REVUE DE FILM – Malgré une mise en place initiale intelligente, le film de Tom Gormican n’est pas le sketch d’autoréflexion et de confrontation d’Hollywood auquel on pourrait s’attendre.
Au début du film du réalisateur Tom Gormican, Nicolas Cage – ou plutôt “Nick Cage” – est en quête d’un rôle qui, espère-t-il, marquera son retour. “Ce n’est pas comme si nous étions partis nulle part”, se rappelle-t-il sans cesse. C’est un sentiment qui résonnera chez de nombreux fans de Cage. Bien que Cage n’ait pas joué dans un film de studio à gros budget au cours de la dernière décennie, il expérimente néanmoins régulièrement et de manière passionnante son art dans d’innombrables projets VOD de qualité bucks (six sont sortis rien qu’en 2019). Si l’on ajoute à cela Pig, un film indépendant décalé et acclamé, et sa miméabilité dans la culture Internet, la fanbase culte de l’acteur dévoué a atteint un pic de fièvre sans précédent.
Une star accro aux feux de la rampe qui a peur d’être oubliée
Dès les premiers instants, le poids insupportable de ce talent gigantesque illustre l’incapacité quasi innée de Cage à rester hors des feux de la rampe. “On dirait que tu travailles tout le temps”, dit sa thérapeute Cheryl (Joanna Bobin), qui se demande pourquoi il est si excité par un rôle particulier. Mais pour Nick, ce rôle – dans un film de prestige réalisé par David Gordon Green – consiste à retrouver le succès grand public qu’il a connu à l’apogée des années 90 et au début des années 2000.
Le seul personnage du film qui ne remet pas en question l’élan de Nick est Nicky Cage (également joué par Cage), l’incarnation de sa rage, la version sans âge de l’acteur qui a revêtu le costume de Mad Men de David Lynch (l’un des films les plus sincères et classiques de Cage, mais aussi son rôle le plus intense), et qui surgit de temps à autre pour garder les yeux de notre héros sur le prix. “Tu es une star de cinéma ! Et ne l’oublie pas !” s’écrie Nicky, lorsque l’acteur envisage de jouer dans des films indépendants pour mettre fin à sa carrière. Et tandis que Nick se morfond à L.A., se plaignant souvent à son agent indifférent Richard Fink (Neil Patrick Harris) ou coinçant maladroitement Green lors d’un déjeuner avec une imitation pleine d’esprit d’Edward G. Robinson, Cage expose délibérément le désespoir d’une célébrité qui a toujours peur de ne plus jamais être aimée.
Il ne confronte pas Holywood et ses stars à eux-mêmes
Malgré ce montage astucieux, ce n’est pas le coup de gueule autoréflexif et hollywoodien auquel on pourrait s’attendre. Après avoir perdu le rôle convoité, Nick, dépité, accepte une offre d’un million de dollars pour s’envoler vers l’Espagne et se produire à la fête d’anniversaire d’un superflu milliardaire, Javi Gutierrez (Pedro Pascal), et le film s’installe dans la routine familière du film comique que nous avons vue mille fois auparavant de Cage et d’autres. À l’insu de Nick, Javi est également la marionnette d’un cartel de la drogue, surveillé par la CIA pour son éventuelle implication dans l’enlèvement de la fille d’un candidat à la présidence (Katrin Vankova). Aussi, lorsque deux agents, Vivan (Tiffany Haddish) et Martin (Ike Barinholtz), repèrent l’arrivée de l’acteur dans la villa de Javi à Majorque, ils le recrutent immédiatement pour espionner le milliardaire.
Même ceux qui ne veulent pas savoir ce qui motive ce Cage particulier peuvent être déçus par la transformation du film en une comédie d’action “humble”, car cela semble être une stratégie de sortie malheureuse du concept initialement étourdissant que Gormican et son co-scénariste Kevin Etten ont construit autour de sa star. Lorsque Lucas (Paco León), le cousin de Javi, le méchant de la vie réelle, entre en scène et donne le coup d’envoi d’un troisième acte rempli de fusillades et de poursuites en voiture, The Unbearable Weight of Massive Talent a déjà été assez manifestement apprivoisé pour devenir le genre de comédie clichée à douze épisodes dont ce film aurait pu être la fiction à l’origine.
Le poids insupportable d’un talent massif est complété par une intrigue secondaire tout aussi artificielle et sans conséquence sur les tentatives de Nick de réparer sa relation avec son ex-femme fictive Olivia (Sharon Horgan) et sa fille adolescente Addy (Lily Mo Sheen). Les réalisateurs font occasionnellement des références aux œuvres antérieures de Cage, comme lorsque Nick Castor sort les pistolets en or de Troy pour faire éclater la gloire une fois de plus, mais ces plaisanteries restent douloureusement superficielles dans un film qui était censé être tellement plus et qui ne révèle pas grand-chose sur la carrière impressionnante de Cage.
Pascal et Cage portent le film sur leur dos
Si Le poids insupportable d’un talent massif ne sombre pas dans la banalité totale, c’est grâce à l’amitié entre Nick et Javi, qui donne au film une surprenante touche d’émotion. Pour Javi, qui a écrit un scénario dans lequel il espère que son idole jouera, regarder ensemble les films de Nick (et d’autres) offre un répit momentané loin des chaînes de sa famille criminelle. Pascal joue ce rôle de manière attachante, réussissant parfois à être à la fois drôle et sincère, comme dans la scène où Javi fait son discours d’anniversaire, comparant sa relation tendue avec son père à la relation entre les personnages de Nicolas Cage et Shirley MacLaine dans La Vieille Dame et le Garde du corps.
Et en Javi, Nick trouve enfin un véritable ami pour partager son enthousiasme pour l’art qu’il aime tant. Pour Cage, Le poids insupportable d’un immense talent n’est peut-être pas la méta-question complète de sa personnalité qu’il promet au départ, mais il lui donne l’occasion de se détendre simplement et d’aimer la version quotidienne de lui-même, l’intello du cinéma qui favorise le cabinet du Dr Caligari.
Pour un acteur qui a toujours repoussé ses propres limites tout au long de sa carrière, il est presque gratifiant d’être maintenant si à l’aise avec lui-même. La question est de savoir si nous voulons simplement un film comme celui-ci de Nicolas Cage ?
-BadSector –
Le poids insupportable d'un talent massif
Direction - 6.8
Acteurs - 7.6
Histoire - 5.8
Visuels/Musique/Sons - 6.8
Ambiance - 6.8
6.8
CORRECT
Pour un acteur qui a toujours repoussé ses propres limites tout au long de sa carrière, il est presque gratifiant d'être maintenant si à l'aise avec lui-même. La question est de savoir si nous voulons simplement un film comme celui-ci de Nicolas Cage ?