Alfred Hitchcock Vertigo – Un peu “étourdi” ? Oui… “Vertigo” ? Pas du tout !

TEST – Pendulo, studio espagnol de jeux d’aventure fondé en 1994, a atteint sa maturité dans les années 2000 avec la saga Runaway. Dans les années 2010, il nous a conquis avec Yesterday et Yesterday Origins. C’est donc en toute confiance que nous avons lancé Vertigo, une adaptation libre du film culte d’Alfred Hitchcock. Mais n’essayons pas de maintenir le suspense apparent et disons-le tout de suite : le résultat n’est pas vraiment à la hauteur de nos attentes.

 

 

Tout d’abord, il nous semble essentiel de préciser un point crucial : malgré les apparences, le personnage officiel, les développeurs et les communiqués de presse, ce jeu Vertigo n’est en aucun cas une adaptation du film éponyme d’Alfred Hitchcock, qui a été projeté dans les cinémas hongrois sous le titre “Vertigo”. L’époque, les personnages et le scénario sont totalement différents, et seules quelques boutades “méta” relient le film au jeu. Par exemple, l’un des personnages regarde Sueurs froides au cinéma au début de l’aventure et y fait référence plus tard comme à son film préféré dans un dialogue innocent.

 

 

Rien à voir avec le légendaire film d’Hitchcock

 

Quant au “vertige” du titre du film, c’est-à-dire le fait que le héros du film et le successeur du jeu vidéo souffrent du vertige, il s’agit d’une référence supplémentaire. Cette phobie, qui était un facteur dominant dans le classique de 1958, ne joue pas le même rôle ici et est plus anecdotique.

Le caractère hitchcockien du jeu tient avant tout à son atmosphère générale, qui n’est pas sans rappeler la série Twin Peaks ou Alan Wake. D’ailleurs, le personnage principal est ici aussi un écrivain très perturbé. Dans la scène d’introduction, Ed Miller se réveille sur un pont, voit sa voiture s’enfoncer dans une falaise, constate que sa femme et sa fille sont mortes, puis voit que son propre père s’est jeté du pont. Le problème est que son père est mort il y a des années, que personne n’est retrouvé dans l’épave de la voiture et qu’Ed est un célibataire notoire depuis des années.

Tout cela suffit à remettre en question la santé mentale de notre héros, qui doit travailler avec la psychothérapeute Julia Lomas pour séparer la vérité des faux faits, trier les souvenirs de notre héros et éclaircir d’autres zones d’ombre. Les deux personnages sont jouables à certaines étapes du jeu, et le shérif Reyes enquête sur l’accident.

 

 

Vos neurones de matière grise ne seront pas perturbés ici

 

Si la variété des points de vue rend le scénario relativement intéressant, elle n’a quasiment aucun effet sur le gameplay, qui reste dans tous les cas minimal. Quelques déplacements dans un espace relativement confiné, quelques objets à observer ici et là, quelques choix de dialogues qui ont rarement une conséquence naturelle, et c’est tout ! Côté “action”, les inévitables “Quick Time Events” à la Quantic Dream ou Dontnod Entertainment ne manquent pas, comme l’appui sur le bouton A ou la torsion du bras du gamepad pour simuler une action à l’écran.

Ces interactions réelles ou factices sont d’autant plus décevantes que, de surcroît, le fait de les rater ou non n’a souvent aucune importance. C’est juste qu’elles stimulent le joueur de la manière la plus basique qui soit. La cerise sur le gâteau, c’est que le jeu comporte aussi beaucoup de temps morts ennuyeux où il ne se passe pratiquement rien d’intéressant.

 

 

Alfred Hitchcock : Shopping

 

Je ne comprends vraiment pas pourquoi les courageux développeurs espagnols ont pensé qu’il serait si cool et si excitant d’incarner Ed Miller en tant qu’enfant et de devoir ranger… les courses ! Mettre des serviettes en papier dans le placard, mettre des légumes dans le frigo et du pain sur la table à l’aide de QTE : bon sang, c’était si excitant !

Pour être juste, je dois cependant ajouter que nous étions autorisés à hypnotiser Ed, ce qui constituait un aspect beaucoup plus créatif du jeu. Cela nous a permis de revivre des souvenirs altérés spécifiques dont le héros se souvenait auparavant et d’explorer les incohérences pour rétablir la vérité.

Malheureusement, ces phases sont extrêmement linéaires. Il suffit de se rendre au bon endroit sur la ligne de temps indiquée à l’écran (la possibilité de rembobiner ou d’avancer rapidement l’intrigue est donc redondante) et de cliquer sans réfléchir sur les différentes zones interactives que l’on peut découvrir au cours de la scène pour que le jeu déroule silencieusement l’intrigue. C’est l’intrigue qui sauve le jeu du désastre, car l’histoire comporte des rebondissements dont la plupart sont impossibles à prévoir (à l’exception du twist final, mais c’est compréhensible).

Les illustrations de Vertigo sont également dignes d’éloges. On retrouve les “visages” distinctifs des studios Pendulo, ce qui permet de se souvenir des différents protagonistes et de saisir instantanément et inconsciemment leur personnalité. Par ailleurs, l’aventure aurait gagné à nous être présentée comme un film d’animation plutôt que comme un jeu. Il est difficile d’ignorer les différents défauts du jeu. Sur les PC pas très puissants, on peut rencontrer des ralentissements (même s’il n’y a absolument rien d’extraordinaire à l’écran), divers bugs disgracieux (un texte qui sort de l’écran, une scène qui s’assombrit soudainement, un personnage qui devient invisible pendant quelques instants…) et de trop nombreux écrans de chargement, si bien que Vertigo n’est pas le summum de la programmation.

 

 

Vous n’aurez pas le “vertige”

 

Avec Vertigo, Pendulo Studios a abandonné le genre du jeu d’aventure et de réflexion pour glisser du côté de la fiction légèrement interactive dans le style de Dontnod Entertainment. Au départ, le projet semblait prometteur, mais la lenteur des événements, les nombreux temps morts, le manque de gameplay réel et les bugs ont tué notre enthousiasme. Il est également pathétique que la licence Vertigo n’ait été utilisée que dans le titre ; l’histoire n’a rien à voir avec le classique d’Alfred Hitchcock.

Le jeu n’est pas une perte de temps totale. Il a ses mérites, notamment en ce qui concerne le scénario tortueux, l’univers visuel, la réalisation et la caractérisation des personnages. Mais il n’y a là aucun génie et il y a fort à parier que, contrairement au film du maître du suspense, ce jeu de Pendulo Studios sera vite oublié.

-BadSector-

Pro :

+ Tension presque constante pour une intrigue bien construite.
+ Presque aucun défi.
+ Excellente bande-son.

Contra :

– Animations extrêmement rigides
– Presque aucun défi
– Beaucoup de temps de lune


Éditeur : Microids

Développeur: Pendulo Studios

Style : jeu d’aventure

Sortie: 20 décembre 2021

-BadSector –

Alfred Hitchcock Vertigo

Jouabilité - 5.8
Graphisme - 5.6
Histoire - 5.4
Musique/Sons - 5.4
Ambiance - 4.5

5.3

MOYEN

Le jeu n'est pas une perte de temps totale. Il a ses mérites, notamment en ce qui concerne le scénario tortueux, l'univers visuel, la réalisation et la caractérisation des personnages. Mais il n'y a là aucun génie et il y a fort à parier que, contrairement au film du maître du suspense, ce jeu de Pendulo Studios sera vite oublié.

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