CRITIQUE DE SÉRIE – Dès ses premières images, Pulse donne le ton : la créativité semble être partie en pause café, et ne jamais être revenue. Le drame médical de Netflix débute avec un ouragan qui fait dérailler un bus rempli d’athlètes étudiants, le précipitant dans l’océan. La scène évoque davantage une cinématique rejetée d’un jeu vidéo de 2012 qu’un moment de tension télévisuelle : un objet en forme de bus plonge dans une mer sans vagues, sous un ciel numérique d’une banalité désarmante.
Si Pulse avait ne serait-ce qu’un peu d’intérêt pour ses médecins en tant qu’êtres humains – et pas seulement comme fonctions scénaristiques –, cette catastrophe aurait pu servir de point de départ percutant pour explorer comment une équipe hospitalière affronte une situation de crise. Pas besoin d’effets spéciaux ou de grandiloquence : il aurait suffi de montrer des patients tremblants et sous le choc affluer aux urgences, et de laisser les personnages s’exprimer à travers leurs réactions. Au lieu de cela, on reste face à un écran plat, au propre comme au figuré.
Accusations, tensions, et vide émotionnel
Mais ce n’est pas l’histoire que Pulse veut raconter. L’accident de bus n’est qu’un prétexte pour révéler le véritable centre d’intérêt de la série : Danny Simms (Willa Fitzgerald), interne en troisième année, accuse son supérieur Xander Phillips (Colin Woodell) de harcèlement sexuel. Xander est suspendu, et Danny obtient immédiatement sa place. Soupçonneux ? Évidemment. Une accusation suivie d’une promotion immédiate ? Il y a de quoi froncer les sourcils. La série enchaîne ensuite avec une série de flashbacks montrant une relation clairement consentie, voire passionnée. Douches brûlantes, regards intenses – rien qui n’évoque le harcèlement. Alors que s’est-il passé ? Comment passe-t-on d’un flirt torride à une plainte au service des ressources humaines ? Et surtout, Xander est-il vraiment ce monstre qu’on suggère, ou simplement un type trop beau pour son propre bien ?
Toute cette intrigue fait surtout penser à d’autres séries, bien meilleures. À commencer par Grey’s Anatomy, dont Pulse reprend tous les codes sans en comprendre l’essence : les blouses, les histoires d’amour compliquées, les pleurs dans les escaliers. Mais là où Grey’s, même dans ses pires moments, parvient à retomber sur ses pieds avec une étincelle d’émotion sincère, Pulse reste engluée dans sa propre vacuité. Une série qui donne l’impression d’un battement faible, qui ne trouvera jamais son second souffle.
Du style, pas de fond, encore moins d’urgence
Pour ne rien arranger, Pulse débarque en pleine frénésie autour de The Pitt. Ce n’est pas comme si la série aurait pu briller à un autre moment, mais là, elle semble particulièrement dépassée. Tandis que The Pitt impressionne par son réalisme et sa tension dramatique, Pulse donne l’impression d’avoir été tournée dans les coulisses d’un shooting de mode. Éclairages flatteurs, comédiens impeccables, et zéro urgence dramatique. On dirait qu’ils attendent un cocktail plutôt qu’un arrêt cardiaque en plein ouragan.
Les personnages ? Des archétypes ambulants. Sam Elijah (Jessie T. Usher), dont le nom évoque une IA mal codée, ne fait que soupirer après Danny. Tom Cole (Jack Bannon) est l’antagoniste caricatural, dont la seule fonction est de rendre Xander plus sympathique par contraste. Camila Perez (Daniela Nieves) est la joyeuse, Sophie Chan (Chelsea Muirhead) est la sarcastique – évidemment moins maquillée, pour bien marquer l’opposition. Quant à Harper (Jessy Yates), la sœur de Danny, elle est en fauteuil roulant et également interne. Elle pourrait, elle devrait être un personnage clé. Mais la série la relègue au second plan, ne la faisant interagir qu’avec sa sœur, sans jamais dépasser le rôle de « sœur en fauteuil ». Une absence totale de profondeur, tragique et prévisible.
Pulse offre si peu que révéler la fin de la saison semblerait presque cruel – parce que c’est littéralement la seule chose à révéler. Disons seulement qu’au final, l’accusation de Danny s’avère bien moins simple qu’elle n’en avait l’air, et elle est forcée de reconsidérer sa vie, sa carrière, et son histoire avec Xander. Enfin une bonne idée ! Imaginez une série qui ose explorer les zones grises, où les erreurs ne viennent pas forcément de méchants caricaturaux, mais d’êtres humains complexes. Cela supposerait de traiter Danny avec subtilité, au-delà d’un catalogue de traumatismes (complexe paternel, peur irrationnelle des femmes enceintes). Cela exigerait aussi de voir Xander autrement que comme un riche gosse triste qui « fait de son mieux ». Mais cela, c’est une autre série. Une série qui se poserait les vraies questions. Pas Pulse.
Le seul battement encore audible
La seule chose qui fonctionne vraiment ici, ce sont Nestor Carbonell et Justina Machado. Ils incarnent deux médecins chevronnés, et à chaque apparition, on se surprend à rêver à la série qu’on aurait pu avoir. Une série sur un hôpital ancré dans les réalités culturelles de la Floride, avec des médecins bilingues, des patients ancrés dans un tissu social réel, et des enjeux profondément humains. Mais non. Pulse, c’est plutôt un mixeur rempli de restes d’idées piochées ailleurs, qui tourne jusqu’à ne plus laisser ni goût, ni texture. Ce qui reste, c’est une saison où l’on parle d’intubation et de lignes centrales en blouse designer, sur fond de névroses sans queue ni tête.
– Gergely Herpai “BadSector” –
Pulse
Direction - 3.8
Acteurs - 3.2
Histoire - 3.1
Visuels/Musique/Sons - 3.6
Ambiance - 3.8
3.5
MAUVAIS
Pulse est un drame médical fade et cliché, qui recycle les pires travers du genre sans en comprendre les ressorts. Les personnages sont creux, l’intrigue bancale, et seuls deux acteurs secondaires sauvent les meubles – à condition qu’on les laisse jouer. Une série sans identité, sans urgence… et sans âme.