Ballerina – Comment l’assassine d’Ana de Armas élargit l’univers de John Wick

APERÇU CINÉMA – Quand Ballerina entre dans l’univers en perpétuelle expansion de John Wick, elle ne se contente pas de faire un simple détour : elle effectue une pirouette pour occuper sa propre scène. Réalisé par Len Wiseman (Underworld) et porté par une Ana de Armas férocement engagée (À couteaux tirés), ce film rend hommage à l’héritage élégant mais impitoyable de la franchise tout en ouvrant la voie à une nouvelle interprétation cinématographique du mythe Wick. Ballerina est le premier opus de la série à ne pas avoir Keanu Reeves au centre de l’intrigue – et pourtant, son esprit, son thème et sa présence planent tout du long.

 

L’histoire se déroule entre les événements de John Wick : Parabellum (Chapitre 3) et du Chapitre 4, en mettant en lumière Eve Macarro – une tueuse formée au ballet, motivée par le deuil et la vengeance, que l’on avait brièvement aperçue dans le troisième volet. Désormais au premier plan, elle traverse un monde souterrain d’Europe de l’Est recouvert de neige, dominé par la Ruska Roma – l’organisation dirigée par la Directrice (Anjelica Huston), jusqu’alors à peine évoquée, mais enfin pleinement dévoilée. Duels au lance-flammes, combats à la grenade et scènes chargées d’émotion – Ballerina propose une expérience inédite du cinéma d’action à la John Wick : une fusion d’élégance, de sentiments et d’évolution.

Screenrant s’est entretenu avec le réalisateur, les acteurs et les producteurs de Ballerina en vue de sa sortie estivale. En explorant les liens avec la mythologie de John Wick, en découvrant sa redoutable héroïne et en regardant vers l’avenir de la saga, une chose est claire : Ballerina est bien plus qu’un simple spin-off glissé dans un canon déjà établi. Pour une perspective sur la façon dont la franchise a évolué au cours des dix dernières années, vous pouvez consulter mon article de couverture pour le 10e anniversaire de John Wick.

 

Danse sanglante – Quand l’ombre devient lumière

 

Ballerina insère habilement son intrigue entre le chaos du Chapitre 3 et la résolution du Chapitre 4, sans jamais défaire les fils de la trame principale. « Je pense que c’était malin de l’avoir intégrée comme ça, car on avait déjà vu ce personnage dans l’épisode trois », explique Ian McShane, de retour en tant que Winston, le gestionnaire du mythique Continental new-yorkais. « C’était une idée brillante de centrer l’histoire sur une tueuse. Pour élargir l’univers, c’est une excellente direction – d’autant plus qu’on la connaissait déjà. »

Len Wiseman a conçu méthodiquement ce premier film de l’univers Wick avec un protagoniste inédit. « Il n’y a pas de bible officielle de la franchise », nous a-t-il confié, mais ses idées, son enthousiasme et l’accès pour le public sont nés de conversations avec Chad Stahelski – le créateur de la série – et la société de production Thunder Road Films dirigée par Basil Iwanyk. « J’ai aimé qu’on reconstruise les décors : on ne réutilise pas d’images du Chapitre 3 – on revoit les scènes iconiques sous un autre angle. C’était génial de voir le public murmurer durant les projections : “Attends, ce n’est pas la scène avec Ana ?” C’est ce genre de détails que j’adore. »

Ce choix permet une relecture enrichie pour les fans, tout en évitant les redites. Fait surprenant : les premiers scénarios n’incluaient même pas John Wick. « On a écrit plein de versions sans John… puis on s’est dit, tentons. Il a lu le script et a dit : “C’est vachement cool.” Ensuite il a ajouté : “Je pense qu’il faudrait un peu plus d’action à la fin.” » – raconte le producteur Basil Iwanyk.

 

Deuil, vengeance, ballet – Le combat du corps et de l’âme

 

L’élargissement de la chronologie John Wick correspond à l’intention exprimée par Chad Stahelski dans notre rétrospective : « On voulait agrandir l’univers, pas seulement par l’action, mais à travers les personnages et la mythologie. » Ballerina le fait brillamment – tissant une nouvelle trame dans un récit existant avec finesse.

