ACTUALITÉS TECH – Bien qu’ils pourraient soutenir le champion national Huawei, les grands groupes technologiques chinois continuent de privilégier Nvidia – et cela pour plusieurs raisons. Huawei espérait renverser la domination de Nvidia en Chine grâce à ses GPU Ascend 910C, mais se heurte toujours à des obstacles majeurs : l’écosystème fermé de Nvidia via CUDA et les propres limites techniques de Huawei.
D’après The Information, les géants chinois comme ByteDance (maison-mère de TikTok), Alibaba et Tencent n’ont pas encore commandé massivement de puces IA Huawei. Divers facteurs expliquent cette inertie autour des GPU Ascend 910C, aujourd’hui principalement écoulés auprès des entreprises d’État et administrations locales, faute d’élan sur le marché high-tech. Sortir des griffes de l’écosystème CUDA d’Nvidia nécessiterait un investissement colossal en temps et en ressources – d’autant que la plupart des groupes attendent que Huawei s’adapte à eux, et non l’inverse.
Ce frein s’accentue du fait que l’alternative de Huawei, Compute Architecture for Neural Networks (CANN), reste bien moins complète que le logiciel sur-mesure de Nvidia. Par ailleurs, beaucoup de géants chinois sont concurrents directs de Huawei, ce qui explique la réticence à adopter le matériel du rival. Un autre souci majeur concerne la fiabilité : les puces Ascend 910C souffrent de surchauffe, ce qui entache leur réputation. Si, par exemple, DeepSeek misait sur les puces IA de Huawei, cela pourrait inciter la communauté open source à développer sur cet écosystème – mais cela ne s’est pas encore produit. La plupart des grands groupes chinois disposent toujours d’importants stocks de GPU Nvidia, ce qui réduit leur intérêt à effectuer une transition coûteuse.
En mai, le Département du commerce américain a porté un coup dur à Huawei en indiquant que toute entreprise utilisant ses puces sans autorisation préalable s’expose à des sanctions pour violation du contrôle des exportations – une mise en garde qui a particulièrement frappé les sociétés chinoises à l’international. Le Huawei Ascend 910C combine deux anciens 910B pour atteindre 800 TFLOP/s en FP16 avec 3,2 To/s de bande passante mémoire, rivalisant avec la H100 de Nvidia. Comme alternative au supercalculateur Nvidia (jusqu’à 72 puces Blackwell via NVLink), Huawei propose le CloudMatrix 384, capable d’assembler 384 puces Ascend – mais sans support natif des formats optimisés comme le FP8. Huawei a bien conçu un outil de traduction vers FP8, mais cette solution reste imparfaite.
Nvidia, de son côté, continue de prospérer sans l’appui du marché chinois. UBS souligne ainsi que le groupe estime avoir une visibilité sur des dizaines de gigawatts de projets d’infrastructure IA, ce qui pourrait lui rapporter jusqu’à 400 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel dans les data centers si ces projets voient le jour dans les prochaines années.
Source : WCCFTech, The Information
