CRITIQUE DE LA SÉRIE – Que feriez-vous si la voiture d’un inconnu portait atteinte à la fierté que vous avez de votre voiture ? Si un incident de circulation mineur bouleversait toute votre vie ? Si votre rival, dans le cadre d’une vendetta qui s’intensifie, mettait votre vie entière sens dessus dessous – même si cela signifiait potentiellement ruiner la sienne ? Et puis, de temps en temps, vous vous rendez compte que votre ennemi juré n’est peut-être pas si hostile après tout ? C’est à ces questions que tente de répondre Rage au volant, la dernière série comique dramatique de Netflix, avec Steven Yeun et Ali Wong, tous deux brillamment interprétés.
Une nouvelle série a récemment été lancée sur Netflix, originalement intitulée « Beef » (ou « Bœuf » le titre français est Rage au volant) , qui n’est pas seulement le nom d’un aliment, mais aussi un terme d’argot signifiant conflit en anglais. Les personnages principaux de la série sont Steven Yeun et Ali Wong, qui se retournent l’un contre l’autre après un incident de voiture et recourent à des moyens de plus en plus violents pour se donner une leçon. Rage au volant est une comédie noire qui montre le côté sombre de la nature humaine de manière humoristique et grotesque.
Tout commence par un simple problème de voiture…
Le principe de la série est simple : un jour, Danny (Yeun) et Amy (Wong) ont failli avoir un accident de voiture sur le parking d’un centre commercial. Amy était pressée d’aller au travail et le personnage de Danny s’est garé dans le mauvais sens. Aucun des deux ne veut s’excuser ou céder à l’autre. Il s’ensuit une guerre stupéfiante et une vendetta au cours de laquelle tous deux perdent leur sens des proportions et leur maîtrise de soi. En huit épisodes, la série suit la lutte entre les deux parties, qui non seulement utilisent la violence physique l’une contre l’autre, mais tentent également de rendre la vie de l’autre misérable par le biais de la terreur psychologique.
Rage au volant n’est pas une comédie typique : elle n’a pas pour but de vous faire rire ou de vous remonter le moral. Il s’agit plutôt d’un rappel de la facilité avec laquelle nous pouvons nous laisser envahir par la colère et le ressentiment, et jusqu’où nous pouvons aller pour avoir raison ou pour obtenir satisfaction.
Steven Yeun : l’acteur polyvalent
La force de la série réside dans l’un des deux personnages principaux, Steven Yeun, qui, après The Walking Dead et Minari, prouve une fois de plus qu’il est un acteur polyvalent, capable d’interpréter aussi bien des rôles sérieux que des rôles comiques. Le personnage de Yeun est un entrepreneur en bâtiment qui n’a pas beaucoup de succès au départ, mais qui travaille dur et accepte des petits boulots pour gagner plus d’argent. Il vit avec son frère Paul (Young Mazion) dans un appartement miteux. Au début, ce dernier joue toute la journée à des jeux vidéo sur PC, mais il joue bientôt un rôle important dans l’histoire… Lorsque Danny manque d’entrer en collision avec Amy sur le parking, quelque chose change en lui. Le personnage de Yeun perd la tête et le sens commun, voulant à tout prix punir Amy dans une course-poursuite presque surréaliste, mais c’est Paul qui a le plus de mal à s’en sortir. Danny, cependant, ne se laisse pas décourager et se venge à sa manière, et c’est à partir de là que commence une “guerre” vicieuse entre les deux personnages. Les deux personnages sont des exemples de personnes trop attachées à leur droit et à leur fierté et qui ne peuvent pas pardonner ou laisser tomber l’autre ou le conflit.
Yeun fait un excellent travail dans ce rôle : il dépeint avec authenticité la transformation du personnage d’une personne normale en un fou. Yeun joue également bien avec l’humour et le drame : il est capable de faire rire le public avec le comportement absurde du personnage, mais en même temps de le faire compatir à sa souffrance. Yeun est un acteur qui n’a pas peur d’expérimenter et de prendre des risques, et c’est pourquoi il vaut la peine d’être vu.
