Ubisoft s’effondre, et ses adaptations cinématographiques sombrent avec elle

ACTUALITÉS CINÉMA – Ubisoft se divise en deux, et ses projets de films sont en grand danger. Entre poursuites judiciaires, licenciements massifs et une réputation en chute libre, des films comme Watch Dogs ou The Division risquent de ne jamais voir le jour. À ce rythme, ils pourraient être rachetés par d’autres entreprises d’ici un an.

 

On vit une époque étrange pour les adaptations de jeux vidéo au cinéma. Ces dernières semaines, on a appris que Ubisoft, ancien géant du jeu, se scindait en deux entités distinctes. L’objectif : isoler ses licences les plus précieuses de l’effondrement financier en cours. Résultat : les projets comme Watch Dogs, Beyond Good & Evil, Skull & Bones, Driver ou The Division sont tous en suspens. Même si les tournages se terminent, les budgets marketing seront dérisoires. La société croule sous les procès, la colère des actionnaires, les grèves, les licenciements massifs et une image de marque tellement toxique que sa valeur en bourse a chuté de plus de 90 % en six ans. D’ici douze mois, ces franchises pourraient appartenir à d’autres sociétés qui ne souhaitent même pas terminer ces films.

Ubisoft est devenu l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire dans l’industrie. Selon un ancien post sur X, le tournage de Watch Dogs s’est achevé à l’automne 2024, mais son avenir reste incertain. Ce pourrait bien être le seul projet à ne pas finir dans un tiroir oublié. Les autres ? Probablement déjà morts et enterrés.

 

La malédiction des films Ubisoft continue

 

Alors qu’on croyait que EA ou Disney étaient les chouchous des critiques en ligne, Ubisoft revient en force comme punching-ball préféré. En 2021, la société annonçait fièrement une série live-action de Driver prévue sur Binge.com. Le projet a été discrètement annulé, enterré dans un rapport financier de 350 pages publié en 2024. Autre victime : le film ambitieux inspiré de The Division, jeu de 2016. À l’origine, il devait être porté par Jake Gyllenhaal et Jessica Chastain, réalisé par Rawson Marshall Thurber (Red Notice, Skyscraper) et diffusé sur Netflix. Celui-là au moins a eu une explication : Kelly McCormick, ancienne productrice, a déclaré à Discussing Film en 2022 :

« Honnêtement, quand le COVID est arrivé, on a abandonné The Division car ça ressemblait trop à un documentaire. L’histoire traite d’une épidémie en temps réel, des dangers, de l’angoisse que cela génère. On s’est dit : ‘Ce n’est plus fun.’ […] C’est une licence géniale, avec un potentiel visuel énorme — une équipe d’agents dans un monde post-apo — mais on a finalement dû laisser tomber car la pandémie nous a éloignés du projet. »

On se dit qu’il y a sûrement d’autres jeux à adapter ? Pas vraiment. En 2019, The Hollywood Reporter parlait d’une série centrée sur un personnage féminin dans l’univers de Skull & Bones, mais depuis ? Rien, juste une fiche IMDb fantomatique. Le jeu lui-même a eu un lancement désastreux, plombé par une gestion chaotique et une communication calamiteuse. Même sort pour le film Beyond Good & Evil, disparu entre 2021 et 2025. Et le projet Splinter Cell ? En développement depuis plus de dix ans, toujours rien à l’horizon. On comprend mieux pourquoi, maintenant.

 

Comment Ubisoft est devenu le studio le plus détesté du secteur

 

À part Watch Dogs, 2024 a été l’année où l’incompétence d’Ubisoft a été exposée au grand jour. Le déclin de ses adaptations n’a rien à voir avec la crise du cinéma ou de la télévision. Le cours de l’action Ubisoft est au plus bas depuis douze ans. Les restructurations internes et les licenciements massifs ont plombé le moral des troupes. En 2024, 700 employés se sont mis en grève, et la contestation s’est étendue jusqu’en Italie, selon Deadline. L’année 2025 ne s’annonce pas mieux : en janvier, 185 postes ont été supprimés, et le studio anglais a fermé ses portes.

Yves Guillemot, cofondateur et président, a l’art de s’aliéner même les fans les plus fidèles. Selon Techspot, il est au cœur d’un procès collectif majeur qui pourrait redéfinir les droits numériques des consommateurs. Et ce n’est pas tout : Lawyer Monthly a révélé une autre affaire impliquant la vente illégale de données privées. Ironiquement, ce business pourrait être plus rentable que leurs jeux ou leurs films à ce stade.

Les actionnaires, eux, n’en peuvent plus. IGN rapporte qu’un groupe d’investisseurs internationaux a prévu de manifester devant le siège d’Ubisoft à Paris, dénonçant l’« incapacité de l’entreprise à s’adapter aux tendances du marché ». En clair : les jeux récents sont bourrés de microtransactions et manquent cruellement d’originalité. Espérons que la grève des employés ne perturbera pas la manif des actionnaires — ils peuvent peut-être partager un Uber. En plus de dix ans, Ubisoft n’a produit que deux films : Prince of Persia et Assassin’s Creed. Et non, ils ne sont pas responsables du désastreux Far Cry de Uwe Boll sorti en 2008.

Pour calmer la tempête, Guillemot a divisé la société en deux. Quelques semaines plus tard, le conglomérat chinois Tencent a acquis 25 % de la « bonne moitié » du groupe, soi-disant pour « renforcer la stabilité financière », selon le communiqué officiel. Mais le hic, c’est que cette entité ne comprend pas Watch Dogs, Beyond Good & Evil, Driver, Skull & Bones, Splinter Cell ni The Division. Peut-être qu’un autre studio, passionné et compétent, rachètera les droits et leur offrira une seconde vie. On croise les doigts.

Source : MovieWeb

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