CRITIQUE  DE SERIE  –  À première vue, This City is Ours pourrait sembler n’être qu’un drame criminel britannique classique, mais dès les toutes premières minutes, il devient évident qu’il s’agit de bien plus que cela. La série occupe actuellement l’une des premières places dans le top 10 hongrois de HBO Max, et ce n’est pas un hasard : menaces murmurées, sourires en coin inquiétants, drogue, violence, meurtre — tout cela est bien présent, mais l’ensemble est imprégné d’une tension singulière, marquée par la perte. Si la quasi-totalité des motifs familiers du genre gangster apparaissent, This City is Ours propose au final une expérience étonnamment originale, principalement à travers le personnage de Michael (James Nelson-Joyce), dont l’histoire apporte un regard inédit sur la pègre de Liverpool, révélant un univers où peurs, deuils et luttes intérieures donnent tout leur poids au drame.

Contrairement à ce qu’on pourrait attendre du pitch, la nouvelle série de la BBC avec Sean Bean est tout sauf un drame criminel ordinaire. Oui, il y a bien des conversations à voix basse et des sourires à la fois chaleureux et menaçants. La série regorge de drogue, de violence et de meurtres, et chaque personnage a quelque chose à perdre. Même si elle coche toutes les cases du genre, This City is Ours offre malgré tout quelque chose en plus. Cette dimension inattendue s’exprime surtout à travers la figure centrale de Michael (James Nelson-Joyce).

Héritage familial ou cercle vicieux ?

L’intrigue principale s’accélère vraiment lorsque le patriarche et chef de clan, Ronnie (Sean Bean), commence à envisager la retraite. Pour son fils Jamie (Jack McMullen), il est d’autant plus difficile d’accepter que son père choisisse Michael, son bras droit, comme successeur. Les choses deviennent réellement chaotiques lorsqu’une cargaison de cocaïne disparaît et que Ronnie soupçonne une trahison interne. C’est à Michael qu’il revient de démasquer le traître, ce qui le plonge très vite, lui et sa compagne Diana (Hannah Onslow), ainsi que leur avenir, dans une situation dangereuse.

C’est ici que This City is Ours dépasse le cadre classique du drame criminel : il ne s’agit pas seulement de la compagne du gangster en danger — ce qui va de pair avec la violence du genre —, mais la série creuse le thème de la virilité à travers l’échec du couple à concevoir naturellement.
« Non seulement ma quantité de spermatozoïdes est faible, mais ceux que j’envoie ne savent même pas nager. »

Virilité et vulnérabilité dans l’univers du crime

Cette intrigue — notamment la façon dont Michael remet aussitôt en question sa propre valeur dans son couple après avoir appris ses problèmes de fertilité — offre un portrait nuancé et rarement vu de ce que cela signifie d’être un homme dans ce monde.

Le paradoxe d’un homme impitoyable et calculateur évoluant dans l’ombre du crime, rêvant secrètement de paternité tout en dévoilant sa vulnérabilité, apporte une palette d’émotions inédite à cet univers noir, blanc et rouge sang. Bien sûr, d’autres thèmes liés à la virilité — pouvoir, fierté, ego — émergent aussi, mais ce ne sont ici que des notes en arrière-plan, puisque l’accent est clairement mis sur la fragilité humaine.

Rêves enfouis et jeux dangereux

Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Diana (Hannah Onslow) sort du lot parmi les épouses de gangsters : sa naïveté et son manque d’expérience offrent une intrigue secondaire originale, surtout quand la plus expérimentée Cheryl (Saoirse-Monica Jackson) commence à la mettre en garde. Si l’on gratte sous la surface, This City is Ours révèle combien d’insatisfaction et de tension se cachent derrière le clinquant et le faste dans la vie de ces femmes.

Bean incarne aussi à la perfection le chef suspicieux mais terrifiant. L’intensité monte à chaque épisode : Michael se demande de plus en plus souvent si la lutte sanglante pour le pouvoir en vaut la peine ou s’il ne vaudrait pas mieux choisir une vie avec Diana. De son côté, Jamie, blessé dans son orgueil, serait prêt à tout pour prendre la place de Michael, peu importe le prix. Tout cela se joue dans un univers saturé de paranoïa, de trahison et de violence, où la relation entre Diana et Michael donne à la série toute sa tension et ses enjeux, rendant l’ensemble véritablement addictif.

-Gergely Herpai « BadSector »-