CRITIQUE CINÉMA – Lorsque des hommes armés s’introduisent chez Franck Lazareff, enlèvent sa femme et l’accusent du meurtre d’un collègue, cet ancien membre des forces spéciales françaises est plongé dans un tourbillon de mystères et de dangers. Ad Vitam, le nouveau thriller français disponible sur Netflix, nous emmène dix ans en arrière pour lever le voile sur une série d’événements complexes menant à un dénouement haletant. Réalisé par Rodolphe Lauga et porté par Guillaume Canet, le film, sorti la semaine dernière, s’impose comme l’une des premières grandes sorties de 2025, offrant une expérience cinématographique atypique et intrigante.
En ce début d’année, Netflix a choisi d’ouvrir les hostilités avec un film d’action français en tête d’affiche Guillaume Canet. Et parce que la peur ne fait pas partie de notre vocabulaire, nous n’avons pas hésité une seconde à plonger dans l’univers d’Ad Vitam.
Ad Vitam : le goût des clichés pour démarrer l’année
Parfois, commencer la nouvelle année est une mission délicate. Et parfois, le réalisateur de Je te veux moi non plus – cette “comédie” Prime Video portée par Ines Reg et Kevin – revient avec un nouveau projet. Est-ce là un signe que l’ambiance festive de Noël appartient définitivement au passé, et que 2025 s’annonce austère ? Pas tout à fait. La vie réserve encore des surprises, et Ad Vitam en est une, notamment grâce à la prestation de Guillaume Canet.
Franck Lazareff, ancien opérateur du GIGN, mène une vie relativement paisible jusqu’au jour où son passé refait brutalement surface : une bande armée s’introduit chez lui, enlève sa femme enceinte, Léo, et déclenche une course contre la montre pour la retrouver.
À la lecture du synopsis, on pourrait presque imaginer l’existence d’un « dictionnaire du scénariste », où figureraient des termes incontournables tels que « forces spéciales », « passé trouble » ou encore « compte à rebours pour sauver le monde ». En d’autres termes : les clichés ne manquent pas dans ce film.
Une nouvelle vague pour l’action française
À première vue, Ad Vitam ne laissait guère entrevoir de promesses. Il ressemblait à une énième production Netflix bénéficiant des crédits d’impôts français, avec un casting, hormis Guillaume Canet, composé essentiellement de visages familiers de la plateforme : Nassim Lyes (Sous la Seine), Stéphane Gaillard (Marseille), Zita Hanrot (Plan Cœur) et Alexis Manenti (Athéna). Une sélection d’acteurs sans risques qui n’annonçait rien de révolutionnaire.
Puis, Carry-On est arrivé, rappelant que Netflix peut encore surprendre. Certaines productions, même modestes, parviennent à sortir du lot dans l’océan de contenu en ligne. Nouvelle année, nouvelles résolutions : arrêter de fumer, être plus aimable, et pourquoi pas redonner une chance aux créations estampillées « Netflix Original ».
Contre toute attente, Ad Vitam s’est rapidement démarqué de nos préjugés initiaux. Rodolphe Lauga, réalisateur et co-scénariste (avec Canet), ne perd pas une seconde. Conscient que l’attention du spectateur est volatile, il mise sur un début percutant. En moins de quinze minutes, le spectateur est plongé au cœur de l’action, avec des scènes de combat, des échanges de tirs et une tension palpable. L’efficacité narrative et visuelle du film maintient l’intérêt, malgré un manque évident d’originalité.
Retour vers le passé
Après avoir capté notre attention, Lauga consacre plus de la moitié des 98 minutes du film à une série de flashbacks explorant la période GIGN de Lazareff et Léo. Cette approche permet de développer les personnages secondaires et d’établir un lien émotionnel avec les protagonistes. Si tout n’est pas parfait, l’esprit de camaraderie qui se dégage de ces scènes ajoute une chaleur bienvenue et prépare le spectateur au rebondissement central.
Lorsque les flashbacks s’achèvent, Ad Vitam revient à son domaine de prédilection : l’action pure et dure. La dernière demi-heure regorge de poursuites effrénées, de fusillades intenses et d’une tension croissante, assurant une immersion totale jusqu’à la fin. Le rythme effréné du film ne laisse aucune place à l’ennui.
En définitive, Ad Vitam est un film d’action nerveux et étonnamment agréable. S’il ne prétend pas figurer parmi les meilleures productions de Netflix, il dépasse néanmoins les attentes. Il est particulièrement réjouissant de voir Guillaume Canet sortir de sa zone de confort, délaissant les comédies et drames pour revenir au thriller, un genre dans lequel il excelle depuis Ne le dis à personne. Son interprétation, y compris dans les scènes les plus physiques, est convaincante.
Malgré ses limites, Ad Vitam tient sa promesse : offrir une soirée divertissante. Sa simplicité, son efficacité et son charme inattendu lui permettent d’éviter l’échec total et même de susciter une certaine sympathie.
La fragmentation narrative : un point faible
Toutefois, le film pâtit d’une structure narrative bancale. Les deux segments qui composent l’histoire fonctionnent indépendamment, mais leur juxtaposition manque de fluidité. On a parfois l’impression que les scénaristes ont travaillé chacun de leur côté sans chercher à harmoniser leurs idées. Ce défaut est particulièrement flagrant avec le MacGuffin – un simple badge – dont l’importance narrative reste superficielle malgré les efforts pour lui donner du poids.
Cela dit, Ad Vitam n’est pas un échec. Son charme réside dans son approche modeste et sa capacité à captiver grâce à Guillaume Canet et quelques scènes d’action bien ficelées. Une addition modeste mais honnête à l’offre Netflix de 2025.
-Gergely Herpai « BadSector » –
Ad Vitam
Direction - 6.8
Acteurs - 5.8
Histoire - 5.5
Visuels/Musique/Sons/Action - 7.2
Ambiance - 6.8
6.4
CORREKT
Ad Vitam est un film maladroit mais attachant, qui parvient à éviter la catastrophe grâce à des personnages sympathiques et des séquences d’action efficaces. En ce début d’année, c’est peut-être exactement ce dont nous avions besoin : une œuvre légère et plaisante avec Guillaume Canet.