CRITIQUE DE LA SÉRIE – Dans le sixième épisode de la série animée Batman : The Caped Crusader, se déroule une scène qui résume parfaitement l’ensemble de la série : alors que deux agents de sécurité discutent de la détérioration de la situation économique et sociale de Gotham City, un cavalier fantôme bleu du XVIIIe siècle les vole avec un silex, puis les interrompt d’un rire vicieux. Cette scène montre à la fois le côté ridicule et sérieux de la série, tout en reflétant la sombre réalité de la ville et de ses habitants.
Au cœur de l’histoire se trouve Bruce Wayne (Hamish Linklater), alias Batman, qui mène une guerre individuelle contre les criminels de Gotham City. Derrière le masque d’un mondain, Wayne est en réalité un héros stoïque qui est à la fois un détective intellectuel et un justicier impitoyable. Son histoire d’origine – la perte de ses parents lors d’un cambriolage qui a mal tourné – reste inchangée, mais cette adaptation réussit particulièrement bien à rendre compte de son obsession pour la lutte contre le crime. Bien qu’il ne soit pas aussi instable que le personnage du Batman de Robert Pattinson, il est clair que, malgré son intelligence et sa force physique, il vit dans l’ombre de son passé.
Un vrai classique, une atmosphère de film noir
Le personnage de Batman réimaginé est en grande partie conforme aux représentations récentes, mais la plus grande différence est que l’histoire se déroule dans les années 1940, et le style visuel est donc adapté en conséquence. À l’instar de “Batman : The Animated Series”, cette série utilise des éléments de roman noir : la ville de Gotham dégage une menace tranquille, la lumière entrant par les fenêtres fermées et les ombres se cachant dangereusement dans les coins.
L’effet peint des environs de Gotham évoque le monde de l’animation pré-numérique, tandis que les immenses bâtiments Art déco ajoutent à l’atmosphère sombre. L’influence de Bruce W. Timm, co-créateur de Batman : The Animated Series, est particulièrement évidente dans cette atmosphère sombre et sinistre. Bien que l’animation soit parfois un peu raide et ne tire pas toujours parti de la puissance des décors et des compositions visuelles (en particulier les expressions faciales), cette vision de Gotham s’intègre bien dans l’univers visuel de la série.
De nouvelles approches pour de vieux personnages
Comme l’adaptation animée mémorable de Timm, Batman : The Caped Crusader fait du bon travail en présentant les méchants dans deux rôles : en tant qu’adversaires à temps partiel et en tant que personnages plus complexes et sympathiques. Dans le premier cas, la série est souvent structurée en épisodes, Batman affrontant un nouvel adversaire à chaque aventure et utilisant ses talents de détective pour résoudre un crime ou un mystère. Ces confrontations ont un charme amusant qui rappelle l’absurdité joyeuse des anciennes bandes dessinées.
Cependant, même dans ses épisodes les plus anodins, la série construit des intrigues cohérentes qui s’articulent autour des grands méchants, dont beaucoup ont des qualités humaines et des motivations nuancées convaincantes qui les distinguent des précédentes représentations négatives de ces personnages. Certains d’entre eux essaient sincèrement de rendre Gotham meilleure (bien qu’avec un peu de suffisance), et la favorite des fans, Harley Quinn (Jamie Chung), en est un excellent exemple – ici, sa personnalité change quelque peu par rapport aux précédentes, devenant cool et presque gentille lorsqu’elle travaille comme psychiatre, alors qu’elle est froide et terrifiante lorsqu’elle se transforme en son alter ego. D’une certaine manière, ses actions ont des résultats plus positifs que celles de Batman (même si ses outils sont plus grossiers), ce qui est particulièrement excitant lorsqu’elles s’affrontent. Harvey Dent (Diedrich Bader) est également un personnage intéressant, un procureur dont le seul “péché” est son désir de gravir l’échelle sociale le plus rapidement possible, et qui veut sincèrement faire de cette ville corrompue un meilleur endroit en se présentant contre le maire complaisant actuel, mais qui est forcé de faire des alliances douteuses pour gagner.
Ces nouvelles approches des personnages et des thèmes existants aident la série à développer sa propre identité, la libérant de l’ombre de ses prédécesseurs. Barbara (Krystal Joy Brown), par exemple, est une avocate de la défense qui s’oppose à son père, le chef de la police Jim Gordon (Eric Morgan Stuart), à cause de ses méthodes “dures contre le crime”, ce qui reflète l’approche plus réfléchie de la série sur ces questions. Le côté positif est que le casting est diversifié et que nous avons également l’occasion de voir une jolie romance entre Harley et un prétendant qui, cette fois, n’est pas un clown maléfique.
Le Batman imparfait doit aussi affronter ceux qui luttent contre le système corrompu
Cette fois, Batman combat littéralement des méchants caricaturaux, mais il semble souvent que ses plus grands adversaires ne soient pas les méchants colorés et changeants, mais les systèmes corrompus qui empêchent Gotham de changer. Nous voyons, par exemple, une force de police presque entièrement corrompue à la solde du crime organisé, et une machine politique qui utilise la police pour améliorer sa propre image. Harley et Dent se heurtent à ce système corrompu, et il est donc particulièrement douloureux que Batman soit contraint de les arrêter. L’astuce scénaristique classique consistant à créer des parallèles entre le protagoniste et les antagonistes fonctionne bien ici, grâce à la caractérisation complexe des antagonistes et à la construction d’un héros loin d’être irréprochable.
Ce que nous obtenons, c’est une série Batman qui conserve l’atmosphère souvent désespérée et sombre de ses prédécesseurs, tout en offrant une lueur d’espoir que cette métropole peut être un endroit meilleur. Il ne s’agit pas d’un reboot complet, mais plutôt d’un remake avec de nouvelles idées.
Les problèmes de la première saison
Cependant, s’il y a un problème majeur avec cette première saison, c’est que, bien que les épisodes individuels soient divertissants et que le récit cohérent soit généralement bien fait, il n’y a pas assez de temps pour se dérouler complètement, car la courte durée de la saison de dix épisodes est divisée entre les modes de narration épisodique et sérielle.
Par exemple, l’histoire d’Harley se termine trop rapidement, et bien que nous ayons quelques aperçus bien développés de l’histoire de notre héros, il aurait fallu plus de temps pour mieux décrire son parcours. Je ne me languis pas d’une saison de 65 épisodes comme la première série de Batman : The Animated Series, mais quelques épisodes de plus auraient donné l’occasion à des détours amusants et à des intrigues cohérentes de se déployer.
En définitive, si cette adaptation propose une réimagination suffisamment stimulante, il manque encore quelques Bat-flaps pour qu’elle soit à la fois un classique totalement unique et révolutionnaire.
-Gergely Herpai „BadSector”-
Batman: Caped Crusader
Direction - 8.1
Voix de doublage - 7.6
Histoire - 8.4
Visuels/animation/musique/sons - 8.6
Ambiance - 8.1
8.2
EXCELLENT
Batman : Caped Crusader est un début prometteur qui pourrait devenir encore plus fort à l'avenir. Le nouveau regard sur les personnages et l'atmosphère que la série transmet est une version rafraîchissante de l'histoire classique. Avec plus de temps pour se développer, elle pourrait même se hisser au sommet des meilleures séries animées sur Batman.