CRITIQUE DE SÉRIE – Le mois dernier, Netflix a présenté une minisérie intitulée Baby Reindeer, une comédie noire semi-autobiographique de Richard Gadd, qui explorait des thèmes profonds et sombres. La nouvelle série Eric, avec Benedict Cumberbatch en vedette, partage de nombreuses similitudes avec Baby Reindeer, dans son audace à aborder des thèmes pertinents mais lourds, comme si elle les empilait les uns sur les autres.
Une série centrée sur un enfant disparu n’est pas une nouveauté; après tout, c’est ainsi que Stranger Things a commencé. Mais lorsqu’on ajoute des problèmes de racisme, de corruption policière, de sans-abrisme, de l’épidémie de SIDA et de dépendance, et qu’on y insère une marionnette géante qui parle, on obtient Eric. La série d’Abi Morgan traite de nombreux sujets, et son argument de vente unique d’une star comme Cumberbatch travaillant avec une marionnette géante est sûr d’attirer l’attention.
Ce drame captivant de bien des façons raconte l’histoire de Vincent, un père tourmenté par la disparition de son jeune fils, Edgar, dans le New York des années 1980. Alors que Vincent plonge dans le paysage urbain chaotique à la recherche de son fils, il dépend de plus en plus d’Eric, une marionnette qu’il a créée, pour faire face à son désespoir. Eric évolue d’une simple marionnette à une présence significative dans la vie de Vincent, l’aidant à naviguer dans ses émotions et les défis qu’il rencontre.
De quoi s’agit-il dans ‘Eric’?
Situé dans le New York des années 1980, l’histoire nous présente Vincent (Cumberbatch), un marionnettiste narcissique, troublé mais extrêmement talentueux, co-créateur de la populaire émission pour enfants Good Day Sunshine. Le mariage de Vincent avec Cassie (Gaby Hoffmann) s’effondre rapidement, et leur fils précoce de neuf ans, Edgar (Ivan Morris Howe), cherche constamment à fuir les disputes de ses parents.
Un matin, fatigué d’attendre que ses parents cessent de se disputer, Edgar décide de se rendre à l’école tout seul. Les problèmes mentaux chroniques de Vincent atteignent leur apogée lorsqu’il apprend qu’Edgar a disparu. Alors que le détective Michael Ledroit (McKinley Belcher III) recherche l’enfant disparu, Vincent pense que le seul moyen de retrouver son fils est de donner vie à Eric, un monstre bleu et blanc qu’il a dessiné et représenté dans Good Day Sunshine. Au fil des jours, l’alcoolisme sévère de Vincent commence à lui coûter cher, tant sur le plan personnel que professionnel. Il commence également à halluciner Eric, et ses conversations avec le monstre grossier et malpoli (que lui seul voit) déconcertent tous ceux qui l’entourent.
Michael commence à élaborer des théories sur le fait que la disparition d’Edgar pourrait être liée à celle d’un jeune adolescent noir, disparu onze mois plus tôt. La mère de ce dernier (Adepero Oduye) mène une guerre solitaire contre la police de New York pour leur échec à retrouver son fils. La série explore également la vie personnelle de Michael, notamment sa sexualité cachée et sa relation avec son petit ami (Mark Gillis), qui est en train de mourir du SIDA.
Trop d’idées dans une seule série
Le pilote d’Eric est tout simplement excellent. La série s’ouvre sur des images de Vincent à la télévision, implorant Edgar de “simplement rentrer à la maison.” L’histoire recule ensuite de 48 heures, où l’on voit Edgar rendre visite à son père sur le tournage de Good Day Sunshine. Cependant, dès les 15 premières minutes du pilote, les failles de Vincent apparaissent clairement : les responsables de la chaîne exigent des changements, et il ne cesse de maltraiter sa femme, Cassie. La seule fois où Vincent apparaît sous un meilleur jour, c’est lorsqu’il tente de se rapprocher de son fils en se moquant discrètement des autres passagers du métro. Le reste du pilote montre la descente aux enfers de la santé mentale de Vincent.