Ali Wong : l’humoriste
L’autre point fort de la série est Ali Wong, connu pour ses comédies de stand-up, mais qui tient également son rôle d’acteur. Amy est l’épouse millionnaire et gâtée d’un riche sculpteur, qui travaille aux côtés de son mari en tant que femme d’affaires : elle négocie et gère leurs affaires. Au début, Amy ne veut pas avoir d’ennuis avec qui que ce soit, mais lorsqu’elle croise Danny sur le parking, elle ne se laisse pas abattre et riposte de manière inattendue lors de leur “duel” en voiture.
Son personnage est d’abord sympathique parce qu’elle n’a pas peur des menaces et des attaques de Yeun, mais il devient vite évident qu’elle est aussi une femme sans cesse frustrée, vengeresse et calculatrice qui a de sérieux problèmes émotionnels et sexuels avec George (Joseph Lee), son mari par ailleurs beau et talentueux, mais au fond plutôt fade et impressionnable. Amy est obsédée par l’idée de se venger de Danny, encore et encore, et ne veut pas lâcher la “balle en caoutchouc” même lorsqu’elle en a assez de Danny et de son frère.
Wong est également excellente dans ce rôle : elle est capable de mélanger l’humour et le drame dans son personnage. Wong est drôle dans sa représentation des frustrations et des plans de vengeance du personnage, mais elle montre aussi la sensibilité et la vulnérabilité du personnage. Wong est une actrice qui peut non seulement raconter des blagues, mais aussi transmettre des émotions.
Une histoire simple, mais puissante
L’histoire de la série est simple : après un accident de voiture, deux personnes se retournent l’une contre l’autre et utilisent des moyens de plus en plus violents pour se donner une leçon. La série suit la lutte entre ces deux personnes pendant dix épisodes de près d’une demi-heure, au cours desquels ils utilisent constamment la terreur psychologique et l’intrigue pour rendre la vie de l’autre misérable.
Malgré sa simplicité, l’histoire est puissante : elle montre à quel point la colère et le ressentiment peuvent nous envahir et jusqu’où nous pouvons aller pour avoir raison ou pour obtenir satisfaction. Elle met en évidence la frontière ténue qui sépare la civilité de la folie et montre les conséquences d’un petit conflit : comment il peut affecter les relations, le travail, la santé et la santé mentale.
Mais l’intrigue est imparfaite : dix épisodes semblent trop nombreux pour une idée aussi simple. Au fil du temps, le conflit perd de sa force et de son intérêt, et le spectateur peut se lasser des batailles incessantes entre les deux camps. La série ne parvient pas non plus à maintenir le suspense et l’excitation ; certains épisodes semblent inutiles ou forcés. Et à la fin de la série, il n’y a pas de véritable clôture ou conclusion, juste une fin ouverte qui ne satisfait pas le spectateur.
Des images superbes, de l’action passionnante, une bonne musique
Les images, les séquences d’action et la musique sont variées et impressionnantes. La série se déroule dans plusieurs endroits qui correspondent bien à l’histoire et aux personnages, et plusieurs séquences d’action sont étonnamment excitantes et originales. En outre, la partition musicale complète bien l’histoire et l’atmosphère, car elle soutient souvent les scènes, mais crée aussi parfois des contrastes ou de l’ironie, par exemple avec les chansons jouées à la fin de chaque épisode. Les images, l’action, la musique et le son de la série vous aident à vous immerger dans l’histoire et à ressentir les émotions des personnages.
Rage au volant est une série audacieuse et provocatrice qui n’a pas peur de montrer le côté sombre de la nature humaine. La série ne cherche pas à éduquer ou à moraliser, mais seulement à divertir et à faire réfléchir. Cependant, la série a ses défauts et ses lacunes en termes d’intrigue et de crédibilité. Néanmoins, dans l’ensemble, il s’agit d’une œuvre passionnante et pleine d’esprit qui montre à quel point la frontière est mince entre la civilisation et la folie.
-BadSector-
Rage au volant
Direction - 8.2
Acteurs - 8.6
Histoire - 7.2
Visuels/Musique/Sons/Action - 7.5
Ambiance - 8.2
7.9
BON
Rage au volant est une série audacieuse qui explore les sombres instincts humains. L'histoire ne cherche pas à enseigner ou à moraliser, mais simplement à divertir et à faire réfléchir. L'intrigue de la série est parfois invraisemblable, mais elle est aussi passionnante et pleine d'esprit, et met en évidence la frontière ténue qui sépare la civilisation de la folie.