Huawei Watch 5 – Matériel éblouissant, frustrations habituelles

TECH TEST – La toute nouvelle montre connectée haut de gamme de Huawei élève encore la barre avec son design raffiné et sa large palette de fonctions de santé natives, menées cette année par le tout nouveau capteur X-Tap. La Watch 5 est une véritable démonstration de force matérielle, avec un écran superbe et une autonomie pouvant atteindre 11 jours. Pourtant, cette brillance est une fois de plus ternie par un écosystème applicatif limité et quelques bizarreries dans le suivi avancé de la santé. Cette montre premium centrée sur la santé — désormais disponible à Budapest — exige pourtant davantage de compromis que ses grandes rivales.

 

Deux ans se sont écoulés depuis que Huawei a lancé sa dernière série phare, et après le duo plus sportif Watch GT 5 de l’an passé, la Huawei Watch 5 arrive sur un marché très concurrentiel, avec de grandes attentes. Ce modèle incarne le sommet de la gamme classique de la marque : le design n’évolue que par petites touches, mais cette nouvelle génération se distingue par l’arrivée d’une technologie santé inédite – un capteur X-Tap totalement nouveau, intégré sur la tranche.
À chaque nouvelle itération, l’excitation est au rendez-vous, mais la Watch 5 raconte une histoire connue : un matériel exemplaire, mais des faiblesses persistantes côté écosystème et analyse approfondie des données. Voici notre test complet, réalisé à Budapest, avec un focus particulier sur les offres dans les boutiques hongroises.

La Huawei Watch 5 (modèle 46 mm, capteur multi-sensing X-Tap, Health MOT, mesure de l’oxygène sanguin en temps réel, jusqu’à 11 jours d’autonomie, eSIM, boîtier titane qualité aéronautique ou acier inoxydable, compatible iOS et Android, disponible aussi en violet).
Ce modèle affiche un positionnement clairement premium, et bien que le tarif n’ait pas augmenté par rapport à la Watch 4, il reste solidement ancré dans la sphère des plus grandes marques mondiales.

 

 

Des rivales sérieuses, une approche à part

 

Les principaux concurrents de la Watch 5 sont l’Apple Watch Series 10 (la Series 11 étant attendue pour septembre), ainsi que, côté Android, la Samsung Galaxy Watch 8 et la future Google Pixel Watch 4. Si le positionnement tarifaire la place parmi les cadors, la Huawei Watch 5 opte pour une philosophie radicalement différente. Ses points forts comme ses limites lui réservent une niche singulière sur un marché extrêmement compétitif.

 

Design : la grande force de Huawei, avec quelques caprices

 

S’il y a bien un domaine où Huawei excelle, c’est dans la création de montres connectées premium. La Watch 5 ne fait pas exception : elle figure sans doute parmi les plus belles montres classiques jamais portées à mon poignet. Le verre saphir arrondi est une vraie évolution par rapport à la Watch 4, et l’acier inoxydable 316L (plus lourd que le titane) lui confère une vraie sensation de luxe et de robustesse. Inévitablement, c’est moins confortable qu’une montre purement sportive lors de séances intensives, mais c’est le prix du style.

La surprise, c’est que malgré ce poids, l’équilibre reste excellent : même après une longue sortie running dans Budapest, je n’ai pas eu envie de l’enlever immédiatement. La lunette affinée est aussi un progrès : sur ce modèle 46 mm, le rapport écran/boîtier atteint 80 % selon la marque, ce qui laisse pleinement s’exprimer la dalle LTPO : piquée, éclatante, et capable d’atteindre 3 000 nits. C’est du niveau de l’Apple Watch Ultra 2.

 

Reflets et compromis

 

En théorie, la Watch 5 est la compagne idéale pour l’extérieur, mais dans la pratique, la luminosité automatique est bien trop conservatrice. Même sous le soleil estival de Budapest, elle dépasse rarement 40-50 % : pour bien voir ses statistiques ou ses notifications en course, il faut passer la luminosité au maximum, au détriment de l’autonomie. Sur d’autres montres, ce ne serait pas gênant, mais l’extrême réflectivité de cet écran rend la chose vraiment problématique. Honnêtement, je n’ai jamais vu un écran de montre aussi miroir – ce qui fait de la luminosité automatique un vrai compromis.

En intérieur, ce défaut est moins visible, et même à l’extérieur, ce n’est qu’un accroc mineur sur un design par ailleurs quasi irréprochable. Parmi les montres orientées santé, c’est clairement le haut du panier, et la sensation au poignet surpasse tout ce que l’on trouve à ce prix. Le capteur X-Tap mérite qu’on s’y attarde, même si j’y reviendrai plus loin. Sur la version noire, il s’intègre discrètement comme un bouton latéral ; sur les modèles titane plus clairs, il peut être plus voyant, question de goût.

