy saturés et aux FPS musclés mais creux.

« J’en avais plus qu’assez des marines de l’espace, des invasions extraterrestres et des mages avec des boules de feu et des chapeaux pointus. J’en avais fait suffisamment et je voulais passer à autre chose. Deus Ex était à la fois un shooter, un jeu d’infiltration et un RPG. Comment vendre ça ? Les gars de Thief m’ont dit que si tu donnes une arme aux joueurs, ils n’infiltreront plus. Ils m’ont aussi demandé : “Pourquoi tu ne fais pas simplement un jeu de tir ?” Croyez-moi, j’ai appris la puissance du mot ‘non’ en pitchant Deus Ex ! » – raconte Spector.

Il a fallu attendre 1997 pour que sa vision prenne forme. Deus Ex est aujourd’hui un classique du jeu PC, un titre culte qui a secoué l’industrie et inspiré des projets entiers basés sur la liberté totale laissée au joueur. Et son influence se fait encore sentir dans des titres parfois inattendus.

Source : PCGamer