CRITIQUE DE FILM – Carry-On propose un thriller haletant dans l’univers des aéroports qui, bien qu’il soit captivant et divertissant, reste loin d’atteindre les sommets légendaires de 58 minutes pour vivre. Taron Egerton incarne un agent de sécurité aéroportuaire contraint de faire face à une menace mortelle plutôt qu’à la magie de Noël, alors qu’il tente d’empêcher une valise remplie d’agent neurotoxique Novitchok d’embarquer sur un vol commercial. Le résultat ? Un drame Netflix parfois invraisemblable, mais par moments réellement captivant.
C’est la veille de Noël dans un aéroport – que pourrait-il bien arriver de pire ? Tous ceux qui ont déjà eu l’audace de voyager durant les fêtes comprendront l’ironie amère de cette question, mais personne mieux que Bruce Willis dans 58 minutes pour vivre ne pourrait en ressentir le côté grotesque. Carry-On tente d’explorer une tension similaire dans un cadre festif, mais le fait avec nettement moins de succès.
Une valise mortelle sur le tapis roulant
La valise qui donne son titre au film n’est pas un bagage ordinaire : elle contient assez de Novitchok pour décimer une petite ville. Alors que le bagage se dirige vers les scanners de sécurité, sa cargaison létale menace de transformer un vol anodin en désastre si elle passe inaperçue.
Les criminels derrière ce complot – qui refusent d’être qualifiés de « terroristes » – comptent sur une aide interne pour réussir leur coup. Ethan Kopek, un modeste agent de sécurité à LAX (incarné par Taron Egerton), devient leur cible. Les malfaiteurs le forcent à collaborer en menaçant de tuer sa compagne enceinte (Sofia Carson) s’il ne laisse pas passer la valise meurtrière. Son dilemme est tragique : doit-il rester fidèle à son devoir et à ses principes, ou trahir tout ce qu’il considère comme sacré pour sauver la femme qu’il aime ?
Le film repose sur une prémisse solide, imprégnée de tension, bien que l’angoisse qu’il suscite s’apparente souvent à une nervosité oppressante plutôt qu’à un suspense véritable. Le spectateur sait qu’Ethan ne peut pas s’en sortir trop tôt, ce qui fait que l’on passe une bonne partie du film à le regarder tenter de se dépêtrer d’une situation de plus en plus désespérée.
Ethan, ou l’éveil de John McClane
« Arrête de réfléchir », ordonne une voix froide dans l’oreillette d’Ethan. Ce commandement glaçant émane d’un mercenaire calculateur, joué avec une sérénité glaciale par Jason Bateman. Son calme imperturbable et son regard perçant ancrent le récit et empêchent l’intrigue de sombrer dans le chaos.
Une autre consigne suit : « Ne fais rien. » Évidemment, Ethan fait tout le contraire. En découvrant son propre John McClane intérieur, il passe en mode héros d’action, courant frénétiquement dans le terminal pour tenter de reprendre la main. Bien qu’il ait déjà du sang sur les mains à cause des événements précédents, l’idée que des centaines de vies supplémentaires pourraient être perdues le pousse à agir.
Une démesure numérique face à la tension des terminaux
Par moments, l’histoire semble échapper au contrôle du réalisateur. Une scène de poursuite en voiture sur l’autoroute, surchargée d’effets spéciaux numériques, paraît inutilement excessive, flirtant avec le ridicule. En revanche, les séquences situées dans le terminal – dans des espaces confinés et anxiogènes – sont bien plus efficaces pour générer une tension authentique. Le réalisateur Jaume Collet-Serra (Non-Stop, Instinct de survie) démontre une fois de plus son talent pour construire un suspense oppressant dans des lieux restreints. Cependant, lorsque l’intrigue s’élargit à des scènes d’action à grande échelle, elle perd souvent en cohérence et en intensité.
Danielle Deadwyler, qui interprète une enquêtrice soupçonneuse tentant de démêler la menace imminente, livre une performance solide. Mais son personnage est desservi par un scénario qui privilégie le rythme et le spectacle à la logique. À la fin du film, elle est contrainte de prendre une décision irrationnelle, visiblement pour préserver un final aérien spectaculaire plutôt que de laisser son intelligence déjouer le complot.
Une distraction festive sans réalisme
Soyons honnêtes : on ne regarde pas Carry-On pour son réalisme ou sa profondeur narrative. Ce film est conçu pour animer une soirée tranquille de Noël sur Netflix, lorsqu’on préfère éviter le froid extérieur. Sur ce plan, il remplit parfaitement son rôle. Rapide, divertissant et facile à consommer, il s’apparente à une pomme de terre au four bien garnie – indulgent, peu nutritif, mais parfois exactement ce dont on a envie.
-Gergely Herpai « BadSector »–
Carry-On
Direction - 6.4
Acteurs - 7.1
Histoire - 5.8
Visuels/Musique/Sons/Action - 8.2
Ambiance - 6.4
6.8
CORREKT
Carry-On propose un thriller aéroportuaire tendu, parfois un peu excessif, porté par la performance solide de Taron Egerton. Bien que l’intrigue pousse parfois l’invraisemblance à son paroxysme, les scènes situées dans l’aéroport offrent une tension palpable. Un choix idéal pour une soirée légère, un film de Noël popcorn où l’on peut fermer les yeux sur quelques incohérences scénaristiques.