 

Huawei X-Tap : la santé réinventée

 

Huawei mise tout sur la technologie X-Tap multi-capteurs de la Watch 5, désormais élément central du système TruSense revisité. C’est un module supplémentaire sur la tranche, séparé des capteurs optiques principaux du dos, associant ECG, PPG et capteurs tactiles. L’objectif : obtenir des mesures plus rapides et plus précises grâce à la peau fine et aux vaisseaux denses du doigt, puis combiner ces données avec celles du capteur dorsal.

En pratique, X-Tap impressionne : mesure SpO2 en 10 secondes, et activation du “Health Glance” en trois secondes – un panorama de 60 secondes de neuf paramètres vitaux, incluant désormais la variabilité de fréquence cardiaque (HRV) et le suivi respiratoire si l’on tousse près du micro.

 

Le doigt sur le capteur – mais pour qui ?

 

Même si l’initiative de Huawei de collecter les données autrement est intéressante, cela ressemble surtout à une solution pour un problème qui n’existe pas vraiment. Soyons honnêtes : qui voudra vraiment poser son doigt sur le capteur latéral pour un suivi de routine ? Quelques secondes de gain ou un “Health Glance” un peu plus complet suffisent-ils à justifier l’achat ? Je reste dubitatif, même si la technologie fonctionne bien.

Cela va d’ailleurs à contre-courant de la tendance : Oura (intégration Dexcom) et Whoop (analyses sanguines) montrent que toutes les données de santé ne doivent pas (ni ne peuvent) être captées au poignet. Ces marques s’ouvrent, là où X-Tap donne l’impression que Huawei veut exploiter jusqu’au bout le format montre.

Améliorer la détection embarquée est louable, mais à l’usage, X-Tap ne m’a pas semblé révolutionner l’expérience ou apporter un indispensable. C’est un exploit d’ingénierie, mais pas la révolution que vend Huawei.

 

 

Fonctions santé : complet, mais sans étincelle ?

 

Compte tenu des limites logicielles de la Watch 5, sa vraie force reste le suivi santé. Comme attendu, les données de base – fréquence cardiaque nocturne, respiration – sont fiables lors des tests, globalement au niveau des références comme l’Oura Ring 4, l’Apple Watch Ultra 2 ou le Whoop MG.

Elle synchronise généralement mes horaires de sommeil/éveil à 5-10 minutes près des autres dispositifs, décompose clairement les cycles de sommeil, et son suivi de la respiration nocturne repère les perturbations.
Le souci, comme sur la GT 5 Pro, c’est que l’app Huawei Health fait plus office d’archive que de centre de coaching santé. La rubrique “Health Insights” livre des synthèses à la Apple, mais n’incite que rarement à creuser ni à changer d’habitude. Or, c’est bien l’objectif de ce type de montre, non ?

 

Un excellent journal de données, mais pas un coach

 

Le suivi du stress reste pour moi le test ultime pour juger si une marque va au-delà du marketing. Comme toujours chez Huawei, le rapport de stress reste cantonné à une zone basse-moyenne, quels que soient les aléas de ma journée.

Ce ne sont pas des données “fausses” – c’est cohérent, mais ça ne va jamais aussi loin que l’approche de Whoop ou les outils de résilience d’Oura.

La Watch 5 enregistre une foule de données, souvent avec une belle précision, mais elle les transforme rarement en retours vraiment motivants. C’est un excellent journal santé, mais pour le coaching, il manque quelque chose. Certains s’en contenteront, mais si vous voulez que votre montre prenne en main votre forme, vous resterez sur votre faim.

 

Suivi sportif : solide, mais des défauts connus

 

Côté entraînement, la précision du cardio reste cruciale. Comme ses devancières, la Watch 5 s’en sort bien dans l’ensemble, mais affiche des différences face à la Garmin HRM-Pro Plus ou l’Apple Watch Ultra 2.

Exemple : lors d’un footing régulier de 11 km à Budapest, dans le parc Emlékezések tere de Pesterzsébet, la Watch 5 affichait une FC moyenne de 156 bpm (165 max), quand Garmin et Apple étaient à 159 de moyenne, mais culminaient à 179 et 177 bpm.

En musculation, la Watch 5 était à 121 bpm, très proche du 123 de Garmin et Apple. Sur une sortie fractionnée de 7,3 km, moyenne à 162 bpm (163 Garmin, 161 Apple), mais le max montait à 187 bpm – au-dessus de Garmin (183) et Apple (181).

