Gladiateur II – Denzel Washington prend la vedette et insuffle une énergie inédite dans la suite bien rodée de Ridley Scott

CRITIQUE DU FILM – En 2000, Ridley Scott nous avait offert Gladiateur, une épopée poignante et spectaculaire qui, en plus d’être le deuxième plus grand succès de l’année, a remporté les Oscars du Meilleur film et du Meilleur acteur. Ce dernier est allé à Russell Crowe pour son interprétation mémorable de Maximus, général romain assoiffé de vengeance après l’assassinat brutal de sa femme et de son fils, ce qui l’entraîne dans l’univers impitoyable de l’esclavage.

 

Lorsqu’un film connaît un tel succès, il est inévitable que les producteurs y voient une mine d’or et rêvent de suites. Mais Gladiateur avait un dénouement plutôt définitif : Maximus meurt après avoir vaincu l’empereur maléfique Commode (joué de manière brillante par Joaquin Phoenix). Cela n’a pourtant pas découragé les studios, qui ont mis des décennies à convaincre Scott de lancer une suite. À un moment, le rockeur gothique et scénariste occasionnel Nick Cave s’était même vu proposer d’écrire un scénario surnaturel où Maximus revenait d’entre les morts et se retrouvait dans l’époque contemporaine. Un concept intrigant, mais probablement trop audacieux pour être réalisé.

Aujourd’hui, 24 ans après l’original, Scott nous propose Gladiateur II, un film qui commence presque comme une répétition des scènes marquantes du premier… jusqu’à un virage inattendu. Sans vouloir dévoiler de détails, il est clair que Scott et le scénariste David Scarpa (auteur également des scénarios de Tout l’argent du monde et Napoléon) jouent habilement avec les attentes du public. Ils nous séduisent d’abord avec des éléments familiers, puis prennent la tangente et semblent dire : « Maintenant que vous êtes à l’aise, préparez-vous à être surpris. »

Cette approche, toutefois, n’est pas sans défaut. Tandis que le premier acte, familier, reste captivant, les retournements du troisième acte sont nettement plus fascinants, et l’on en vient à regretter que l’ensemble du film ne se soit pas centré sur cette direction novatrice. Scott et Scarpa auraient pu condenser les deux premiers actes pour se concentrer sur ce tournant original. Cela dit, Gladiateur II livre une expérience de blockbuster solide et divertissante, rappelant que même à 86 ans, Ridley Scott demeure un maître du spectacle.

 

 

Denzel Washington, le véritable atout de Gladiateur II

 

Gladiateur II se déroule 16 ans après les événements du premier film, et suit une recette éprouvée : un homme perd un être cher, est réduit en esclavage, jure de se venger de Rome et devient gladiateur. Cette fois, il s’agit de Lucius, le jeune garçon du premier film, désormais adulte et interprété par Paul Mescal. Bien que Mescal soit convaincant, son personnage semble quelque peu terne dans ce contexte. Dès les premières scènes, l’identité de Lucius est censée rester mystérieuse, mais comme les bandes-annonces et le matériel promotionnel l’ont déjà révélé, il n’y a plus de surprise. Lucius est d’origine noble, mais dans son enfance, sa mère Lucilla (jouée à nouveau par Connie Nielsen) l’avait éloigné pour sa sécurité. Lucius a donc reconstruit sa vie et s’est même marié, mais lors de la scène d’ouverture spectaculaire, il assiste à l’exécution de sa femme sur ordre du général romain Acacius (Pedro Pascal). Naturellement, Lucius conçoit un plan de vengeance.

Mais Acacius n’est pas l’ennemi impitoyable que Lucius imagine. Fatigué par les guerres interminables de Rome, Acacius méprise les co-empereurs Geta (Joseph Quinn) et Caracalla (Fred Hechinger), dont les décisions ruinent l’empire. Acacius rêve d’un avenir meilleur pour Rome. De son côté, Lucius est contraint de devenir gladiateur, ayant été acheté par Macrinus (Denzel Washington), un marchand de gladiateurs charismatique. La performance de Washington est tout simplement magistrale : il vole la vedette, et le film perd un peu de son éclat lorsqu’il n’est pas à l’écran. Paul Mescal est un acteur talentueux, mais ici, le personnage de Lucius n’est pas le plus captivant, et ses moments de grande intensité émotionnelle semblent parfois manquer de profondeur.

