TECH ACTUS – Les ordinateurs portables et les périphériques achetés dans le cadre du programme d'”importation parallèle” de la Russie ne sont pas conçus pour les russophones, ce qui pose des problèmes aux travailleurs.
La Russie a publié début mai une liste de marques d'”importation parallèle” en réponse à l’escalade des sanctions occidentales et au départ de nombreuses entreprises technologiques après l’invasion de l’Ukraine. Ce système permet aux entreprises locales d’acheter un nombre limité de produits en dehors de la Russie, à condition qu’ils proviennent légalement du pays d’où ils sont achetés. Mais il y a quelques problèmes, rapporte Kommersant…
Voici un exemple concret de ce que cela signifie : les détaillants qui veulent continuer à vendre des Macs et des iPhones peuvent, dans le cadre du régime d’importation parallèle, acheter des produits Apple auprès de vendeurs dans les pays où la société est encore présente. Les entreprises ne pourront pas acheter des appareils au format russe directement auprès d’Apple, mais elles pourront s’adresser à des tiers basés en Chine, en Serbie ou ailleurs pour réapprovisionner leurs stocks.
Le problème est que ces appareils seront configurés pour les utilisateurs chinois et serbes, y compris leurs claviers.
Tout cela entrave sérieusement le flux de travail de Bryansk à Vladivostok et a même dérangé le gouvernement. Les contrats conclus par les agences gouvernementales avec leurs employés exigent que chacun reçoive un poste de travail avec un clavier à la disposition habituelle. Si la majeure partie des deux millions de claviers importés par le pays au cours du premier semestre 2022 n’ont pas cette disposition exigée par le contrat, ils deviendront inutilisables pour le travail gouvernemental. Les experts prévoient que les claviers non russes représenteront 10 % du stock du pays d’ici la fin de l’année.
Au moins un segment de l’économie russe profite du chaos des claviers.
La demande de gravure au laser des claviers a doublé ces derniers mois pour convertir les claviers turcs et arabes en cyrillique russe. Le ministère de l’industrie et du commerce a en fait proposé cette solution en réponse au rapport initial de Kommersant, suggérant que “le prix du produit final restera pratiquement inchangé” en raison du coût du processus de gravure bon marché. Toutefois, cela invaliderait probablement la garantie.
Avec les sanctions mondiales qui frappent l’économie, c’est un moment crucial pour la technologie russe, qui a été forcée de se détacher rapidement de la vaste gamme d’entreprises technologiques occidentales sur lesquelles elle s’est appuyée pendant des décennies. En juin, un autre rapport de Kommersant a montré que 60 % des ordinateurs portables actuellement importés par le pays n’ont aucun système d’exploitation, tandis que ces dernières semaines, les développeurs de jeux ont demandé au gouvernement de financer la création d’un “moteur de jeu national” pour remplacer Unreal et Unity.
Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie se prolonge, la situation ne peut que s’aggraver.
Source : Kommersant (1, 2), Reuters