 

 

Cardio « suffisant », GPS et analyses remarquables

 

La Watch 5 délivre généralement des moyennes précises, même si quelques pics ou écarts surgissent selon l’effort. C’est largement assez fiable pour la plupart des sportifs, même si on n’atteint pas l’étalon “gold standard” que recherchent les puristes. Bref, un capteur suffisant au quotidien, qui ne vous laissera pas tomber.

Le GPS est clairement l’un de ses points forts : acquisition rapide, et sur mes runs en plein air comme en zones semi-urbaines à Budapest, la distance mesurée restait dans une fourchette de 50 à 100 mètres par rapport à Garmin ou Apple Watch. En ville dense, un test plus poussé s’imposerait, mais l’expérience Huawei inspire confiance pour l’usage quotidien et la compétition.

L’ensemble des outils fitness est aussi excellent. Les données de récupération sont cohérentes, calquées sur Garmin ; l’indice de performance running offre une visualisation utile ; charge d’entraînement, index, estimation VO2 max sont robustes et alignés avec les leaders du marché. Bref, un tracker sportif de haut vol.

 

HarmonyOS et fonctions connectées

 

L’interface HarmonyOS sur la Watch 5 est d’une fluidité exemplaire, avec des animations soignées et une navigation digne d’un vrai modèle premium. Huawei introduit deux nouveaux gestes – Double Slide et Double Tap – qui permettent, par exemple, de prendre ou refuser des appels (même sur certaines applis tierces) ou de contrôler la musique. Pour les usages basiques (raccrocher, éteindre une alarme), ça fonctionne, mais on n’atteint pas encore la fluidité ou l’intégration des montres Apple ou Samsung.

La Watch 5 prend en charge l’eSIM pour la 4G LTE, ce qui permet de rester connecté ou de téléphoner sans son mobile – très pratique pour les sportifs. Mais la véritable utilité de la connexion dépend vraiment des applications compatibles sur la montre.

 

Nouvelle génération, même problème

 

C’est là que Huawei coince encore : l’écosystème applicatif tiers reste minuscule. Malgré l’effort sur AppGallery et l’ouverture aux développeurs, et une excellente compatibilité iOS/Android, on est loin de la richesse d’applications offerte par l’Apple Watch ou Wear OS.

Les paiements sans contact restent inconstants, voire absents dans beaucoup de pays européens, Hongrie comprise. Les plateformes de streaming n’offrent pas de support musical hors-ligne, et il n’existe pas d’assistant vocal natif du niveau de Siri ou Google Assistant.

Donc, même si la Watch 5 est bien connectée, ses fonctions « smart » restent restreintes. Comme ses grandes sœurs, elle n’est pas l’extension ultime du smartphone qu’offrent les meilleurs modèles. Les fonctions santé suffiront à beaucoup, mais à ce tarif, d’autres options font mieux sur le plan connecté pur.

 

Autonomie

 

L’autonomie reste le grand atout de cette génération. Pour la version 46 mm, Huawei annonce 4,5 jours avec écran toujours allumé (AOD), et mon test à Budapest confirme ce chiffre. Avec AOD activé, luminosité souvent poussée au maximum à cause des reflets, séances régulières de GPS et notifications fréquentes, j’ai franchi régulièrement la barre des quatre jours – amplement suffisant pour éviter la recharge quotidienne, même en usage intensif (running GPS, muscu, etc.).

Le modèle 42 mm est donné pour 3 jours avec AOD, ce qui reste très correct. Si on désactive l’AOD (rare chez moi), Huawei promet jusqu’à 12 jours (46 mm) ou 7 jours (42 mm), grâce au mode batterie longue durée. Cette flexibilité est la bienvenue et permet de tenir en déplacement ou en cas d’oubli du chargeur.

-Gergely Herpai « BadSector »-

Points forts

+ Design premium et fabrication soignée
+ Écran LTPO lumineux et net
+ Autonomie impressionnante avec AOD activé

Points faibles

– Écosystème applicatif limité
– Suivi cardio pas au top du marché
– Le capteur X-Tap reste un gadget plus qu’un indispensable

 

Huawei Watch 5

Design - 9.2
Logiciel - 7.2
Matériel - 8.6
Ergonomie - 8.6
Rapport qualité/prix - 7.2

8.2

EXCELLENT

La Huawei Watch 5 impressionne par la qualité de son hardware et son autonomie, mais impose toujours des concessions côté logiciel. Le X-Tap est un exploit technique, sans être une révolution, et le magasin d’apps reste à la traîne face aux ténors du secteur. Excellente alliée santé/sport, mais les amateurs de smartwatch tout-en-un resteront un peu sur leur faim.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)