Dune : Partie Deux – Une suite digne d’un messie

CRITIQUE DE FILM – Denis Villeneuve et Timothée Chalamet reviennent avec un blockbuster étonnamment complexe qui redéfinit les films à gros budget. Dune : Partie Deux n’est pas seulement une suite ; c’est une œuvre d’art et de pensée profonde qui surpasse son prédécesseur et établit une nouvelle norme dans le genre de l’opéra spatial de science-fiction. Dans cette partie, outre l’incroyable spectacle visuel et l’harmonie géniale du récit, la complexité des personnages et les dilemmes éthiques rendent l’expérience cinématographique véritablement mémorable.

 

 

Depuis l’annonce des films Harry Potter et les Reliques de la Mort, les films en deux parties sont devenus une véritable plaie pour les blockbusters. Dans le meilleur des cas, ils semblaient être de simples tentatives de maximisation des profits, et dans le pire des cas, comme deux moitiés inachevées qui, même ensemble, ne formaient pas un tout convaincant. Mais l’adaptation de Dune par Denis Villeneuve semble être l’exception. Le premier film, publiquement connu simplement sous le nom de Dune et seulement révélé comme Dune : Première Partie dans le générique, devait déjà lutter avec la construction du monde et tous les éléments explicatifs associés. Tout cela venait avec la promesse implicite que le final transformerait l’histoire en une épopée scientifique-fantastique époustouflante, clouant tout le monde à leur siège. Et Dune : Partie Deux apporte exactement cette magie.

 

 

Sur le chemin du messie

 

La première partie nous présentait les aventures de la famille Atreides et de leur jeune rejeton, Paul (Timothée Chalamet), qui avaient pris possession d’Arrakis, l’unique planète de l’univers produisant l’épice extrêmement précieuse. Peu après, les Atreides furent trahis par les précédents dirigeants, les Harkonnens, qui reprirent la planète, exterminant presque complètement les Atreides. Seuls Paul et sa mère, Jessica (Rebecca Ferguson), survécurent, se cachant dans les profondeurs des déserts d’Arrakis.

Cette introduction est cruciale car la suite ne perd pas de temps en répétitions inutiles. Dune : Partie Deux reprend exactement là où Paul et Jessica s’intègrent dans la communauté des indigènes d’Arrakis, les Fremen, qui considèrent le désert impitoyable comme leur foyer. Jessica, suivant les plans mystérieux de l’ordre des Bene Gesserit, continue de propager que Paul est le messie tant attendu des Fremen, devenant finalement leur leader spirituel.

Pendant ce temps, Paul gagne rapidement en reconnaissance en tant que guerrier Fremen, contrecarrant les efforts des Harkonnens de relancer la production d’épice sur Arrakis, principalement à travers la guérilla et des raids. Paul, avec les guerriers Fremen, Chani (Zendaya) et Stilgar (Javier Bardem), ainsi que les autres Fremen, lancent des attaques surprises contre les énormes moissonneuses d’épice des Harkonnens, exploitant les vers de sable géants natifs d’Arrakis et les armes laser qui coupent les véhicules en deux en un instant.

Ces scènes rendent Dune : Partie Deux véritablement spectaculaire dès le début, en synchronisant brillamment la taille colossale des véhicules désertiques des Harkonnens avec les techniques de combat rapproché sauvages mais artistiques des Fremen. Les personnages manœuvrent habilement entre les immenses jambes des moissonneuses, tout en évitant le regard aiguisé des ornithoptères volant au-dessus de leur tête, tandis que leurs camarades combattent avec poings, couteaux et armes à feu derrière eux. Ce jeu maîtrisé entre violence intime et spectacle grandiose est brillamment utilisé par Villeneuve dans la dynamique de la Partie Deux.

La première heure du film est ponctuée de ces raids surprises, chacun étant un cadeau inattendu et excitant pour le spectateur. Ces actes conduisent progressivement Paul vers son destin : mener les Fremen au combat pour reprendre Arrakis des Harkonnens, et peut-être même renverser l’empereur qui a habilement tissé les fils du conflit. L’excitation de cette histoire du choisi est rehaussée par la réticence de Paul à accepter ce pouvoir, sachant que son ascension, selon les prophéties, apportera une mort et une destruction sans fin à l’univers. Alors que tous les adultes autour de lui le poussent vers ce destin, seule Chani se tient à ses côtés, Paul commençant lentement à reconnaître les avantages du pouvoir et son inévitabilité.

 

 

Messie charismatique ou jeune tourmenté : Chalamet interprète brillamment les deux facettes de Paul

 

Dune : Partie Deux dévoile le développement complexe du personnage de Paul avec une réalisation et une narration magistrales. Chalamet joue un rôle clé, incarnant brillamment le côté de Paul qui apparaît à la fois comme un leader charismatique et un jeune homme luttant contre des conflits internes. La fluidité des transitions entre ces aspects souligne que, quelle que soit la facette que Paul montre, le poids de l’autre est toujours présent en arrière-plan. Lorsque Paul mène le combat des Fremen, il est évident qu’il est aussi effrayé qu’il souhaite que ses ennemis le soient. Outre l’impressionnante performance de Chalamet, c’est Zendaya qui confère une authenticité aux profondeurs morales de la Partie Deux.

