CRITIQUE DE SÉRIE – Mais qui est vraiment le Chacal ? Un milliardaire qui parcourt le monde depuis son somptueux domaine ? Un nettoyeur qui élimine les problèmes au sens propre comme au figuré ? Ou simplement un tueur à gages, accessoirement le meilleur sniper de la planète ? Selon Eddie Redmayne et la nouvelle série Le Chacal de SkyShowtime, il est tout cela à la fois — et bien plus encore.
Au cœur de la série Le Chacal, on trouve une partie de chat et souris d’une tension redoutable. Le Chacal de Redmayne gagne sa vie en éliminant des figures de la haute société pour des honoraires vertigineux. Rien n’est laissé au hasard : son identité reste un mystère, il ne laisse aucune trace et mène une routine rigoureusement orchestrée. Redmayne excelle dans sa capacité à changer de peau en un clin d’œil : tantôt chaleureux et engageant, tantôt un assassin froid et implacable. Son interprétation rend hommage aux grandes figures du cinéma d’espionnage, évoquant la précision glaciale d’Alain Delon dans Le Samouraï et les transformations fulgurantes de Tom Cruise dans Mission : Impossible.
Une partie de chat et souris à la vie, à la mort
Après avoir exécuté froidement un politicien influent, le Chacal devient la cible prioritaire de Bianca (Lashana Lynch), une agente de MI6 chargée de la tâche impossible de l’éliminer. Bianca est prête à tout — même à laisser derrière elle une traînée de cadavres pour arriver à ses fins.
Lashana Lynch brille dans ce rôle, incarnant avec brio les dilemmes intérieurs de son personnage, partagé entre son idéal de justice et le poids des vies qu’elle prend pour l’atteindre. La série pose une question essentielle : en quoi Bianca est-elle différente du Chacal ? La réponse est troublante dans sa simplicité : ni l’un ni l’autre ne peut prétendre à une justice véritable.
Ce n’est pas la première fois que Le Chacal, le roman de Frederick Forsyth, est adapté. Dans les années 1970, un film culte en avait été tiré, souvent considéré comme l’un des meilleurs films britanniques du XXe siècle. À l’époque, la cible était Charles de Gaulle, président de la France à la fin des années 1960. Pour cette version moderne, cependant, un tel contexte ne fonctionnerait plus : la cible est ici un philanthrope fictif dont le logiciel, River, promet de rendre publiques les dépenses des milliardaires. Une menace insupportable pour les puissants.
« Votre mission, si vous l’acceptez… »
Pour réussir une histoire centrée sur un assassin, les missions doivent captiver, et Le Chacal ne déçoit pas. Bien que le Chacal ne soit engagé que pour quelques contrats au fil de la série, chaque épisode regorge de moments palpitants — qu’il s’agisse d’assassinats méticuleusement planifiés ou de poursuites haletantes. Ironiquement, bien qu’il soit l’antagoniste, le Chacal gagne souvent la sympathie du spectateur. Les scènes de tentative d’assassinat, avec leur ingéniosité et leur tension, sont indéniablement les points forts de la série.
Cependant, l’étirement de l’intrigue sur plusieurs épisodes entraîne quelques longueurs. L’élément de remplissage le plus notable réside dans le personnage de Nuria, incarnée par Ursula Corbero. Présentée comme la touche d’humanité du Chacal, elle illustre plutôt sa seule véritable erreur. Pour un assassin méthodique et froid, une relation stable semble une aberration — un fantasme dans un monde où tout repose sur la pragmatique efficacité.
Le personnage de Nuria contraste fortement avec les autres protagonistes, souvent fascinants même dans leurs apparitions brèves. Des figures comme Timothy Winthorp (Charles Dance) captivent instantanément, Dance insufflant à son rôle une aura qui rappelle ses interprétations les plus mémorables. Richard Dormer, autre vétéran de Game of Thrones, impressionne également en jouant Norman, un marchand d’armes qui fabrique des armes imprimées en 3D pour le Chacal. Enfin, Eleanor Matsuura, dans le rôle de Zina Jansone, marque les esprits malgré un temps d’écran limité, agissant comme l’intermédiaire entre le Chacal et ses employeurs énigmatiques.
Une série haletante malgré quelques longueurs
Bien que Le Chacal donne parfois l’impression de tirer en longueur, il n’en reste pas moins un thriller captivant. Eddie Redmayne et Ronan Bennett méritent des éloges pour avoir conçu non seulement un anti-héros saisissant, mais aussi des personnages secondaires dont le sort importe réellement. La série confère une gravité palpable aux actions du Chacal, renforçant ainsi l’impact émotionnel de chaque corps laissé dans son sillage. Le Chacal s’impose comme l’une des surprises les plus marquantes de la saison.
-Gergely Herpai « BadSector »-
Le Chacal
Direction - 8.2
Acteurs - 8.4
Histoire - 7.4
Visuels/Musique/Sons/Action - 8.6
Ambiance - 8.2
8.2
EXCELLENT
Le Chacal est un thriller moderne et intense qui explore l’univers dangereux des assassins. Eddie Redmayne incarne magistralement le personnage du Chacal, tandis que la série maintient l’intérêt grâce à des missions captivantes et des rebondissements inattendus. Un exemple brillant de la façon de réinventer un classique pour un public contemporain.