CRITIQUE CINÉMA – Killer Heat est un film noir brûlant qui se déroule sur une île grecque étouffante, avec Joseph Gordon-Levitt et Shailene Woodley dans l’histoire d’un triangle amoureux mortel. Le film est inspiré d’une nouvelle de Jo Nesbø, mais il emprunte beaucoup aux clichés des classiques du film noir. Ce film, sorti cette année, vient d’être ajouté au catalogue d’Amazon Prime, et c’est l’occasion idéale pour en parler.
Un bon film noir, comme Love Lies Bleeding, conserve toujours une touche de modernité, même s’il se déroule dans le passé, car les enjeux de vie ou de mort doivent toujours sembler pressants. Killer Heat, en revanche, sans être complètement démodé, reste une réminiscence familière des histoires de détectives noirs que nous avons déjà vues à maintes reprises. Tout d’abord : pouvait-on imaginer un titre plus mauvais ? On croirait le titre d’un thriller des années 80, sorti directement en VHS, avec Jim Belushi et Daphne Zuniga. Le film débute avec la voix grave et posée de Joseph Gordon-Levitt (qui a toujours cette allure de grand frère intellectuel de Keanu Reeves), nous livrant une réflexion philosophique : « Le mythe d’Icare se déroule à Crète. Apparemment, personne n’a retenu la leçon là-bas… »
Des jumeaux malicieux
Juste au moment où vous êtes sur le point de décrocher, Joseph Gordon-Levitt, dans le rôle de Nick Bali, un détective privé coiffé d’un fedora, rencontre Shailene Woodley, qui incarne Penelope Vardakis, la riche épouse désabusée d’un magnat de la navigation basé à Crète. Le frère de son mari vient de trouver la mort lors d’une escalade en solo, mais Penelope est convaincue qu’il s’agit d’un meurtre. Elle engage Nick pour enquêter discrètement sur cette affaire, car la famille Vardakis contrôle non seulement la police locale, mais aussi l’ensemble de l’île.
Le premier élément à noter : Elias, le mari de Penelope, et son défunt frère Leo sont des jumeaux identiques. Les deux rôles sont incarnés par Richard Madden, qui, malgré son apparence un peu trop lisse au premier abord, finit par montrer l’étendue de son talent. Il interprète principalement Elias, qui règne sur l’île par la violence et l’extorsion, et qui s’énerve facilement. Mais dans les flashbacks, Madden campe Leo, plus doux et plus aimant, le premier des deux frères à être tombé amoureux de Penelope. Ils se rencontrent à Oxford, et leur relation devient de plus en plus compliquée. C’est alors qu’Elias élabore une ruse diabolique : il organise une rencontre entre Leo et Penelope, mais se présente lui-même à la place de son frère. Une scène qui rappelle le film Faux-semblants de David Cronenberg (1988), où Jeremy Irons incarnait des jumeaux gynécologues aux comportements troubles.
Le prix de la passion
La scène de chambre entre Penelope et Elias (se faisant passer pour Leo) est particulièrement réussie (on pourrait dire qu’il y a une certaine tension brûlante), à tel point qu’on aurait aimé que le film explore davantage cette direction : plus d’usurpation d’identité, plus de rivalité entre frères. Mais nous revenons rapidement au présent, où Killer Heat devient un simple triangle amoureux meurtrier, bien que la dynamique de ce triangle évolue quelque peu. Penelope et Leo ont-ils réellement eu une liaison ? Et comment Leo a-t-il été assassiné ? Ce sont les questions auxquelles Nick, accompagné d’un policier local joué par Babou Ceesay, tente de répondre.
Killer Heat est basé sur L’Homme jaloux, une nouvelle de Jo Nesbø. Pourtant, tout le mystère et l’intrigue qui pouvaient exister dans l’histoire originale sont largement atténués dans ce film, où les révélations sont plutôt perçues comme des points à relier. Le réalisateur Philippe Lacôte parvient à dérouler le récit de manière habile, mais quelque chose manque : la chaleur, justement. Peut-être est-ce dû au fait qu’il essaie de donner trop d’émotion à chaque intrigue. Nick enchaîne les bouteilles de whisky pour noyer son chagrin après avoir perdu sa famille. Son épouse, Monique (interprétée par Abbey Lee), a eu une liaison, ce qui fait écho au thème central de la jalousie meurtrière du film. Mais la façon dont tout cela est résolu est bien trop simpliste : un film noir qui se termine sur une note bien trop propre et sans relief.
-Gergely Herpai « BadSector »-
Killer Heat
Direction - 5.6
Acteurs - 6.4
Histoire - 6.1
Visuels/Musique/Sons/Action - 5.9
Ambiance - 6.4
6.1
CORREKT
Killer Heat expose un triangle d’amour, de meurtre et de jalousie sur une île méditerranéenne, mais l’intrigue finit par s’essouffler sous le poids de rebondissements trop clichés.