Dans les moments les plus intimes du film, lorsque seuls eux deux sont présents, Zendaya apporte une sensibilité brute qui met encore plus en valeur les profondeurs émotionnelles de Paul, tel que joué par Chalamet. Leur alchimie permet d’explorer des profondeurs et des complexités dans leurs personnages bien au-delà des narrations simplifiées des films blockbusters habituels, abordant des dilemmes moraux et culturels complexes au lieu des déclarations d’amour épiques habituelles.

Le trio de talents exceptionnels est complété par Feyd-Rautha Harkonnen Na-Baron, interprété par Austin Butler, envoyé sur Arrakis pour mettre fin aux actions de Paul et exterminer définitivement les Fremen. Feyd-Rautha, encore plus assoiffé de sang que son frère, le baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgård), est un psychopathe de naissance. La présence sombre du personnage est palpable dans chaque scène où Butler apparaît, et Villeneuve utilise habilement le charisme de rock star de Butler pour créer un personnage à la fois étranger et parfaitement intégré dans l’univers de Dune.

L’introduction de Feyd-Rautha est particulièrement remarquable lorsqu’il apparaît dans un duel cérémonial dans l’arène de la planète des Harkonnens. Cette scène est exceptionnellement tournée en technologie infrarouge noir et blanc, mettant en lumière chaque détail dans une lumière étrange et fantomatique. Cela offre non seulement une introduction mémorable à Feyd-Rautha mais donne également un aperçu plus profond du fonctionnement interne de la société Harkonnen, uniquement par la puissance de la visualisation et de l’atmosphère. Bien que cette audacieuse solution visuelle puisse facilement éclipser le reste du film, Villeneuve réussit à l’intégrer de manière à ce qu’elle s’insère parfaitement dans la séquence visuelle impressionnante de Dune : Partie Deux.

 

 

Les visuels ne sont plus de simples décors

 

Les univers de science-fiction de Denis Villeneuve, tels que Premier Contact, Blade Runner 2049 et Dune : Première Partie, ont toujours captivé le public par leur monumentalité visuelle. Dans ces films, le spectacle apparaît souvent presque comme un tour de magie, fascinant mais parfois distrayant. Villeneuve a tendance à commencer par un élément simple, quotidien, puis à dévoiler progressivement devant nous une structure immense ou une merveille naturelle stupéfiante.

Il est donc difficile de reprocher à Villeneuve son désir instinctif de montrer et d’admirer la merveille visuelle que son équipe a créée, surtout avec la manière adroite dont il entrelace les mondes naturel et des effets numériques. Cette approche s’est avérée efficace à maintes reprises, enchantant le spectateur à chaque fois. Cependant, ces moments peuvent détourner l’attention, mettant en avant la grandeur visuelle au lieu de l’histoire, même si c’est pour un court instant.

Dune : Partie Deux, cependant, ouvre un nouveau chapitre dans la carrière de Villeneuve. Le film est aussi impressionnant que ses prédécesseurs, si ce n’est plus. Ici, les merveilles visuelles s’intègrent naturellement dans le récit, renforçant le contenu et la dynamique des scènes plutôt que de les distraire. Villeneuve n’a jamais autant fait confiance à ses instincts visuels pour la narration. Cette confiance créative affirme que le film n’est pas construit sur une seule image mémorable, mais sur une série d’expériences visuelles magnifiques et à couper le souffle, qui sont en parfaite harmonie les unes avec les autres, élevant ainsi l’art du spectacle à un niveau supérieur.

 

 

Un chef-d’œuvre d’actes d’équilibre délicats

 

Dune : Partie Deux est une œuvre remplie d’actes d’équilibre délicats, naviguant habilement entre le monde grandiose des décors monumentaux et le drame personnel des combats rapprochés. Ce film mélange habilement les histoires de héros traditionnelles, devenues la marque de fabrique des cinémas blockbusters, avec des questions complexes qui sondent les dangers de la possession du pouvoir et de l’exercice de la violence. Ici, la présentation visuelle somptueuse n’est pas juste un décor, mais porte également des couches de contenu plus profondes.

Cette richesse est possible car Dune : Première Partie avait déjà établi les fondations nécessaires. Pour les fans de la série, la Partie Deux promettait que la conclusion de l’histoire de Paul serait encore plus époustouflante, visuellement riche et émotionnellement percutante qu’ils auraient pu l’espérer. Pour ceux qui ont trouvé la Première Partie peut-être trop lente ou surchargée d’explications, la suite promettait une narration plus ciblée, plus dynamique. Dune : Partie Deux tient cette promesse : une suite rare qui non seulement surpasse son prédécesseur mais augmente également rétrospectivement sa valeur. Plus qu’une digne continuation de l’adaptation épique de Villeneuve : ce film mérite justement sa place parmi les blockbusters les plus remarquables et les meilleurs classiques de science-fiction du siècle.

-Herpai Gergely (BadSector)-

 

 

 

 

Dune : Partie Deux

Direction - 9.6
Acteurs - 9.5
Histoire - 9.5
Visuals - 9.8
Ambiance - 9.8

9.6

CHEF-D'ŒUVRE

Denis Villeneuve et Timothée Chalamet reviennent avec une création cinématographique étonnamment complexe et ambitieuse. Dune : Partie Deux ne se contente pas de poursuivre l'histoire du précédent opus, elle l'élève à un niveau supérieur dans tous les domaines, surpassant celui-ci. Le monde visuel magique du film, la représentation profonde de ses personnages et la richesse philosophique de ses thèmes font de lui une œuvre non seulement digne de la première adaptation épique de Dune par Villeneuve, mais aussi l'un des chefs-d'œuvre de science-fiction les plus mémorables des dernières décennies.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)

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