Une vie – Anthony Hopkins, une grandeur indéniable de nouveau a l’écran

CRITIQUE DE FILM – Anthony Hopkins, le roi incontesté des interprétations réservées et introspectives, incarne désormais le rôle de Nicholas Winton, le héros qui a sauvé la vie de 669 enfants en les transportant en sécurité depuis la Tchécoslovaquie avant l’invasion nazie. L’authenticité artistique de Hopkins et l’importance de l’histoire se conjuguent harmonieusement dans ce film biographique extraordinaire. Cette œuvre est une histoire profondément émouvante basée sur des faits réels, qui a trouvé son chemin atypique vers le grand écran, mais qui laisse une empreinte indélébile sur son audience.

 

Cette histoire véridique, bien que par moments quelque peu clichée, a pris un chemin non conventionnel pour atteindre les écrans de cinéma. Elle n’aurait guère été possible sans un segment diffusé en 1988 dans l’émission “That’s Life” de la BBC, qui a bénéficié d’une grande audience sur YouTube. Ce segment présentait Nicholas Winton, un courtier en bourse londonien âgé, discutant de son action de sauvetage de 669 enfants majoritairement juifs depuis la Tchécoslovaquie avant l’invasion nazie. À l’insu de Winton, l’audience était composée de survivants, qui se sont levés un par un pour remercier leur sauveur.

 

 

Dans l’ombre du passé

 

Le drame de James Hawes, produit en collaboration avec BBC Films, introduit cette histoire émouvante avec délicatesse. Samantha Spiro interprète Esther Rantzen, présentatrice de l’émission “That’s Life” de la BBC. Pour situer un peu ce programme britannique : “That’s Life!” a été diffusé sur la BBC de 1973 à 1994 et était connu comme une émission satirique de défense des consommateurs. Le programme présentait régulièrement des éléments humoristiques, tels que des légumes de formes étranges, des poèmes comiques, des erreurs de journaux, et des animaux de compagnie artistes, comme des chiens “parlants” capables de prononcer le mot “saucisse”. Le segment qui a inspiré le film, donc, marquait une nette divergence par rapport au contenu habituel de l’émission.

Anthony Hopkins joue le rôle principal de Winton, qui, ayant auparavant regardé l’émission parfois ridicule et pas toujours drôle avec un intérêt détaché, est maintenant confronté à son impact émotionnel profond. Winton, décédé en 2015 à l’âge de 106 ans, aurait pu rester dans l’obscurité de l’anonymat suburbain si son acte extraordinaire n’avait pas été révélé au monde.

“Une vie” embrasse deux périodes distinctes : elle dévoile les années de retraite de Winton ainsi que l’époque juste avant la Seconde Guerre mondiale à Prague, où il a aidé les réfugiés. Les événements antérieurs sont représentés dans un style clair et simple, évitant un réalisme excessif justifié par la gravité des circonstances. Johnny Flynn incarne un jeune Winton initialement perplexe mais fermement socialiste, qui réalise plus tard la gravité de la situation et affronte la bureaucratie avec une grande habileté organisationnelle. Romola Garai joue Doreen Warriner, une femme déterminée et intentionnelle également impliquée de manière consciencieuse dans l’aide aux réfugiés. Helena Bonham Carter interprète la mère soutenante de Winton, maîtrisant la représentation des femmes d’âge mûr. Dans une scène, lorsqu’un officier du ministère des Affaires étrangères lui demande d’où elle vient, sa réponse ferme de “Hampstead!”—avec un accent allemand—reflète un sens de l’identité et de la fierté, mettant en lumière la forte personnalité et la conscience de soi de son personnage.

 

 

Caractère et profondeur de l’intemporel Anthony Hopkins

 

Le film est dominé par un éclairage excessivement stylisé et élégant, particulièrement remarquable sur la représentation boueuse et sale des enfants, mais les spectateurs sont suffisamment perspicaces pour remarquer et interpréter les détails non dits. Cela nous confronte à nouveau à la tension ressentie par de nombreux Européens face à la catastrophe imminente de la fin des années 1930. L’histoire est captivante, même si nous connaissons l’issue.

Cependant, “Une vie” brille particulièrement dans ses scènes ultérieures. Peu peuvent offrir une performance aussi remarquable à ce stade de leur carrière comme Hopkins. À quatre-vingt-six ans, il reste l’acteur maître du jeu subtil et retenu—visiblement absorbé dans ses pensées, comme s’il contemplait quelque chose d’intéressant au bout de sa chaussure. Il joue actuellement un rôle de robot dans Rebel Moon de Zack Snyder et incarnera bientôt Sigmund Freud dans La Dernière Séance. Ici, cependant, il explore une honnêteté britannique simple et profonde. Au début de l’histoire, alors que l’ancien banquier de la City de Londres compte les pièces dans des boîtes de collecte de charité et entend parler de l’effondrement boursier de 1987, il murmure simplement, “dérégulation!”, comme s’il se critiquait lui-même.

Ces détails visent à mettre en avant la profondeur et la complexité des personnages et à éclairer le contexte historique et social dans lequel l’histoire se déroule. De telles références subtiles et la représentation des personnages aident le spectateur à mieux comprendre l’esprit de l’époque, ainsi que la diversité des réponses personnelles et communautaires aux événements historiques.

 

 

Une conscience historique

 

Au début du film, Winton met de l’ordre dans un bureau désordonné et réfléchit à ce qu’il doit faire avec un album détaillant l’évacuation. Après une rencontre avec la veuve de Robert Maxwell—un propriétaire du Mirror bientôt déshonoré et également émigré tchèque—les documents finissent par atterrir entre les mains de “That’s Life”, assurant ainsi la renommée tardive de Winton. Ce qui distingue le film des téléfilms ordinaires, ce sont les efforts de Winton pour affronter les traumatismes longtemps réprimés vécus pendant ces mois à Prague. Qui a été laissé derrière ? Que pourrait-on faire de plus ? Le scénario contient peu de tels éléments, mais Hopkins transmet cela à travers chaque geste, regard baissé et hésitation.

Lena Olin offre une performance solide en tant que l’épouse soutenante. Jonathan Pryce joue également un rôle significatif en tant que l’un des rares collègues survivants du sauvetage.

Une vie n’apporte peut-être pas d’innovations révolutionnaires dans le monde du cinéma, mais raconte une histoire émouvante et bouleversante. C’est également l’occasion pour un artiste indéniablement grand de montrer une fois de plus de quoi il est capable.

– Gergely Herpai (BadSector) –

 

 

Une vie

Direction - 7.2
Acteurs - 8.2
Histoire - 7.5
Visuels/Musique/Sons - 7.2
Hangulat - 8.2

7.7

BON

Le film Une vie transporte à l'écran une histoire profondément émouvante basée sur des événements réels, centrée sur les actes héroïques de Nicholas Winton qui a sauvé 669 enfants d'une mort certaine. La brillante interprétation d'Anthony Hopkins prouve une fois de plus qu'il n'a pas son pareil pour exprimer l'humanité sincère et les émotions profondes. Bien que le film n'offre pas d'innovations révolutionnaires dans le monde du cinéma, il véhicule un message important qui mérite d'être vu par tous les âges.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)