Le jeu royal – Un thriller psychologique sur le drame des échecs des réfugiés de 1956

CRITIQUE DU FILM – Nous sommes en 1956, juste après la révolution défaite, et deux jeunes amoureux et anciens révolutionnaires sont en fuite dans un train bondé qui se dirige vers la liberté. Dans une histoire parallèle, nous assistons à la lente folie d’un prêtre, emprisonné et soumis à la torture psychologique par les gardiens, qui s’évade dans un livre d’instructions sur les échecs. Les deux intrigues s’entremêlent bien sûr dans le nouveau film de Barnabás Tóth, un thriller tendu, plein de suspense et de rebondissements dont l’industrie cinématographique hongroise, qui stagne dans les romcoms et les films historiques pleins de pathos, avait besoin comme d’une miche de pain.

 

 

Adaptation libre de Le Jeu Royal de Stefan Zweig, Le Jeu Royal se déroule en 1956, peu après la révolution. La bande-annonce du film, ainsi que d’autres films traitant de la révolution en général, pourraient à première vue laisser penser qu’il s’agit d’un autre drame pathos, tragique et nombriliste sur l’année 1956, le calvaire des émigrés et des prisonniers, mais il n’en est heureusement rien. The Masterpiece fait plutôt penser à divers films de genre, comme les films d’espionnage (dont From Russia with Love) ou les films traitant de mystères surréalistes. Sans rien gâcher, j’ai également retrouvé le motif de base de deux films d’horreur classiques avec un twist étonnant, et c’est sans aucun doute une bonne chose pour Master Jester.

 

 

Deux fils principaux de l’intrigue

 

Le jeu royal raconte essentiellement deux histoires. D’une part, nous découvrons l’histoire de deux jeunes en fuite, dont Márta (Sára Varga-Járó), un grand talent aux échecs, et István (interprété par Gergely Váradi, connu pour la série Informant), un arriviste, un peu escroc, mais fondamentalement un jeune homme au grand cœur qui était aussi un révolutionnaire. D’autre part, le calvaire d’un prêtre, “B” (Károly Hajduk), capturé par l’ÁVH et soumis à des tortures psychologiques par une femme officier dans le but de lui soutirer l’emplacement d’un “trésor” censé être destiné au Vatican. L’une des méthodes utilisées pour torturer B est de l’empêcher de voir le visage de ses gardes, et d’autres moyens détournés sont utilisés pour la rendre pratiquement folle dans le but de lui faire révéler l’emplacement du “trésor”.

Si, au début, les deux intrigues se déroulent en parallèle, elles sont ensuite habilement reliées par le biais du personnage du prêtre. Bien qu’il ne soit pas clair qui est le véritable protagoniste, cela ne pose pas de problème et ajoute à la tension du film. Hajduk, qui a déjà montré dans La fureur du martyr ce dont il est capable dans le portrait d’un personnage mentalement endommagé, est une fois de plus superbe dans le rôle du prêtre schizophrène. À ses côtés, Gergely Váradi joue également avec assurance le rôle du jeune révolutionnaire arriviste qui est éperdument amoureux de sa petite amie.

Un troisième personnage important est Sándor Czentovics (Pál Mácsai), un riche et mystérieux étranger que les jeunes gens rencontrent dans le train et qui est prêt à s’asseoir avec Marta pour jouer aux échecs, et en liquide, afin que le couple puisse récupérer l’argent “gaspillé” qu’István a été forcé de payer à un trafiquant d’êtres humains (David Yengibarian) pour monter à bord du train.

Un autre personnage intéressant est celui de la femme fatale jouée par Bori Péterfy, qui s’en prend constamment à István. Son personnage révèle peu à peu son rôle dans cet étrange thriller.

 

 

Le grand rythme ne s’arrête jamais

 

L’un des points forts du film est que l’on ne s’ennuie jamais, grâce à un scénario bien développé et à des images très créatives. Il y a également une scène d’action très percutante, qui m’a rappelé la scène de Love in Russia entre Bond et Red Grant, même si elle n’était pas aussi brutale.

Le seul reproche que l’on peut faire à Le jeu royal est que certains dialogues sont un peu forcés et que certains éléments de l’histoire ne sont pas très logiques ou crédibles. Bien qu’il y ait un énorme rebondissement dans l’histoire, cela n’explique pas suffisamment ces maladresses logiques. Heureusement, elles ne sont pas trop nombreuses.

Après les nombreuses romcoms stupides avec lesquelles l’industrie cinématographique hongroise tourmente constamment le public et les critiques, c’est un véritable soulagement de voir un thriller psychologique de cette qualité, avec des rebondissements à la fois bien dosés et étonnants, et des interprétations crédibles. Si vous aimez ce genre de films, nous pensons que vous ne devriez pas manquer l’œuvre de Barnabás Tóth, même si elle ne vous apprendra pas à jouer aux échecs.

-BadSector-

 

 

Le Jeu Royal

Direction - 8.4
Acteurs - 8.5
Histoire - 8.2
Visuels/Musique/Sons - 8.3
Ambiance - 8.2

8.3

EXCELLENT

Le jeu royal est un thriller psychologique à rebondissements, qui se déroule dans l'ombre de la révolution de 1956, où les échecs sont le seul refuge. Le film de Barnabás Tóth combine habilement le drame des personnages et les éléments d'un thriller à suspense. L'entrelacement des deux intrigues crée un arc narratif fort qui se distingue dans le cinéma hongrois, bien qu'un ou deux éléments de l'histoire ne soient pas très logiques ou crédibles, mais cela ne nuit pas beaucoup à l'image d'ensemble.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines – including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)