CRITIQUE DE SÉRIE – Dune : Prophétie explore les origines de l’un des ordres les plus emblématiques et mystérieux de l’univers de Dune : les Bene Gesserit. Bien que la série élargisse la mythologie classique créée par Frank Herbert, elle semble souvent perdre son fil conducteur en cherchant à percer ces mystères. Malgré quelques moments intrigants et un casting solide, les quatre premiers épisodes ne parviennent pas à tenir pleinement les promesses ambitieuses de la série.
Voici une critique sans spoiler des quatre premiers épisodes de Dune : Prophétie. La série sera diffusée sur HBO et Max à partir du 17 novembre 2024, avec un nouvel épisode chaque dimanche jusqu’au 22 décembre.
Les pièges classiques des récits d’origine
Les récits d’origine tombent souvent dans le piège de la sur-explication, risquant ainsi d’éroder l’aura de mystère qui rend leur univers si captivant. Cette crainte était particulièrement présente avant de découvrir Dune : Prophétie, qui ambitionne de raconter la naissance et l’ascension des Bene Gesserit, une faction centrale dans la saga Dune. Le charme des Bene Gesserit réside depuis toujours dans les questions restées sans réponse : comment ces figures, à mi-chemin entre nonnes et sorcières, manipulent-elles les événements grâce à leurs capacités extraordinaires ? Quelle est l’étendue réelle de leur pouvoir ? Comment sont-elles devenues ces architectes secrets du destin humain dans un univers ayant banni les machines pensantes ? Répondre à ces interrogations est un défi de taille, et malheureusement, la série ne parvient qu’occasionnellement à y répondre avec succès.
Cela dit, les quatre premiers épisodes remplissent un objectif essentiel des récits d’origine : éclairer des éléments familiers sous un jour nouveau tout en élargissant la mythologie de l’univers de Dune. Les amateurs de la franchise se régaleront en repérant les clins d’œil à l’œuvre d’Herbert, avec des noms, des événements et des références bien connus disséminés tout au long de la série. Préparez-vous à partager des « mèmes Captain America », tant ces allusions sont nombreuses et réjouiront les fans de longue date. Cependant, contrairement aux films Dune de Denis Villeneuve, la série s’éloigne des influences culturelles musulmanes et arabes qui occupent une place si importante dans les romans, ce qui pourrait décevoir certains spectateurs. Cette absence pourrait décevoir certains spectateurs, car elle amoindrit la profondeur culturelle unique qui caractérisait l’œuvre originale.
Un voyage temporel controversé
Les récits de Frank Herbert ont toujours eu pour ambition d’explorer des thèmes philosophiques profonds, s’intéressant à la nature humaine, à la politique et à leurs interactions complexes. Pourtant, Dune : Prophétie semble souvent privilégier la construction d’un récit et d’un univers visuel au détriment de cette profondeur intellectuelle emblématique. L’idée d’une intrigue se déroulant 10 000 ans avant la naissance de Paul Atréides est indéniablement fascinante, mais la série peine à exploiter pleinement ce potentiel.
L’intrigue se concentre sur Valya (Jessica Barden et Emily Watson) et Tula Harkonnen (Emma Canning et Olivia Williams), qui dirigent une communauté précurseur de l’ordre des Bene Gesserit. Située dans les suites de la Djihad Butlerienne, l’histoire dépeint une humanité en pleine reconstruction de sa civilisation après l’éradication des intelligences artificielles et des ordinateurs. Bien que la narration aborde également l’émergence de l’Imperium, l’empire galactique humain, ces éléments manquent de profondeur et ne parviennent pas à captiver pleinement l’attention des spectateurs.
Les manœuvres politiques de l’empereur Javicco Corrino (Mark Strong) et les rébellions clandestines des ancêtres des Atréides (Chris Mason) devraient avoir un impact considérable, mais ces intrigues manquent de poids et de gravité. Malgré un contexte historique grandiose, ces sous-intrigues donnent l’impression de n’être que des décors creux plutôt que des éléments enrichissants de la série.
Les moments les plus forts de la série résident dans la représentation des années de jeunesse de Valya et Tula, interprétées avec brio par Jessica Barden et Emma Canning. Ces flashbacks non seulement approfondissent les conflits actuels des sœurs, mais explorent également des thèmes tels que la trahison et les aspects sombres de la nature humaine. L’exploration des racines du conflit entre les Harkonnen et les Atréides, ainsi que les luttes personnelles des sœurs face à la trahison et à la perte, s’avèrent bien plus captivantes que les intrigues politiques à grande échelle. Ces séquences émotionnellement riches insufflent une véritable humanité à une série qui, par moments, peut sembler trop froide dans sa narration.
Des bases prometteuses, une exécution inégale
Dune : Prophétie enrichit la franchise en explorant les origines de l’ordre des Bene Gesserit, ajoutant des couches fascinantes pour les fans familiers des romans ultérieurs. Jessica Barden, Emily Watson, Emma Canning et Olivia Williams livrent des performances remarquables en incarnant les matriarches des Harkonnen, et leurs arcs narratifs sont les points forts de la série. Cependant, le manque d’une vision cohérente empêche cette préquelle d’atteindre les sommets fixés par les livres et les films originaux.
-Herpai Gergely « BadSector »-
Dune: Prophétie
Direction - 6.4
Acteurs - 5.8
Histoire - 6.2
Visuels/Musique/Sons - 6.8
Hangulat - 6.4
6.3
KORREKT
Bien qu’il y ait des moments qui rappellent l’atmosphère de Dune et de Dune : Deuxième Partie, Dune : Prophétie peine à maintenir ce ton tout au long de ses quatre premiers épisodes. Les personnages bien développés et quelques moments émotionnellement marquants ne suffisent pas à compenser une narration plus faible et des défauts visuels. En fin de compte, Dune : Prophétie est une tentative ambitieuse qui montre du potentiel, mais qui ne parvient pas encore à être à la hauteur de l’héritage emblématique de la franchise.