The Last of Us Saison 2 – Non, ce pays n’est pas pour les non-gamers PlayStation

CRITIQUE DE SÉRIE – Grâce à HBO Max Hongrie, nous avons pu visionner le premier épisode il y a déjà plusieurs mois (un grand merci au passage !). J’attendais le lancement avec impatience, mais la déception fut si cuisante que j’ai mis un temps fou avant de poursuivre la saison. Ce n’est pas dans mes habitudes, mais ici, il s’agit d’une adaptation de jeu vidéo – et après 35 ans dans la presse gaming, cette franchise me tient particulièrement à cœur. Alors, cette saison complète, qu’en penser ? Après le fiasco du premier épisode, il y a eu des progrès, certes, mais l’amertume demeure. Explications…

 

Depuis la sortie de The Last of Us Part II en 2020, le débat sur la suite la plus polémique de Naughty Dog n’a jamais cessé. Certains considèrent la vengeance d’Ellie comme une tragédie bouleversante ; d’autres y voient une brutalité gratuite, réduisant leur héroïne à un simple anti-héros. Je ne partage pas les avis les plus extrêmes, mais il y a du courage dans cette liberté d’interprétation que le jeu offre à chacun. À l’inverse, l’adaptation HBO semble tétanisée à l’idée d’être mal comprise : chaque rebondissement, chaque motivation est martelée, parfois au point d’insulter l’intelligence d’un public adulte.

 

 

Tout expliquer, jusqu’à l’épuisement

 

Pour ceux qui n’ont jamais touché à la version PlayStation 4, cette deuxième saison de The Last of Us ressemble fort à la première : une production léchée, une « série prestige » émotionnellement glacée, où l’on mâche chaque thème jusqu’à la lassitude. Déjà, la première saison offrait son lot de scènes où Pedro Pascal (Joel), regard caméra, instruisait Bella Ramsey (Ellie) sur les joies de la paternité retrouvée. Mais cette année, le scénario pousse le didactisme à l’extrême : impossible de laisser au spectateur le loisir de réfléchir ou de ressentir par lui-même, tant l’explication précède systématiquement l’émotion.

La plus grande force de The Last of Us Part II – son subtil jeu de non-dits – a tout bonnement disparu. Chaque sentiment, chaque motivation est brandi au grand jour, rendant toute interprétation inutile. Le personnage d’Abby (incarnée par Kaitlyn Dever), patiemment construit dans le jeu, se raconte ici d’un bloc, lors d’un monologue qui tue tout mystère. Ainsi, la série sacrifie la tension entre joueur et personnage qui faisait la force du jeu, préférant guider le spectateur pas à pas, sans jamais lui laisser la moindre liberté d’analyse.

Et Abby n’est pas la seule à souffrir de cette surexplication : Ellie perd elle aussi toute part d’ombre. Dans le jeu, ses motivations et ses démons se dévoilent petit à petit, à travers indices et retours en arrière. Ici, tout est dit, tout est explicité. HBO condense une intrigue qui aurait mérité deux saisons en une seule, convaincue que le public ne supporterait pas la lenteur et l’ambiguïté d’une aventure de 25 heures. Résultat : un récit précipité, désordonné, où chaque moment fort ressemble à une notice YouTube. Ramsey et Pascal semblent moins convaincants, mais la faute revient-elle aux acteurs, ou au script surchargé qu’on leur impose ?

 

 

Compromis forcés et drame édulcoré

 

On comprend bien que les créateurs n’aient pas voulu livrer l’histoire épineuse de The Last of Us Part II telle quelle au grand public – même si le jeu est unanimement salué, le choix de centrer la narration sur la vengeance reste controversé. Les fans les plus extrémistes sont allés jusqu’à proférer des menaces contre Laura Bailey (la voix originale d’Abby) et sa famille, obligeant Kaitlyn Dever à être entourée de gardes du corps sur le tournage. Dans un climat aussi toxique, il était illusoire d’espérer la brutalité et la franchise qui rendaient le jeu unique. Sauf que c’est précisément ce manque d’empathie, ces incompréhensions et cette spirale de violence qui font toute la singularité de cet univers.

Mais la série, elle, fuit l’ambiguïté et la subtilité comme la peste, craignant à chaque instant d’être mal comprise. Là où le jeu faisait confiance au joueur pour reconstituer les dilemmes, la série énonce chaque émotion, chaque intention, jusqu’à la surenchère : tout le monde porte sa part de responsabilité dans ce cycle de violence alimenté par le deuil. Non seulement la saison force l’empathie envers Ellie et Abby, mais elle dicte aussi qui plaindre, qui blâmer. Tout est prémâché, et les dialogues sombrent dans la démonstration scolaire.

 

 

Résumé sans âme d’un chef-d’œuvre interactif

 

La force du jeu original résidait dans tout ce qui se passait en silence, dans les regards, dans l’implicite. Tout cela a disparu, remplacé par des compromis fades et sans enjeu. Plus d’action, certes, mais les scènes de hordes infectées à l’écran ne produisent que de l’esbroufe, rien à voir avec le choc ressenti manette en main. Isaac, le chef du Washington Liberation Front (toujours campé par l’excellent Jeffrey Wright), a beau être plus présent, ses scènes s’enlisent dans le bavardage. Isabela Merced (Dina) aurait pu renouveler la dynamique, mais la série ne lui laisse aucune chance de s’épanouir – là où le jeu offrait de longs moments d’intimité, propices à la construction des personnages.

Je m’abstiens volontairement de révéler des moments clés : certains épisodes pourront vraiment surprendre ceux qui ignorent tout de l’histoire. Mais le constat est implacable : cette saison est une copie prudente, édulcorée, d’un récit qui, dans le jeu, nous confrontait sans ménagement à nos propres contradictions. Cette audace, cette honnêteté inconfortable ont fait toute la force du matériau original. Ici, HBO n’en propose qu’un survol grand public, version illustrée d’un article Wikipédia : divertissant, sans doute, mais jamais inoubliable, ni vraiment stimulant.

Beaucoup qualifient The Last of Us de « jeu vidéo déguisé en film », mais cette deuxième saison prouve que l’œuvre va bien au-delà de cinématiques léchées ou de fusillades stylisées. Cette distance calculée que le jeu instaurait entre le joueur, Ellie, Abby et Joel ne fonctionne que lorsqu’on est acteur, pas spectateur. Sans choix à faire, sans implication, impossible de ressentir la moindre gêne ou remise en question. The Last of Us Part II a toujours été plus que la somme de ses parties – et seuls ceux qui l’ont terminé peuvent vraiment en juger. La série perd cette épaisseur, et il serait naïf de penser qu’elle la retrouvera un jour. Si vous voulez vraiment comprendre ce qui fait la force de cette histoire, prenez la manette.

-Gergely Herpai « BadSector »-

 

The Last of Us Saison 2

Direction - 6.6
Acteurs - 6.8
Histoire - 6.2
Visuels/Musique/Sons/Action - 7.4
Ambiance - 7.1

6.8

CORREKT

Cette deuxième saison de The Last of Us version HBO est certes plus divertissante qu’un simple résumé scolaire, mais elle perd toute la profondeur et la complexité psychologique qui faisaient la force du jeu vidéo. Tout est surexpliqué, le spectateur reste à distance, jamais impliqué. Pour l’expérience authentique, il n’y a qu’une seule option : jouer au jeu, tout simplement.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)