Senna – Vitesse, gloire et tragédie dans la vie d’une légende

CRITIQUE DE SÉRIE – Senna, la nouvelle mini-série Netflix en six épisodes, plonge au cœur de la vie et de la carrière du légendaire pilote de course brésilien Ayrton Senna. La série Netflix retrace le parcours de Senna, de sa passion précoce pour la course à sa mort tragique, offrant un aperçu de ses relations personnelles et du monde de la Formule 1, où les intrigues sont reines.

 

Le nom d’Ayrton Senna résonne puissamment, en particulier auprès des Brésiliens et des fans de Formule 1. Pilote de génie, jeune, beau, charismatique, il est devenu, au cours de sa brève carrière, une icône et un porte-parole pour les difficultés de son pays. En 1994, à seulement 34 ans, il meurt dans un tragique accident alors qu’il partait en pole position du Grand Prix de Saint-Marin. Le chef-d’œuvre d’Asif Kapadia, le documentaire Senna sorti en 2010, utilisait avec élégance des images d’archives pour créer une tension narrative et dresser un portrait saisissant du pilote. En revanche, la nouvelle approche dramatisée de Netflix, qui vise à capturer cette trajectoire du « vivre vite, mourir jeune », démarre avec un certain élan mais s’essouffle rapidement, terminant bien avant le drapeau à damier.

 

 

L’histoire du roi sans couronne des circuits

 

Le showrunner Vicente Amorim tisse une sorte de légende à la The Crown autour d’Ayrton Senna, incarné par Gabriel Leone, dont les traits, bien que légèrement plus doux que ceux de Senna, n’en sont pas moins charismatiques. La série débute, naturellement, par l’accident tragique qui a coûté la vie à Senna, puis revient sur son enfance au Brésil. On y voit son père, riche propriétaire terrien et magnat de l’industrie, nourrir dès son plus jeune âge la passion de son fils pour la conduite. (La série suggère même que le jeune Senna a découvert son talent assis dans une voiture en stationnement, alors qu’il était enfant, s’exerçant à piloter en imitant les bruits de moteur “vroom-vroom”.)

À partir de là, sa carrière décolle : d’abord dans le monde des courses professionnelles de karting, puis en Formule Ford et au-delà. Nous sommes témoins de l’ambition de Senna, de sa passion pour la victoire, qui se heurte parfois aux priorités de points des championnats. Les risques pris pour réussir, ainsi que le racisme auquel sont confrontés les Brésiliens sur les circuits européens, sont également soulignés. De plus, nous assistons aux affrontements de Senna avec son coéquipier français devenu rival, Alain Prost (Matt Mella), qui devient un symbole de leur intense compétition.

Cependant, la colonne vertébrale de la série est la performance de Gabriel Leone. Son jeu engagé est non seulement le moteur qui donne vie à la série, mais il compense également bon nombre de ses lacunes. Il ressemble remarquablement à Senna tout en capturant à la fois la confiance et la vulnérabilité du personnage réel. Bien que la vision d’Amorim simplifie excessivement le caractère de Senna – le présentant de manière unidimensionnelle comme un homme uniquement concentré sur la victoire – la performance de Leone apporte de la dignité aux frustrations, aux joies et aux combats intérieurs de l’homme.

 

 

Circuits et virages émotionnels

 

Pourtant, les véritables stars sont les courses elles-mêmes. Ces scènes chargées d’adrénaline et à indice d’octane élevé sont magistralement composées pour transmettre le frisson de la vitesse et la position de Senna dans le peloton. Bien que certaines scènes de course ultérieures montrent des signes d’assistance par images de synthèse (elles n’atteignent pas tout à fait la folie visuelle de Speed Racer, du moins à mon avis), elles conservent une dynamique réaliste et authentique. Les changements de vitesse, les crissements de pneus et les gros plans en contre-plongée de Senna au volant donnent vie au pouls de la piste.

