Fear Street: Prom Queen – Couronne plastique et faux drame sur Netflix

CRITIQUE CINÉMA – Ce quatrième opus de Fear Street: Prom Queen tombe dans tous les poncifs du slasher, recyclant des clichés fatigués là où l’on attendrait un minimum de frisson. La dernière tentative de Netflix pour adapter l’univers culte de R.L. Stine n’apporte qu’ennui et déception, malgré l’aura nostalgique des années 80. Qui aurait cru qu’une guerre pour la couronne de reine du bal puisse sembler aussi plate, interminable et désespérément dénuée d’éclat – au propre comme au figuré ?

 

Tout tourne autour d’un pauvre diadème en plastique dans Fear Street: Prom Queen, censé ressusciter la légendaire saga horrifique pour ados de R.L. Stine – du moins sur le papier. Alors que la trilogie Netflix de 2021 (Fear Street: 1994, Fear Street: 1978, Fear Street: 1666) proposait une narration feuilletonnante, Prom Queen fait cavalier seul et évite d’emporter le lest de ses prédécesseurs. Retour à Shadyside, mais version 1988, dans une ambiance néon qui aurait dû permettre à tous les clins d’œil rétro de briller. Hélas, le film échoue autant sur le plan dramatique que visuel, et sacrifie costumes comme effusions de sang… ce qui, pour un slasher, est un crime capital.

 

 

Trône en toc, hémoglobine absente

 

Lori Granger (India Fowler), élève en terminale, n’a qu’une obsession : décrocher la couronne de reine du bal avant de quitter le lycée. Malgré sa beauté classique, elle reste l’outsider, car la clique dominante – le « wolf pack » – s’est déjà attribué la victoire. À leur tête, l’impitoyable Tiffany Falconer (Fina Strazza) ne manque jamais une occasion de rappeler à Lori la tragédie familiale qui la hante, lançant d’entrée : « Que ton père pourrisse en enfer, Granger ! ». Face à ce déferlement de cruauté, Lori ne peut compter que sur son amie fidèle Megan Rogers (Suzanna Son, Red Rocket), passionnée de films d’horreur et amatrice de cannabis, qui la soutient sans véritablement croire à ce concours. Seule véritable figure d’opposition, la punk Melissa McKendrick (Ella Rubin), rebelle jusqu’au bout des ongles et trafiquante à ses heures, participe au bal avant tout pour défier le système.

 

 

Coupe-papier, pas de sang ; grisaille, pas d’effroi

 

À l’approche du bal fatidique, une force obscure commence à éliminer les prétendantes – et bientôt aussi leurs cavaliers. Les adultes restent aveugles, tout comme les spectateurs, tant les meurtres manquent cruellement de panache et d’hémoglobine. Seul un moment avec une guillotine à papier s’impose vaguement ; le reste du temps, le réalisateur Matt Palmer préfère couper au noir ou saturer l’écran de rouge avant que l’action ne devienne intéressante. La proviseure adjointe Breckenridge (Lili Taylor) se soucie davantage de l’image du lycée que de ses élèves et voit en Lori l’innocence idéale à promouvoir. De son côté, Nancy Falconer (Katherine Waterston) est prête à tout pour assurer le triomphe de sa fille Tiffany, peu importe la bassesse des coups. Même la mère de Lori (Joanne Boland) – soupçonnée d’avoir assassiné le père lors de leur propre bal dix-huit ans plus tôt – semble indifférente à tout, bien qu’elle soit policière.

 

 

Scénario dispersé, personnages fantomatiques

 

Le scénario de Palmer et Donald McLeary peine à tenir la route plus de quelques minutes. La sombre histoire de la mère de Lori ressurgit de loin en loin, sans jamais lui donner de réelle consistance. Les querelles intergénérationnelles, censées nourrir le récit, ne sont évoquées qu’au détour de répliques – la connivence entre la proviseure adjointe et la mère de Tiffany n’est jamais creusée. On multiplie les suspects : concierge inquiétant, duo de fans obséquieux de Tiffany, principal mollasson… mais tous manquent de substance, rendant la révélation finale aussi plate qu’attendue. On devine une tension amoureuse entre Lori et Megan (qui arbore un costume chic au bal), mais est-ce un choix de montage ou une incompréhension totale des codes adolescents ? On aurait pu espérer au moins un clin d’œil à Jennifer’s Body ou à Lolita malgré moi (Mean Girls), mais non. À cela s’ajoute Tyler, le petit ami de Tiffany (The Summer I Turned Pretty, Dylan Iacono), qui se tourne soudainement vers Lori sans raison – même pas un hommage éhonté à Carrie pour expliquer ce revirement ! Plutôt que de pasticher les classiques ou d’oser une nouvelle approche, le film se contente de s’enliser dans la paresse. Dommage que Chloe Okuno (Watcher, « Storm Drain » dans V/H/S/94) n’ait pas été retenue comme réalisatrice ; son regard acéré sur l’horreur féminine et sa maîtrise du style rétro auraient pu sauver le projet.

 

 

Un slasher Netflix perdu dans la pénombre

 

La photographie est si lugubre que tous les clins d’œil aux années 80 passent à la trappe – que ce soit dans la chaufferie du lycée ou le gymnase surdécoré. Seule la chambre de Megan (à l’écran moins de 15 secondes), ornée d’une affiche de Lucio Fulci et d’éléments gothiques, se démarque un peu – à condition d’avoir de bons yeux, tant l’éclairage est inexistant. Quelques séquences à la VHS laissent entrevoir ce qu’aurait pu être l’ambiance, mais Palmer ne va jamais au bout ; ces rares textures soulignent seulement la fadeur du reste du film. Fear Street: Prom Queen ne propose ni clins d’œil de genre, ni bain de sang, ni véritable hommage rétro – c’est une copie Netflix qui n’ose même pas copier ce qui fonctionne ailleurs.

– Gergely Herpai « BadSector » –

Fear Street: Prom Queen

Direction - 3.2
Acteurs - 4.8
Histoire - 3.4
Visuels/Musique/Sons - 5.4
Ambiance - 2.4

3.8

MAUVAIS

Ce film d’horreur Netflix transforme la rivalité pour le diadème en une épreuve terne, sans saveur, ni sang, ni nostalgie eighties. Les personnages sont creux, l’intrigue se délite, et l’atmosphère – déjà bien pauvre – se noie dans des images sombres et un potentiel gâché. Ce qu’il y a de vraiment effrayant ici, c’est à quelle vitesse ce film s’oublie.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)