Les cinq épisodes suivants d’Eric introduisent de plus en plus de conflits. La série devient complexe, car la recherche de Vincent et Cassie pour retrouver leur fils se perd dans une multitude d’idées. Eric tente de traiter plusieurs problèmes réels de front, et bien que ce soit une tentative louable, la lenteur de la série rend l’expérience de visionnage parfois désagréable. La série tente finalement de relier ces intrigues générales, mais il arrive un moment où les efforts d’Eric pour aborder des sujets comme le racisme et la sexualité semblent inachevés.
Le mystère de la disparition d’Edgar est toujours captivant, surtout en ce qu’il se rattache à la psychologie intérieure de Vincent. Nous en apprenons de plus en plus sur l’éducation de Vincent, sa relation éloignée avec ses parents riches, ainsi que ses luttes contre les maladies mentales. À un certain point de la série, Vincent apparaît moins à l’écran, et ses scènes se limitent principalement à ses conversations avec la marionnette Eric qu’il hallucine. Le sentiment constant de terreur et de misère ne disparaît jamais complètement, mais cela n’empêche pas le ton de la série de souvent s’égarer. Il est difficile de savoir si les spectateurs doivent rire des disputes de Vincent avec Eric ou s’en inquiéter. Eric ne s’engage jamais pleinement dans son concept pour clarifier ce point.
L’interprétation de Cumberbatch, en tant que Vincent de plus en plus négligé, est toujours fascinante. De The Power of the Dog à Sherlock en passant par Doctor Strange, il n’est pas l’acteur typique de la liste A, car il ne se répète que rarement à l’écran, et chaque personnage semble unique. Cumberbatch s’engage pleinement dans le rôle, et malgré les tendances narcissiques de Vincent, il parvient à susciter la sympathie des spectateurs pour le personnage. Bien que Vincent repousse constamment les autres, l’interprétation de Cumberbatch lui confère une humanité et une compréhension qui rendent le personnage fonctionnel. Il est difficile de simplement le détester.
Belcher, dans le rôle du détective Michael Ledroit, est un autre acteur remarquable de la série. Le personnage est bien plus qu’un rôle de détective typique, et bien que la sexualité et la vie personnelle de Michael auraient facilement pu tomber dans des clichés éculés et des perspectives dépassées, ce n’est pas le cas ici. La performance retenue de Belcher contraste parfaitement avec le jeu plus vivant de Cumberbatch, faisant de lui les véritables yeux et oreilles du public. Hoffmann, dans le rôle de Cassie, est également excellente, incarnant un personnage qui aurait facilement pu être unidimensionnel, mais qui réussit à être authentique et brut.
Paranoïa et complexité
La série est accompagnée d’une paranoïa constante, rendant difficile de déterminer à qui faire confiance. Cependant, lorsque l’intrigue d’Eric se termine, elle attache les fils trop proprement. Tout au long de la série, elle tente de tisser des intrigues parallèles sur le racisme et la corruption policière, mais à la fin, elle essaie de tout résoudre avec une conclusion simpliste. L’exécution semble trop facile, surtout par rapport au ton grave des cinq premières heures. Bien que de nombreux éléments uniques puissent être admirés, la série dans son ensemble semble un peu désordonnée, entassant trop d’idées en six épisodes d’une heure et se terminant par une résolution trop ordonnée et simpliste. Dommage, car cette série à l’originalité indéniable – bien que souvent confuse – méritait une meilleure conclusion.
-Gergely Herpai (BadSector)-
Eric
Direction - 4.6
Acteurs - 8.2
Histoire - 6.4
Visuels/Musique/Sons - 6.2
Ambiance - 6.6
6.4
CORRECT
La série Eric combine de manière unique des éléments de mystère avec le monde de la marionnette, centrée autour de la performance captivante de Benedict Cumberbatch. Bien que l’histoire tente parfois de traiter trop de thèmes à la fois, les personnages uniques et le ton sombre offrent une expérience de haute qualité. La série n’est peut-être pas parfaite, mais elle est certainement une tentative remarquable, offrant un voyage excitant et profondément réfléchi aux spectateurs.