CRITIQUE DE SÉRIE – Les premiers épisodes de Monsieur Spade sur AMC+ introduisent brillamment Sam Spade, le détective intemporel de Dashiell Hammett, dans les charmantes villes de France. Cependant, cette suite de l’histoire de détective mondialement reconnue, Le Faucon Maltais, s’effondre rapidement. Même la performance éclatante de Clive Owen n’est pas suffisante pour donner de la gravité à des intrigues trop conflictuelles qui échouent à atteindre une conclusion satisfaisante.
Canalisant la confiance de Humphrey Bogart et l’épuisement magistral vu dans sa propre performance dans Les Fils de l’homme, Owen livre une excellente incarnation de Spade. Envoyé dans la petite ville française de Bozouls pour régler quelques affaires impliquant la femme fatale du Faucon Maltais, Brigid O’Shaughnessy, son amant tout aussi criminel Philippe Saint-Andre (Jonathan Zaccaï), et leur fille Teresa (Cara Bossom), Spade finit par accepter un nouvel emploi auprès de la charmante propriétaire de vignoble, Gabrielle (Chiara Mastroianni). La chimie entre Owen et Mastroianni est forte, mais Monsieur Spade aurait bénéficié davantage du développement de la romance entre leurs personnages plutôt que de simplement s’appuyer sur les étincelles qu’ils dégagent.
Hommage ou parodie ? Les créateurs sont indécis…
Au lieu de cela, les créateurs Scott Frank et Tom Fontana font un bond de huit ans en avant, en 1963. Devenu veuf, la retraite tranquille de Spade — faite de dégustations de vin et de baignades nues dans la piscine de son domaine — est interrompue par un meurtre brutal au couvent où il avait placé Teresa. Le crime déclenche une séquence assez bien exécutée de « dur à cuire protège une fille précoce » et une intrigue absurdement compliquée impliquant bien trop de personnages.
L’un des problèmes clés est que Frank et Fontana semblent incertains de vouloir se moquer ou honorer les conventions du film-noir de Le Faucon Maltais et de ses nombreux imitateurs. Le premier est suggéré par le texte introductif maladroit notant l’absurdité du plus grand détective privé finissant en France, les personnages qui se moquent à répétition du nom de Spade, et le soulagement comique maladroit délivré par des voisins curieux joués par Matthew Beard et Rebecca Root. Cela rend les intrigues sérieuses de Monsieur Spade, qui sondent les horreurs de la guerre d’Algérie, particulièrement incongrues. Frank a réussi un mélange de violence et de comédie romantique il y a 26 ans dans Hors d’atteinte, mais le fossé entre lutter contre les crimes de guerre et la parodie d’espionnage est trop large pour qu’il puisse le combler ici.
Narration embrouillée
Monsieur Spade est à son meilleur lorsque Spade livre des dialogues spirituels et désarme sans effort les gens, avec l’aide réticente du chef de la police cynique de Bozouls, Patrice Michaud (Denis Ménochet). Philippe, devenant progressivement plus significatif au fil de plusieurs épisodes avant sa première apparition, présente un adversaire digne. Son sourire souvent narquois, sa confiance prédatrice, rivalisant avec celle de Spade, représente un véritable défi pour le détective, maintenant hors de forme et souffrant d’emphysème en raison de nombreuses années de tabagisme. La partition de jazz mélancolique et les aperçus de l’obscurité chez les résidents apparemment saints de Bozouls renforcent l’ambiance noire.
Cependant, ces six épisodes donnent souvent l’impression de provenir de plusieurs séries différentes assemblées. Le MacGuffin traditionnellement précieux du Faucon Maltais dans cette série est si bizarre qu’il fait passer l’intrigue d’un drame de petite ville à un thriller d’espionnage et à une terrible contrefaçon du Da Vinci Code. Monsieur Spade brille lorsque Spade et Michaud déprécient les compétences d’un chef cuisinier local, offrant un drame captivant, bien que déplacé, à travers l’histoire de Jean-Pierre Devereaux (Stanley Weber), vétéran de la guerre d’Algérie. Mais le film devient tout à fait atroce lorsqu’il se concentre sur une secte fanatique au sein du Vatican.
De quoi sont faits les rêves ?
Monsieur Spade s’effondre vraiment dans les deux derniers épisodes, lorsque de nouveaux personnages inutiles sont introduits pour embrouiller davantage l’intrigue avant qu’elle ne s’achève de façon désordonnée. De nombreux conflits – plusieurs héritages, un réseau de chantage et une tentative de réconciliation par le père mourant de Jean-Pierre – ne mènent nulle part, mais l’introduction de nouvelles histoires d’amour et la résurgence de conflits apparemment résolus si tard dans le jeu sont particulièrement déconcertantes.
Le plus troublant : Spade n’a pas l’impression d’être au centre de son propre spectacle. Presque toutes les avancées dans l’affaire proviennent du travail d’un autre personnage, de la négligence des méchants ou d’un artifice dans l’écriture. Spade passe la majeure partie de l’affrontement culminant coincé dans les embouteillages, et même la scène finale du salon de coiffure est volée par une guest star qui n’a pas l’air d’être une star.
intervient au dernier moment pour, soi-disant, arranger les choses. Il n’y a pas de problème inhérent à ce que le détective vieillissant perde quelques combats, à condition qu’il démontre toujours l’acuité de son esprit. Mais le point culminant de son arc arrive dans l’épisode 4, lorsqu’il expose ce qu’il a compris en se débarrassant d’un espion français. Pour paraphraser l’homme lui-même, ce n’est pas de cela que sont faits les rêves.
Le Faucon maltais l’emporterait facilement sur Monsieur Spade aujourd’hui
La série a toujours eu la lourde tâche d’être à la hauteur de l’un des plus grands classiques du cinéma, et la suite du Faucon maltais n’a pas été à la hauteur, gâchée par des intrigues trop compliquées et un mélange des genres peu convaincant. Si Clive Owen excelle dans les dialogues pleins d’esprit, soutenu par des personnages secondaires forts, cela ne suffit pas à racheter le rappel maladroit du légendaire détective de sa retraite.
-Gergely Herpai (BadSector)-
Monsieur Spade
Direction - 5.2
Acteurs - 8.2
Histoire - 4.8
Visuels/Musique/Sons - 6.2
Ambiance - 6.5
6.2
CORRECT
Monsieur Spade met en scène le détective emblématique de Dashiell Hammett, Sam Spade, dans des aventures rurales françaises, mais malheureusement, malgré un début prometteur, l'intrigue trop compliquée, désordonnée et parfois ridicule, ainsi que les mélanges de styles, perdent rapidement de leur élan. La performance captivante de Clive Owen ne peut pas sauver la série, qui mélange confusément drame, thriller et comédie, et ne parvient finalement pas à offrir la qualité que l'on pourrait attendre. Monsieur Spade laisse en fin de compte un sentiment confus et insatisfaisant, indigne du personnage du légendaire détective.