CRITIQUE DE FILM – Il existe un phénomène curieux dans notre culture où tout ce qui provient des années 1980 ou 90 est soudain vu sous un jour meilleur, indépendamment du fait que ceux parmi nous ayant vécu ces époques savent bien que la réalité était souvent tout autre. Alors, la question se pose : la version de “Road House” par Jake Gyllenhaal parvient-elle à éclipser son prédécesseur des années 80 ? Franchement, le défi n’était pas insurmontable…
L’original de “Road House”, rendu célèbre par le charisme incontestable de Patrick Swayze en 1989, n’a pas bien vieilli ; dès les premières minutes, le film ne promettait guère plus qu’un rire embarrassé. Déjà à l’époque, l’œuvre flirtait avec le ridicule, et avec le temps, elle semble avoir sombré dans une absurdité flagrante. Cependant, notre désir incessant de nostalgie semble parfois redorer le blason de ce film d’action, le hissant au rang de classique oublié.
Mais ne nous y trompons pas. Il est loin d’être un chef-d’œuvre.
Est-ce simplement un remake ?
Voici donc une réinterprétation relativement fidèle avec Jake Gyllenhaal reprenant le rôle tenu par Swayze, sous la direction de Doug Liman (“Edge of Tomorrow”). Cela nous amène à nous interroger : cette version est-elle supérieure à l’originale ?
Elle l’est, et de loin. Mais considérant la médiocrité de l’original, le bar était effectivement très bas. (Je concède volontiers qu’il y avait un certain divertissement, mais d’une manière quelque peu superficielle – des “perles” comme “La douleur, ce n’est pas douloureux” ne constituent qu’une maigre consolation.)
Dans cette mouture, Dalton (Gyllenhaal), toujours videur, arbore un passé différent en tant qu’ancien combattant de l’UFC. Il fait son apparition dans des combats souterrains à travers le pays, où sa simple présence et l’esthétique de ses abdominaux suffisent à semer la peur parmi ses adversaires. (Post Malone est hilarant dans le rôle d’un combattant illégal sur le déclin.)
Au cours de l’un de ces affrontements, Frankie (Jessica Williams) le repère et l’embauche sur-le-champ comme le principal videur du Road House, un établissement situé dans un recoin caché des Florida Keys, dans le petit village de Glass Key. Au début, Dalton semble n’avoir pour seule tâche que de siéger derrière le bar, dégageant un calme presque auratique pour maintenir l’ordre, tandis que le chaos règne autour de lui. Une approche presque méditative de sa part. Cependant, lorsqu’il passe à l’action et intervient dans les altercations, il ne se contente pas de modifier le cours des événements, mais inflige également des blessures nécessitant plus de huit jours de guérison.
Néanmoins, notre héros reste un homme d’honneur ; il s’assure que ceux qu’il blesse soient pris en charge à l’hôpital le plus proche, où il rencontre Ellie (Daniela Melchior), la médecin locale. Pour ceux qui connaissent l’original, la suite est prévisible ; pour les autres, elle reste aisément imaginable.
Ben Brandt (Billy Magnussen, remarquable dans ce rôle), fils gâté d’un chef de gang local actuellement derrière les barreaux, manifeste un intérêt inhabituel pour le Road House. Il envoie régulièrement ses hommes de main en moto pour vandaliser l’établissement, et Dalton, invariablement, les renvoie couverts d’ecchymoses et de fractures. L’intervention du père de Ben s’ensuit, mobilisant Knox (interprété par le véritable combattant de l’UFC, Conor McGregor), récemment couronné comme l’un des antagonistes les plus déments de notre ère. Si pour rien d’autre, la performance de McGregor, simultanément grotesque, impitoyable et absurdement divertissante, justifie à elle seule le visionnage de ce tumultueux film d’action.
Jake Gyllenhaal saisit l’esprit
Dès l’instant où Dalton exprime son désir de rétablir l’ordre, il se heurte à une réplique sarcastique : “On dirait un extrait de scénario de film western.” Cette idée est ensuite assimilée à une histoire de western pleine de mystères, débouchant sur une confrontation majeure, suivie d’une autre, et encore d’une autre – car après tout, nous parlons d’hommes de poigne.
Sous la houlette de Liman, les scènes de combat gagnent en réalisme et en innovation – à un moment donné, par exemple, le spectateur vit l’assaut des coups du point de vue de Knox. Magnussen se révèle jouissif dans le rôle d’un personnage privilégié confronté à des épreuves ; Arturo Castro est truculent en tant que motard inepte, toujours le dernier informé des intentions de son gang.
La prestation de Gyllenhaal constitue le progrès le plus notable. Nous ne sommes pas en présence d’un simple stéréotype ; il semble que l’acteur lui-même perçoive la situation, conscient que ce film vise avant tout à divertir sans prétendre explorer des profondeurs philosophiques. Pourtant, cela ne l’empêche pas d’incarner un Dalton pensif, enrichi, probablement grâce à un casting de soutien plus talentueux et à une qualité de production supérieure à celle de l’original.
Certes, nul ne proclamera “Road House” comme une œuvre magistrale, mais il s’avère être un succès bien plus grand que ce que son intention première pourrait laisser présager.
-Gergely Herpai (BadSector)-
Road House
Direction - 6.5
Acteurs - 7.2
Histoire - 2.4
Visuels/Musique/Sons/Action - 8.2
Ambiance - 6.4
6.1
CORRECT
La reprise de 'Road House' par Jake Gyllenhaal se révèle être un film d'action surprenamment divertissant, quoique souvent ridicule, qui navigue habilement entre la nostalgie et l'innovation. L'histoire revisitée et les scènes d'action modernisées, alliées à la performance charismatique de Gyllenhaal, permettent au film de se détacher de l'ombre de son prédécesseur. Bien qu'il ne soit pas destiné à devenir un classique culte, le film constitue une agréable surprise pour les amateurs du genre.