CRITIQUE DE FILM – George Clooney et Brad Pitt prouvent une fois de plus que leur alchimie à l’écran est incomparable, même si le film vacille par moments. Dans Wolfs, une comédie d’action, le duo livre un mélange parfait de tension et d’humour, comme on pouvait s’y attendre. Le réalisateur Jon Watts exploite habilement leur charisme naturel, mais le scénario peu développé et quelques problèmes de rythme empêchent le film d’atteindre tout son potentiel. Néanmoins, le public sera captivé par les dialogues acérés et le charme nostalgique que Clooney et Pitt insufflent à l’écran.
Les meilleures comédies de duo ont toujours reposé sur un subtil équilibre entre tension et camaraderie forcée. Alors que cette magie provient souvent de l’interaction entre les protagonistes, certains projets peuvent échouer si la chimie ne fonctionne pas. Cependant, quand elle est présente, les échanges vifs et les scènes d’action palpitantes en font une combinaison irrésistible. C’est précisément ce qui se passe dans Wolfs, où la chimie éprouvée de Clooney et Pitt rehausse cette nouvelle comédie d’action de Jon Watts. Fraîchement sorti de sa trilogie Spider-Man pour Marvel, Watts réunit les deux stars hollywoodiennes dans le rôle de nettoyeurs rivaux, contraints de collaborer pour une mission à haut risque. Bien que le duo charismatique insuffle beaucoup d’intrigue et d’énergie au film, Wolfs trébuche parfois sur son scénario léger et son rythme inégal.
Sur le plan visuel, cependant, Watts et son équipe livrent un film saisissant. L’utilisation des nuits d’hiver en toile de fond reflète la distance émotionnelle entre ces « loups solitaires », faisant presque du décor un personnage à part entière. L’environnement froid et impitoyable établit parfaitement l’atmosphère, amplifiant la tension et le chaos entre les deux protagonistes. Watts montre qu’il est capable de créer des personnages convaincants, sans capes ni superpouvoirs, et de faire briller leurs dimensions humaines. Si les personnages sont suffisamment étoffés pour capter notre intérêt et nous donner envie de découvrir la suite (surtout avec une suite déjà annoncée), le rythme inconsistant et l’intrigue mince de Wolfs l’empêchent de pleinement tirer parti du potentiel de ses stars.
De quoi parle Wolfs ?
Wolfs suit l’histoire de Jack (Clooney) et Nick (Pitt), deux « loups solitaires » réputés pour résoudre des situations épineuses, comme celle dans laquelle se retrouve Margaret (Amy Ryan) dans un hôtel luxueux de Manhattan. Après une aventure désastreuse entre l’adjoint du procureur et un jeune homme maladroit, connu uniquement sous le nom de « The Kid » (Austin Abrams), ce dernier est retrouvé « mort » sur le sol de la chambre d’hôtel. Jack et Nick sont appelés pour nettoyer les lieux. Cependant, ils sont contraints de travailler ensemble, à contrecœur, pour régler la situation.
Ce qui s’ensuit est une comédie de duo pleine de sarcasmes mordants et d’humour cynique, alors que la rivalité professionnelle de Jack et Nick crée de nombreuses frictions, même si les deux hommes sont tout aussi compétents. Leur dynamique façon « Oscar et Félix » suscite de nombreux éclats de rire et crée une ambiance nostalgique, nous rappelant pourquoi ces deux acteurs sont si aimés. Au fil de l’histoire, il est révélé que The Kid n’est pas mort, bien au contraire – il est bien vivant, un étudiant en commerce bavard qui a accidentellement fait une overdose d’héroïne alors qu’il accomplissait une mission pour un ami. L’affaire étant inachevée, Jack et Nick doivent composer avec cet acolyte maladroit, qu’ils méprisent d’emblée pour sa négligence, afin de l’aider à rendre les drogues à leurs propriétaires – des mafieux albanais.
Au fur et à mesure que la nuit avance, le décor évolue subtilement, reflétant la camaraderie croissante du trio dans un cadre de plus en plus intime. Le film offre non seulement des moments hilarants entre Clooney et Pitt, mais introduit aussi un niveau de chaos supplémentaire, à mesure que The Kid complique les choses. Watts utilise avec habileté des angles créatifs pour instaurer une énergie dynamique qui complète parfaitement l’humour du film, avec des scènes mémorables telles qu’une élimination de cadavre absurde ou une poursuite désopilante où Nick, défiant son âge, tente d’attraper un homme sous l’emprise de la drogue, courant en caleçon dans les rues de Manhattan. Dans ces rues hostiles, Wolfs s’avère incroyablement divertissant, avec un charme hollywoodien classique et une photographie inspirée du noir qui, combinée à l’humour, confère un rythme plus détendu au film.