Cette profondeur touche aussi des visages connus. « Mon personnage connaît le sien depuis qu’elle est enfant… il y a un lien tout au long du film », indique McShane, évoquant la relation entre Winston et Eve. Contrairement à Wick, dont la douleur est récente, celle d’Eve est ancienne, profonde et personnelle. Ana de Armas raconte : « Ce personnage traverse une immense souffrance. Une douleur qu’elle a gardée en elle toute sa vie. Elle n’a jamais su ce qui était arrivé à son père. »

« Ce que j’ai adoré, c’est la manière dont elle transforme cette douleur, cette frustration et ce manque de réponses sur son passé et sa famille en quête de vengeance. » Eve insuffle une nouvelle énergie à l’univers Wick : moins stoïque, plus humaine. « Elle veut absolument faire partie de ce monde, elle est prête à tout. Et on sent qu’elle prend du plaisir dans le chaos. » – ajoute Iwanyk. Il souligne aussi qu’Ana de Armas n’a pas seulement accepté l’entraînement – elle s’y est jetée avec enthousiasme. « Elle a un immense cœur et c’est une actrice formidable. »

« Elle est féroce et puissante… le public va l’adorer et prendre fait et cause pour elle. »

 

Les secrets de la Ruska Roma – Où l’élégance côtoie la mort

 

Anjelica Huston, qui revient en tant que Directrice, partage cet avis : « Elle est féroce et puissante… le public va l’adorer et prendre fait et cause pour elle. » Norman Reedus, qui incarne un nouveau personnage mystérieux, renchérit : « Elle est très sérieuse mais aussi très agréable à côtoyer. »

Eve évolue parmi des tueurs, mais sa mission est empreinte d’empathie – une dualité qui la distingue dans cet univers de sang. Le film explore en profondeur la Ruska Roma, société secrète aperçue dans Parabellum et dirigée par la Directrice. Ici, la ligne entre grâce et violence est ténue. « Le film offre un regard plus profond sur la Ruska Roma au Théâtre Tarkovsky à New York », a révélé Huston par e-mail. « On y voit des entraînements de ballet, de combat, et des rituels de tatouage. »

« Elle est une figure maternelle pour de nombreux élèves. À la tête d’un théâtre somptueux, elle incarne la grâce, l’autorité et l’exigence. Elle vise la perfection, tant pour elle-même que pour ses élèves. C’est un rôle magnifique à jouer – avec des costumes élaborés, des bijoux, du pouvoir. Elle donne les ordres, elle est la cheffe. »

 

Derrière le rideau – L’enfer de la formation

 

Len Wiseman s’est passionné pour les zones d’ombre de cette organisation. « Je voulais montrer ce qui se passe vraiment derrière le rideau. » Cela inclut une plongée dans le processus de transformation physique et mentale des nouvelles recrues comme Eve. « On avait entrevu la Ruska Roma via la visite de John chez la Directrice, mais maintenant, on peut vraiment découvrir ce qu’il s’y passe. Comment se déroule l’entraînement ? À quoi ressemble l’intégration pour quelqu’un comme le personnage d’Ana, qui arrive pour la première fois ? Il y avait tant à révéler – les différentes couches, le ventre de cette société, et le lien entre ballet et formation d’assassin. »

La productrice Erica Lee confirme : « On explore davantage la Ruska Roma, le passé d’Eve, et cette ville mystérieuse peuplée de tueurs à gages. » Cette immersion approfondit la mythologie tout en nourrissant les motivations des personnages. « Il y a une relation quasi maternelle… Je voulais montrer le côté plus sombre de la Directrice. » – explique Wiseman.

Le retour de John Wick – Nouvelle perspective, impact renforcé

 

Oui, Keanu Reeves revient en John Wick – mais pas juste pour un clin d’œil gratuit. « On revoit des scènes iconiques sous un autre angle… et le public commence à murmurer : “Merde, ce n’est pas la scène avec Ana ?” » – raconte Wiseman, en décrivant les projections tests. Cette narration en strates récompense les fans attentifs.

