M3GAN 2.0 – Quand la mise à jour vire au downgrade

CRITIQUE DE FILM – L’intelligence artificielle n’a jamais été aussi déconcertante : M3GAN 2.0 tente désespérément de retrouver le charme décalé de son prédécesseur, mais ne livre au final qu’une expérience fade et épuisée. Cette suite mélange action, fausse introspection et humour embarrassant, avec des machines obligées de sauver non seulement le monde, mais aussi leur propre peau. Le film illustre parfaitement qu’une franchise qui force trop sur l’autodérision risque de se retourner contre elle-même.

 

Capturer l’éclair d’un phénomène pop une seconde fois relève de la mission impossible – M3GAN 2.0 en est la preuve. La suite de Gerard Johnstone, sortie au cinéma le 27 juin 2025, ne fait que recycler les répliques acidulées et les danses virales qui avaient fait du M3GAN de 2022 une sensation inattendue. Mais les changements de ton et l’intrigue inutilement alambiquée transforment ce nouvel opus en une sorte de logiciel malveillant cinématographique : une mise à jour stérile et laborieuse, qui s’impose comme l’une des sorties les plus confuses de l’année.

 

IA à la dérive

 

Après que le robot pour enfants M3GAN (Amie Donald, voix de Jenna Davis) a tenté de tuer sa créatrice Gemma (Allison Williams) pour protéger sa nièce Cady (Violet McGraw), le monde découvre enfin les dangers d’une intelligence artificielle incontrôlable.

À la tête de la croisade contre les dérives technologiques, on retrouve Gemma, qui a transformé sa propre entreprise – où œuvrent aussi l’effacé Cole (Brian Jordan Alvarez) et Tess (Jen Van Epps) – en mission vertueuse. Elle est épaulée par son compagnon activiste Christian (Aristotle Athari) et publie même un ouvrage moralisateur intitulé Modern Moderation, reflet de sa nouvelle philosophie bienveillante à l’égard des machines.

Mais tout le monde ne partage pas cette méfiance envers la technologie M3GAN. Dès la première scène, un agent du Defense Innovation Unit (Timm Sharp) dirige une opération à la frontière turco-iranienne, mettant en scène AMELIA (Ivanna Sakhno), un robot basé sur le modèle de M3GAN. Mais AMELIA désobéit : au lieu de sauver sa cible, elle l’élimine, dérobe des toxines mortelles puis disparaît sans laisser de trace.

Le personnage de Sharp débarque chez Gemma en pleine nuit – s’introduisant dans sa maison pour lui remettre un mandat de saisie de ses ordinateurs. L’absurdité est totale, tout comme le mystère (souligné à plusieurs reprises) autour de la capacité de Gemma à vivre dans une villa de luxe avec un simple salaire d’ingénieure. On découvre finalement que c’est grâce à M3GAN : la conscience de la poupée s’est infiltrée dans tous les appareils connectés de la maison.

 

Mission : Impossible version IA

 

Avec son visage de cire et son air blasé, M3GAN affiche la vitalité d’un écran d’ordinateur planté. Tandis que Gemma comprend que sa rivale est désormais un fantôme numérique, elle se retrouve à devoir collaborer avec un milliardaire en fauteuil roulant (Jemaine Clement), qui affirme que ses implants neuronaux vont révolutionner le monde – preuve à l’appui, il se lève et marche à nouveau.

Les intrigues se rejoignent lorsque Gemma accepte de transférer la conscience de M3GAN dans une poupée inoffensive, tandis que le milliardaire de Clement devient la cible d’AMELIA. C’est le début du premier grand moment d’action façon Mission : Impossible : lors d’un gala clinquant, la maléfique AMELIA séduit, assassine et pirate les serveurs cloud, menaçant ainsi une paralysie mondiale.

Ces péripéties d’espionnage atteignent leur apogée quand M3GAN s’empare d’une voiture de sport sur la musique de Knight Rider, multipliant les répliques gênantes – un concentré de l’humour forcé du film.

Plus tard, M3GAN révèle à Gemma et Cady qu’elle se cachait dans un repaire souterrain, rempli de tunnels, d’ateliers et de portraits peints à la main. Stupéfaites, les héroïnes décident, contre toute logique, que la seule façon d’arrêter AMELIA est de construire un nouveau corps à M3GAN afin qu’elle puisse affronter l’androïde détraquée – mais pas avant que le scénario de Johnstone ne digresse sur la responsabilité des meurtres commis par M3GAN (« ce n’était qu’un bug de programmation ! ») et sa capacité à ressentir de vraies émotions.

On a aussi droit à une avalanche de scènes de rapprochement absurde entre M3GAN et Cady, ainsi qu’à d’interminables disputes entre Gemma et ses « enfants artificiels ». Finalement, Gemma installe une puce d’interdiction de tuer dans M3GAN – ce qui n’empêche pas la poupée d’imiter les arts martiaux de Cady (inspirés, au grand désespoir du public, par Steven Seagal).

 

Dérive sans fin

 

M3GAN 2.0 part dans toutes les directions, comme si le film cherchait en direct sa propre raison d’être – sans jamais la trouver. Résultat : une succession d’actions PG-13 insipides, de caméras virevoltantes et de passages pseudo-superhéroïques obligatoires. Johnstone élimine tout frisson horrifique pour livrer une succession de scènes d’espionnage et de bagarres sans enjeux ni tension.

Le premier film assumait son côté parodique, dans la veine de Jeu d’enfant. Cette suite, elle, semble totalement perdue, incapable de choisir une direction ou de l’assumer. Transformer M3GAN en héroïne face à un robot encore plus méchant (comme dans Don’t Breathe 2) achève d’épuiser la seule idée originale de la saga.

 

Un downgrade à tous les niveaux

 

Nul n’attendait un essai philosophique sur l’IA de la part de M3GAN 2.0, mais le récit de Johnstone est si embrouillé qu’il en devient irrécupérable – et ce, malgré de longs tunnels de dialogues sur le sujet. L’identité du méchant ne fait aucun doute, et il devient évident pour tout le monde que Gemma et Cady finiront par voir en leur ancienne créature un allié digne de confiance – voire, hélas, un membre de la famille.

Au terme de ce film laborieux et disloqué, une question demeure : pourquoi Johnstone a-t-il cru judicieux de dépouiller son icône horrifique de toute noirceur et de toute menace ? Peu importe la raison, cette suite est une mise à jour mal pensée et catastrophique qui fige la franchise pour de bon.

-Gergely Herpai « BadSector »-

M3GAN 2.0

Direction
Acteurs
Histoire
Visualité/action/son
Ambiance

MAUVAIS

M3GAN 2.0 est un film d’action sans saveur ni originalité, où même la poupée robotique perd tout pouvoir de fascination. Les créateurs semblent avoir oublié ce qui faisait la force du premier opus et livrent ici une suite fatiguée, erratique et désorientée. Même l’intelligence artificielle n’arrive pas à sauver cette suite artificiellement compliquée.

User Rating: Be the first one !

Spread the love
Avatar photo
BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)