Le créateur d’Invincible et de The Walking Dead a imaginé un pape obsédé par le sexe, amateur d’alcool, doté de superpouvoirs, et accompagné de Jésus pour affronter des hordes de démons. Robert Kirkman et Tony Moore signent ici leur œuvre la plus irrévérencieuse – et ce n’est clairement pas pour tout le monde.
Un nouveau pape vient d’être élu. Hier, au deuxième jour du conclave dans la chapelle Sixtine, les cardinaux ont choisi Robert Francis Prevost, désormais Léon XIV, comme nouveau chef de l’Église catholique. Mais ces derniers jours, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la façon dont la fiction a représenté la figure du pape – surtout dans ses versions les plus blasphématoires. Et cela m’a rappelé un vieux comics signé Robert Kirkman – oui, le même que celui de The Walking Dead et Invincible – où le pape devient… un super-héros.
Dans Battle Pope, on découvre Oswald Leopold II, le souverain pontife de l’Église, mais aussi un homme vulgaire, obsédé par les femmes et violent, qui a été entraîné aux arts martiaux par Bruce Lee pendant son enfance. Dieu lui confie une mission : sauver Saint Michel Archange, capturé par les démons de Lucifer sur Terre. Pour cela, il reçoit une force surhumaine, et un compagnon peu ordinaire : Jésus Christ, version maladroite, naïve, mal fringuée, qui passe son temps à jouer à la console et à bouffer des hot-dogs.
Dans Battle Pope, la Terre a subi une invasion démoniaque et seuls le pape et Jésus peuvent repousser les créatures de l’enfer
Le récit se déroule dans un monde post-apocalyptique, où Dieu, lassé de l’humanité, a ouvert les portes de l’Enfer. Résultat : des hordes de démons ont envahi la planète. Une « paix » fragile est ensuite instaurée, les portes sont refermées et un gardien est désigné. Mais les démons déjà présents sur Terre restent, et s’intègrent plus ou moins dans cette société dystopique. Certains coopèrent, d’autres, menés par Lucifer, cherchent au contraire à prendre le pouvoir céleste.
« Battle Pope raconte l’histoire d’un pape porté sur la bouteille, vivant dans un futur où Dieu est descendu chercher ses enfants pour les emmener au paradis – laissant le pontife sur Terre avec les pécheurs. Peu après, l’Enfer s’est déchaîné et les légions démoniaques ont pris le contrôle. Après une guerre terrible, un traité a permis une cohabitation entre humains et démons. Mais la vie avec eux est loin d’être simple. Voyant les souffrances humaines, Dieu a donné des superpouvoirs au pape pour qu’il protège les survivants. Et il lui a envoyé son fils unique, Jésus Christ, comme acolyte. » — synopsis de Battle Pope (via Robert Kirkman)
Sans spoiler ceux qui voudraient découvrir cette folie, disons simplement que Battle Pope est une comédie d’action profane et ultra-irrévérencieuse. Imaginez Deadpool, mais avec le Pape et Jésus comme colocataires – au grand désespoir du pontife, qui ne pense qu’à tester son nouveau lit avec une conquête d’un soir. Ensemble, ils traversent le monde pour latter des démons dans des scènes aussi grotesques qu’hilarantes, avec des ennemis absurdes comme les « jumeaux zombies » (aucun rapport avec les morts-vivants de The Walking Dead).
C’est un comics impossible à recommander à n’importe qui. Il regorge de nudité, de blasphèmes et de scènes carrément outrancières. Le Pape y est présenté comme une sorte de Lobo ou de Deadpool divin, et même Jésus y prend cher. Mais cette audace totale, ce mépris complet des conventions religieuses, combinés à une bonne dose d’humour noir et d’originalité, le rendent terriblement fun à lire. L’action est frénétique, le style est explosif, et Tony Moore assure au dessin avec des planches percutantes et dynamiques. Si tu te lances, tu m’en reparleras.
Battle Pope compte 14 numéros et a vu le jour en 2000, trois ans avant Invincible et The Walking Dead, ce qui en fait les débuts de Robert Kirkman. Le comics a même eu droit à une mini-série animée en ligne, en huit épisodes, mais malheureusement, je n’ai pu en retrouver qu’un seul sur internet.
Source : 3djuegos