Winston et la Directrice jouent des rôles clés. McShane explique que Winston connaît Eve depuis qu’elle est enfant. « Elle ne le sait pas tout de suite. Puis elle revient. Il y a une continuité entre eux tout au long du film – ce n’était pas prévu au départ, on l’a ajouté lors des reshoots. »

Norman Reedus, lui-même fan de l’univers Wick, rejoint la saga en incarnant Daniel Pine. « Norman Reedus figurait sur notre liste de souhaits depuis longtemps… on espère vraiment le revoir » – affirme Erica Lee. Le personnage de Pine est complexe. « Il a deux facettes – il peut être brutal et tendre. Dans ce monde, les tueurs ont aussi une famille, et parfois, tuer et protéger, c’est la même chose. » – confie Reedus par e-mail.

« Je reviendrais dans l’univers de John Wick sans hésiter une seconde ! » – ajoute-t-il.

Feu, glace et engagement – Relever la barre du style Wick

 

Ballerina reste fidèle à l’ADN Wick, tout en osant innover. « La scène au lance-flammes… je n’avais jamais vu ça – feu et eau mêlés, mais totalement cohérent avec l’univers de Wick. » – déclare Ana de Armas. Résultat : une des séquences les plus intenses et inventives de la saga.

« C’était une scène ajoutée plus tard, lors des prises supplémentaires. C’était formidable de pouvoir l’inclure – visuellement sublime, physiquement très exigeante. C’était dangereux et effrayant, mais en même temps super excitant à tourner. On avait une équipe de cascadeurs dédiée uniquement au feu – les meilleurs du métier. »

Wiseman voulait renouveler les codes de la violence. « Et si on faisait un combat à la grenade à l’intérieur… comme une bataille de boules de neige ? » plaisantait-il. Ce ne sont pas juste des effets tape-à-l’œil – c’est une volonté d’élever encore le niveau. Chad Stahelski a aussi contribué à la chorégraphie des scènes additionnelles.

Les lieux jouent aussi un rôle crucial. « On chorégraphie les scènes autour des décors… d’où la baston dans la cuisine avec assiettes, couteaux, gag du congélateur – des trucs jamais vus avant. » – dit Erica Lee. L’Europe de l’Est glaciale devient un personnage à part entière.

Et au-delà de la chorégraphie, il y a l’engagement de la star. « Ana s’est investie à fond. Certains acteurs disent : ‘Je m’entraîne deux semaines.’ Elle a dit : ‘Je suis à 100 %.’ » – raconte Iwanyk. Cet engagement élève chaque coup, chaque pirouette – un ingrédient essentiel du succès de Ballerina.

L’avenir d’Eve – L’univers John Wick peut-il lui appartenir ?

 

L’univers John Wick est désormais ouvert à de multiples embranchements – un spin-off sur Caine (le personnage de Donnie Yen dans le Chapitre 4) est en développement, et John Wick : Chapitre 5 a été officiellement annoncé par Lionsgate. Mais le parcours d’Eve Macarro ne fait peut-être que commencer. « Est-ce qu’Eve peut incarner l’avenir de la saga ? J’espère que le public l’aimera, elle et le film. S’ils en veulent plus – on a de quoi raconter. » – affirme Iwanyk.

Erica Lee confirme : « J’adorerais lui consacrer une trilogie… c’était notre vision dès le départ. » Même Keanu Reeves a déjà proposé des idées pour Ballerina 2.

Et la suite immédiate ? « On travaille sur le spin-off avec Donnie Yen… ce sera sans doute le premier à sortir. » – dit Lee. Les producteurs refusent cependant de s’enfermer dans une planification à la Marvel. « Le Chapitre 5 est encore en phase d’élaboration… on veut garder de la souplesse. » – ajoute Iwanyk.

La participation de Reeves sur le long terme reste incertaine, même si le cinquième volet promet une nouvelle histoire. Ian McShane résume avec pragmatisme : « Qui sait s’il y aura un numéro cinq ? Ça dépend de Keanu. John Wick 5 vivra ou mourra avec lui. La franchise ? On verra bien. J’espère que ce film sera un succès – pour elle, pour nous tous. Si ça marche, tout le monde y gagne. »

–Gergely Herpai « BadSector » 

Source : Screenrant

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)