Quant à Macrinus, Washington le campe d’abord comme un personnage secondaire rappelant le mentor qu’Oliver Reed incarnait dans le premier film. Mais Macrinus a ses propres ambitions. Il complote en permanence, révélant peu à peu ses intentions. Sans en dire trop, il est clair que l’arc de Macrinus est l’un des aspects les plus palpitants de Gladiateur II. Désolé, Lucius, mais on en veut plus de Macrinus ! Washington reste toujours subtil, mais domine chaque scène avec un sourire en coin et un regard espiègle qui captivent immédiatement. Le voir à l’écran est un vrai plaisir.

 

 

Gladiateur II est une fresque d’action épique

 

La suite est riche en rebondissements (certains pourraient même dire qu’il y en a trop), mais son attrait réside avant tout dans les batailles de gladiateurs magistrales. Bien que l’action ne soit pas aussi intense que dans le premier film, Scott pousse chaque scène à une échelle toujours plus grande. Dans une scène exagérée (mais qui figure dans les bandes-annonces, donc pas de spoiler), le Colisée est inondé pour une bataille navale simulée, avec des requins ajoutés pour l’effet dramatique ! C’est absurde mais captivant. La présence d’autres animaux extravagants reste crédible, et bien que l’inondation du Colisée soit historiquement documentée, les requins semblent être une pure invention. Par moments, on s’attend presque à entendre la musique de Les Dents de la Mer de John Williams.

Le bestiaire ne s’arrête pas là. Dans une scène, des babouins enragés attaquent les gladiateurs, et ailleurs, un gladiateur charge au combat en chevauchant un rhinocéros. L’ensemble évoque parfois plus un jeu vidéo qu’un film historique.

Bien entendu, Scott ne vise pas l’exactitude historique ici. Certains personnages sont inspirés de figures réelles (comme les co-empereurs), mais Scott a souvent déclaré qu’il ne s’attache pas aux détails historiques. Et pourquoi le devrait-il ? Scott crée des œuvres de pur divertissement, pas des leçons d’histoire. Si le premier Gladiateur a remporté des Oscars, ce n’était pas pour son réalisme historique – c’était un film d’action intense qui a su capter un large public. Gladiateur II atteindra-t-il les mêmes sommets ? Difficile à dire, mais la performance de Washington pourrait bien lui valoir une nomination pour le Meilleur second rôle.

En dehors de Mescal et Washington, le reste du casting remplit bien son rôle. Pascal, bien que présent dans un rôle plus modeste que prévu, insuffle de la dignité à son personnage de général désabusé. Nielsen reste fidèle au personnage de Lucilla, souvent en larmes. Quinn et Hechinger sont captivants en tant que co-empereurs sinistres (le personnage de Hechinger reçoit même un singe pour accentuer son extravagance). Alexander Karim mérite également une mention pour son interprétation de médecin soignant Lucius – un petit rôle, mais mémorable.

 

 

Gladiateur II livre ce qu’on attend

 

Outre les performances, presque tous les autres éléments de Gladiateur II sont de haute volée : les décors sont somptueux, la photographie de John Mathieson exploite magnifiquement la lumière naturelle, les effets visuels sont réalistes, et la musique de Harry Gregson-Williams rend hommage aux compositions iconiques de Hans Zimmer. Pourtant, cette suite semble parfois trop s’appuyer sur l’aura de l’original. Juger un film pour ce qu’il aurait pu être peut paraître injuste, mais Gladiateur II aurait gagné en profondeur s’il s’était davantage concentré sur les révélations du troisième acte.

Cela dit, Gladiateur II livre ce qu’on attend. Il ne réinvente pas la roue, mais il n’a pas besoin de le faire. Scott ne cherche pas ici à créer un chef-d’œuvre absolu ; il se contente d’offrir un film d’action captivant avec un esprit cinématographique classique. Malgré les intrigues du troisième acte, Gladiateur II reste un film au scénario simple, et c’est peut-être là sa plus grande force. Scott nous transporte loin du quotidien et nous plonge dans une suite hollywoodienne clinquante, agrémentée en bonus de la performance magistrale de Denzel Washington. Ridley Scott approche des 90 ans, mais comme les empereurs romains savaient offrir du « pain et des jeux », il sait toujours divertir les foules avec une bonne dose d’action spectaculaire et sanglante.

-Gergely Herpai „BadSector”-

 

Gladiator II

Direction - 7.4
Acteurs - 7.6
Histoire - 6.4
Visuels/Action/Musique/Sons - 8.2
Ambiance - 7.4

7.4

BON

Gladiateur II est une suite visuellement impressionnante, qui souffre parfois de clichés et s'appuie un peu trop sur l'héritage du premier film. La performance éblouissante de Denzel Washington rehausse considérablement le film, mais sans lui, le récit s’essouffle par moments. Ridley Scott sait encore comment captiver son public, même s'il opte ici pour une approche prudente et sans grande prise de risque.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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