Ce site, comme de nombreux autres sites de jeux vidéo, faisait partie d’un des plus grands désastres du renseignement américain.
Aujourd’hui, starwarsweb.net redirige vers la page officielle de la CIA, mais en décembre 2010, la Wayback Machine montrait encore un site de fans de Star Wars tout à fait classique. La page elle-même était quasi vide, à l’exception des recommandations de Maître Yoda pour Star Wars Battlefront II, Star Wars: The Force Unleashed II, LEGO Star Wars II et Star Wars: The Clone Wars — Republic Heroes. Le chercheur en sécurité Ciro Santilli a révélé que ce site faisait partie de plusieurs centaines de sites créés par la CIA autour de 2010, destinés à communiquer secrètement avec des agents à l’étranger. Les autorités iraniennes ont découvert ces sites et les ont reliés aux assassinats de sources de la CIA en Chine entre 2010 et 2012.
Les recherches de Santilli ont mis en lumière de nombreux autres sites — axés sur le sport, la musique et les jeux vidéo (comme havenofgamerz.com, hitpointgaming.com, activegaminginfo.com, myonlinegamesource.com et kings-game.net). L’utilisation de langues comme l’allemand, le français, l’espagnol et le portugais brésilien montre que ces sites visaient des utilisateurs étrangers bien précis. « Cela révèle un nombre beaucoup plus important de sites. Cela offre une vue d’ensemble des activités de la CIA à l’époque, y compris des démocraties jamais mentionnées comme cibles, et une vision statistique de l’importance accordée à chaque région – sans surprise, le Moyen-Orient est en tête », a déclaré Santilli.
Yahoo a été le premier à dévoiler l’ampleur de l’opération en novembre 2018, détaillant comment le réseau de communication en ligne de la CIA s’est effondré : « Selon un ancien responsable du renseignement, après qu’un agent double iranien a révélé à ses supérieurs le site utilisé pour communiquer avec ses agents traitants de la CIA, les services iraniens ont commencé à chercher sur internet d’autres sites affichant les mêmes signatures numériques. Ils ont finalement trouvé la bonne combinaison de mots-clés pour localiser les autres sites secrets de la CIA. Dès lors, ils ont surveillé qui visitait ces pages et ont commencé à démanteler tout le réseau de la CIA ».
Cette exposition a finalement conduit à la mort de sources de la CIA, notamment en Chine en 2011 et 2012. Reuters a poursuivi avec un rapport en 2022, détaillant comment les services iraniens ont identifié les agents de la CIA un par un. Une fois qu’une adresse IP avait été repérée, il devenait facile de trouver les autres sites liés au même réseau. Reuters a identifié deux sites et en a listé sept autres, qui ont servi de point de départ aux recherches de Santilli. À partir de ces données, Santilli a identifié plusieurs centaines de domaines qu’il pense être liés à l’infrastructure secrète de la CIA.
« Cela fait maintenant une quinzaine d’années que ces sites n’étaient plus utilisés, mais chaque année, de nouveaux détails apparaissent. Pour faire simple : oui, la CIA avait bien un site de fans de Star Wars avec un système de communication secret. Je ne peux pas confirmer chaque détail des recherches de Santilli, mais elles semblent solides. Cet épisode montre que les développeurs font des erreurs, et qu’il faut parfois des années pour les découvrir — mais là, ce n’était pas juste un bug ordinaire », a expliqué Zach Edwards, chercheur en cybersécurité, à 404 Media.
Pour Santilli, il est important que les gens aient accès à plus de contenu que ce qu’un musée pourrait offrir. Grâce à la Wayback Machine, chacun peut voir ces reliques d’espionnage « en direct », dans toute leur gloire.
Source : PCGamer, Archive.org, Our Big Book, 404 Media, Wikipedia