Clooney et Pitt livrent exactement ce qu’on attend
Il n’est pas surprenant que la chimie entre Clooney et Pitt soit ce qui rend Wolfs si agréable. Leur charisme naturel et leur sens de l’humour démontrent pourquoi ils restent parmi les acteurs les plus fiables d’Hollywood, équilibrant à merveille tension et comédie dans chaque scène. Leurs joutes verbales constantes offrent des moments vraiment divertissants, rappelant leurs jours dans Ocean’s Eleven, où ils jouaient déjà de leurs forces respectives. Watts mélange habilement action, comédie et suspense, mais Clooney et Pitt sont clairement le cœur et l’âme de cette comédie déjantée et imprévisible. Par des gestes subtils et des expressions discrètes, le duo insuffle beaucoup d’émotion au film, soutenu par leurs échanges spirituels et leur tension comique. Leur dynamique en dit long, même sans paroles, comme dans les scènes où ils cherchent tous deux de l’Advil ou leurs lunettes, véhiculant un humour auto-dérisoire avec une finesse remarquable.
Le charme légendaire de Clooney et son esprit vif captivent à chaque instant. Son interprétation d’un nettoyeur chevronné, dont l’apparence calme cache un professionnalisme éprouvé par la vie, renforce la tension du film tout en rendant son personnage profondément humain. De son côté, Pitt apporte son énergie caractéristique, à la fois arrogante et sympathique, livrant une performance imprévisible et nuancée. Nick est plus difficile à cerner que Jack, qui est plus ancré dans la réalité, ce qui rend leur dynamique excitante et ajoute de la profondeur au film, rendant même les scènes plus lentes mémorables.
Bien que Pitt et Clooney dégagent un mélange rare de gravité de star de cinéma et de légèreté comique, Austin Abrams se distingue également aux côtés de ces vétérans d’Hollywood. En injectant une énergie nouvelle dans la dynamique de ces deux « vieux loups fatigués », Abrams (connu pour Euphoria et Dash & Lily) devient une pièce essentielle de l’intrigue, offrant un contraste frappant avec les personnages de fixeurs plus grands que nature. Ses répliques pleines d’esprit et ses maladresses sociales, livrées au milieu du chaos, ajoutent de la profondeur aux moments les plus absurdes du film, tout en renforçant l’enjeu émotionnel, sans jamais faire de l’ombre aux stars principales.
Un coup de dent léger, mais Wolfs reste divertissant
Malgré la chimie éclatante entre Clooney et Pitt, Wolfs manque certaines occasions de briller. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne sera pas plaisant à revoir lorsqu’il sera diffusé sur Apple TV+ après sa sortie en salles. Cependant, le film souffre d’un manque de profondeur et de complexité scénaristique, déambulant parfois sans donner suffisamment d’espace aux retournements de situation qui auraient pu l’élever. Ce n’est pas un film qui cherche à réinventer le genre, mais il reste un peu trop simpliste. Certaines scènes s’éternisent, contribuant à un rythme inégal, comme le nettoyage de la chambre d’hôtel ou la séquence de poursuite, conçue uniquement pour l’effet comique, ce qui laisse certains moments inaboutis. De nombreuses questions restent sans réponse, comme l’identité exacte de Margaret ou le lien entre The Kid et les trafiquants de drogue. Poorna Jagannathan fait également une brève apparition intrigante dans le rôle de Lily, une femme au passé mystérieux avec les deux héros, mais son rôle est trop peu développé.
Tout cela mène à une fin abrupte, qui prend tout son sens lorsque l’on comprend que Watts pose les bases d’un potentiel univers pour Apple TV+. Bien qu’il ait plus de poids en termes de stars que les blockbusters que Netflix nous propose à la chaîne, il manque quelque chose à l’expérience. Le récit semble rester en surface, s’appuyant trop sur le charme de Clooney et Pitt. Ce qui devrait être des éléments cruciaux est souvent passé sous silence ou simplement esquissé, laissant les personnages paraître sous-développés malgré les performances convaincantes. La tension initiale et la rivalité entre les deux protagonistes ne progressent jamais vraiment, surtout si on les compare aux buddy comedies les plus réussies.
Bien que le film soit incontestablement amusant, cet aspect limite son impact durable, malgré son côté agréable. Wolfs est plus léger qu’on ne l’aurait imaginé et, en tant que comédie d’action, le nombre de victimes est étonnamment bas, le film misant davantage sur son ton humoristique. La collision automobile en slow motion, avec son côté slapstick, est l’un des moments les plus drôles du film et témoigne du talent de Watts pour la comédie visuelle. C’est un spectacle rare dans les comédies contemporaines, et il complète parfaitement l’ambiance du film, rendant Wolfs unique et intelligent. En tant que film porté par la chimie indéniable de ses stars, Wolfs puise sa plus grande force dans l’alchimie fluide entre Clooney et Pitt, malgré ses lacunes scénaristiques. Pour les amateurs de comédies d’action légères, Wolfs est une véritable réussite – même si elle ne laissera peut-être pas une empreinte indélébile.
-Gergely Herpai « BadSector »-
Wolfs
Direction - 7.3
Acteurs - 8.4
Histoire - 6.2
Visuels/Musique/Sons/Action - 7.4
Ambiance - 7.2
7.3
BON
Clooney et Pitt apportent leur charisme et leur humour à Wolfs, mais le scénario mince et le rythme inégal laissent cette comédie de duo en quête de plus de profondeur.