Ces séquences rivalisent facilement avec des scènes similaires dans des productions à gros budget comme Rush ou Le Mans 66, probablement réalisées avec une fraction du budget. (Il est également utile que chaque course présente un nouveau défi passionnant pour Senna : conduire sous une pluie torrentielle ou gérer du ruban adhésif sur son moteur qui menace de provoquer une catastrophe avant qu’il ne surchauffe – ces détails rendent chaque course unique.)

Dans l’une des premières courses, la série passe un temps excessivement long à montrer un minuscule mille-pattes traversant la route alors que des voitures de Formule 1 approchent à des vitesses terrifiantes. Cette scène sert de métaphore visuelle parfaite du contraste entre la vitesse, la puissance et la fragilité.

 

 

Amour, patriotisme et histoires laissées au bord de la piste

 

Ayrton Senna est connu comme un porte-parole de son peuple, et la série essaie de le dépeindre – bien que de manière plutôt superficielle. La plupart du temps, elle tente de transmettre l’importance de Senna pour sa nation à travers des enfants brésiliens regardant les écrans de télévision, la bouche béante d’admiration, ainsi que quelques articles de journaux. Cependant, nous n’apprenons presque rien sur le chaos politique au Brésil à l’époque ni sur la façon dont Senna a lutté contre la crise de la faim infantile qui ravageait le pays. Ainsi, il est présenté davantage comme une sorte de mascotte nationale que comme une véritable icône politique.

La représentation des personnages féminins est également, malheureusement, sous-développée. La série Senna les utilise principalement comme des éléments décoratifs, des symboles sexuels ou des outils pour refléter la grandeur du protagoniste. Sa première épouse, Lilian (Alice Wegmann), n’a guère plus à faire que de tester la loyauté de Senna envers la course. De même, sa relation avec la star de la télévision brésilienne Xuxa (Pámela Tomé) n’est qu’effleurée, et son personnage manque cruellement de profondeur.

Il est intéressant de noter que le seul personnage féminin qui accompagne Senna tout au long de la série est entièrement fictif : Laura (Kaya Scodelario), une journaliste bilingue qui passe son temps à flirter et à livrer des monologues expliquant l’état actuel de la carrière de Senna. Elle est également censée représenter la relation souvent tendue de Senna avec la presse – mais elle le fait d’une manière plutôt superficielle et clichée.

 

 

Perte d’élan dans les derniers tours

 

Avec ses six épisodes d’une heure, Senna démarre en trombe mais tombe de plus en plus dans le piège des clichés de l’histoire du sport au fur et à mesure qu’elle progresse. (Oh, Senna ne se soucie que de la victoire, excluant tout le reste ? Et cette approche unilatérale ruine ses relations personnelles ? Quelle approche fraîche et originale !) Pourtant, la série pourrait être un choix idéal pour une soirée de vacances en famille, avec les sons déchirants des moteurs de Formule 1 en arrière-plan pendant que tout le monde est occupé à autre chose.

Cependant, si vous recherchez une description plus serrée, plus honnête et plus concise de la carrière de Senna, le documentaire d’Asif Kapadia de 2010 reste imbattable. Ce film a réussi à dépeindre de manière vivante non seulement le génie de la course de Senna, mais aussi les profondeurs de sa personnalité et la complexité du monde qui l’entourait. En revanche, la série Netflix ressemble souvent à un simple bruit de fond esthétique qui capte occasionnellement notre attention mais ne laisse aucune impression durable.

– Gergely Herpai „BadSector”-

 

Senna

Direction - 6.8
Acteurs - 7.2
Histoire - 6.5
Visuels/Musique/Sons - 8.2
Ambiance - 7.2

7.2

BON

Senna de Netflix dépeint de manière dramatique la vie d'Ayrton Senna mais n'atteint pas le niveau du documentaire d'Asif Kapadia de 2010. Si les scènes de course sont passionnantes et visuellement époustouflantes, le développement des personnages est superficiel et la description du contexte socio-politique n'est pas assez approfondie. Cependant, la performance passionnée de Gabriel Leone parvient à compenser les défauts de la série.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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