CRITIQUE DE SÉRIE – La deuxième saison de Fubar sur Netflix est une démonstration vivante de la façon dont même les plus grandes légendes de l’action peuvent être englouties dans les sables mouvants de la médiocrité. Le nom de Schwarzenegger garantissait autrefois la testostérone et la bravoure, mais il n’est plus désormais que l’ombre d’une star fatiguée, tentant de ranimer un genre éculé dans une série qui l’est encore plus. Il n’y a ni énergie, ni humour, ni véritable enjeu – seulement de l’auto-répétition, des personnages insipides et une succession de scènes d’action de plus en plus embarrassantes.
Le statut légendaire d’Arnold Schwarzenegger n’est plus aujourd’hui qu’un écho nostalgique, vidé de toute substance. Dans cette deuxième saison de Fubar, il incarne un agent de la CIA vieillissant, mais chaque scène trahit l’évidence : le panache, les réflexes et cette attitude iconique ont bel et bien disparu. Dès les premières minutes, on comprend que ce n’est plus le Schwarzenegger d’autrefois – le scénario, les répliques, le dynamisme n’opèrent plus, comme si toute la série n’existait que pour démontrer à quel point la recette d’antan est dépassée.
L’intrigue reprend dans une planque où notre héros se cache avec sa famille et son équipe, pendant qu’une nouvelle vague de menaces « apocalyptiques » défile sans fin. La série perd alors tout repère : chaque épisode apporte un « danger mortel », une nouvelle fusillade, un nouveau conflit familial, mais on n’y croit jamais une seconde. La saison s’étire comme un téléfilm sans fin, où chaque péril est manifestement inoffensif et où chaque rebondissement dramatique n’est qu’un faux-semblant.
Des scènes d’action qui ne sont plus qu’un triste souvenir
Les scènes d’action de cette deuxième saison n’ont plus rien de trépidant ; elles tournent au pastiche médiocre. Dans chaque séquence, Schwarzenegger semble lui-même ne plus croire à son rôle de sauveur du monde – il évoque davantage un grand-père perdu sur le décor d’une vieille cassette VHS. Les combats traînent, les fusillades sont ternes, les explosions ne sont que du bruit de fond. Ce qui jadis procurait une montée d’adrénaline prête aujourd’hui à sourire – tout est surjoué, chaque vanne tombe à plat, il ne manque plus que quelqu’un glisse sur une peau de banane pour compléter le tableau.
Pire encore, l’esprit « comédie d’action » se noie sous une avalanche de gags forcés et idiots. Même les comédies d’action de série B des années 90 avaient plus de style et de rythme – ici, il ne reste que des silences gênants, des plaisanteries vaines et un jeu d’acteur désespérément fade.
Héros en carton-pâte, armée de clichés
Évolution des personnages ? On repassera. Emma (Monica Barbaro) n’est que la fille rebelle et geignarde, sans la moindre motivation réelle. Tally (Fabiana Udenio) joue l’ex-femme de service, dont le seul but est de lancer une réplique éculée de temps à autre. Le reste de l’équipe – Barry, Roo, Aldon, Carter, Donnie, Reed – n’est là que pour meubler le temps d’antenne. Aucun ne laisse de trace, ils ne sont que des figurants dociles que le scénario déplace machinalement, comme des pions sur un plateau de jeu monotone.
La seule qui relève un peu le niveau, c’est Greta (Carrie-Anne Moss), l’ancienne espionne revenue du passé, qui parvient parfois à retrouver une étincelle du charme des vieux films d’espionnage. Mais ces éclairs disparaissent vite dans la grisaille ambiante. Même ses répliques ironiques sur « les espions aussi vieillissent » sentent le désintérêt, comme si les comédiens eux-mêmes s’ennuyaient ferme.
Des méchants – de la figuration sans menace
Dans Fubar, le méchant ressemble plus à une caricature qu’à une menace crédible. Dante Cress tente bien de jouer les terroristes impitoyables, mais il n’y croit pas lui-même – et encore moins le spectateur. Les fils « apocalyptiques » sont aussi creux que ses motivations : on oublie aussitôt qui est l’antagoniste du jour, aucun ne marque les esprits.
Parallèlement, Theodore “Theo” Cripps (Guy Burnet) alterne entre cynisme à la James Bond et maladresse d’un figurant de série oubliée, mais il ne parvient jamais à sortir la série de sa torpeur. Il ne réussit qu’à faire espérer au public qu’il se passe enfin quelque chose pour rompre l’ennui abyssal de ce feuilleton soporifique.
Pas d’enjeu, pas de drame, pas de raison de rester
Le plus grand drame de la saison, c’est qu’il n’y a tout simplement aucun enjeu. Les menaces de « fin du monde » sonnent creux, on ne croit pas une seconde qu’un personnage puisse mourir ou que quoi que ce soit ait vraiment de l’importance. Tout le monde s’en sort, les « grands dangers » éclatent comme des ballons de baudruche bon marché, et à la fin tout le monde sourit, ravi d’avoir survécu à ce « grand périple ». Les conflits père-fille, les piques de l’ex-femme, les « disputes majeures » de l’équipe : tout sonne faux, sans émotion authentique ni véritable empathie.
Même les intrigues familiales sonnent creux : chaque dialogue est stéréotypé, chaque conflit semble factice, et chaque moment soi-disant dramatique tombe à plat, provoquant davantage la gêne que l’émotion. On a l’impression que tous les personnages sortent d’un mauvais soap opéra, condamnés à s’ennuyer devant la caméra.
Conclusion – une nostalgie qui fait mal
La deuxième saison de Fubar illustre parfaitement qu’on ne peut pas ressusciter toutes les légendes. Schwarzenegger reste sympathique, mais il ne parvient plus à rendre son personnage crédible ; les blagues sont pathétiques, l’action poussive, l’intrigue décousue, les seconds rôles oubliables et les méchants en carton-pâte. Cette série ne rouvre aucun chapitre, elle baisse le rideau dans l’indifférence, imposant une prise de conscience douloureuse : même les héros vieillissent, et certaines icônes mériteraient de rester à leur place dans le passé.
Si vous cherchez une véritable comédie d’action, évitez ce produit Netflix : il ne sert qu’à rappeler pourquoi les classiques sont restés des classiques, et pourquoi il vaut mieux ne pas les ressusciter à tout prix. Qu’on parle de légende ou non, rien ne pourra sauver ce show – à moins qu’on ne l’oublie très vite.
-Gergely Herpai « BadSector »-
Fubar Saison 2.
Direction - 5.2
Acteurs - 5.4
Histoire - 4.4
Visualité/action/son - 6.5
Ambiance - 4.6
5.2
MÉDIOCRE
La saison 2 de Fubar n’est qu’une montagne russe nostalgique, répétitive et saturée de clichés, que même Schwarzenegger ne parvient plus à sauver. Personnages, action, humour – tout se noie dans la médiocrité ambiante. À réserver à ceux qui veulent en finir une bonne fois pour toutes avec le mythe des héros d’action.