Sur certains aspects, Apple a réussi, mais Epic Games, dirigé par Tim Sweeney, a atteint ce qu’il voulait sur d’autres.
Dans sa décision, la juge Yvonnes Gonzales-Rogers affirme que “le tribunal ne peut finalement pas conclure qu’Apple est un monopoleur.” Cependant, elle a également émis une injonction permanente : Apple ne pouvait plus interdire aux développeurs de créer des liens vers leurs mécanismes d’achat, ce qu’Epic Games utilisait avec Fortnite, esquivant ainsi la coupe de 30% de l’App Store d’Apple sur les microtransactions. Cette injonction pourrait être utile à Epic contre Google, qu’elle a attaqué en justice pour la même raison (et qui a également retiré Fortnite du Google Play Store).
Le système de paiement fermé d’Apple rapporte beaucoup d’argent, et l’entreprise peut aussi se réjouir, car le juge a estimé qu’Epic Games n’a pas réussi à démontrer qu’Apple exerçait un monopole illégal. “Apple jouit d’une part de marché considérable de plus de 55 % et de marges bénéficiaires élevées. Ces facteurs à eux seuls ne démontrent pas une conduite antitrust. Le succès n’est pas illégal”, a déclaré M. Rogers. “Aujourd’hui, la Cour a confirmé ce que nous savions depuis le début : l’App Store ne viole pas la loi antitrust. Apple fait face à une concurrence rigoureuse dans tous les segments dans lesquels nous faisons des affaires, et nous croyons que les clients et les développeurs nous choisissent parce que nos produits et services sont les meilleurs au monde”, a ajouté un porte-parole d’Apple.
“La décision d’aujourd’hui n’est pas une victoire pour les développeurs ou les consommateurs. Epic se bat pour une concurrence équitable entre les méthodes de paiement in-app et les magasins d’applications pour un milliard de consommateurs”, a déclaré M. Sweeney sur Twitter. Même Spotify semble être satisfait de la décision : “Nous sommes satisfaits de [la décision selon laquelle] Apple a adopté un comportement anticoncurrentiel et a interdit de manière permanente ses dispositions en matière d’anti-steering.”
Et ensuite ? Les deux parties pourraient faire appel de la décision. Le cours de l’action d’Apple a chuté de 3 %, effaçant des milliards de dollars, mais l’entreprise qualifie tout de même cette décision de victoire retentissante. Et pour une bonne raison, aussi : Rogers ne les a pas obligés à ramener Fortnite sur l’App Store d’Apple : “La résiliation par Apple du DPLA et des accords connexes entre Epic Games et Apple était valide, légale et exécutoire, et […] Apple a le droit contractuel de résilier son DPLA avec l’une ou l’ensemble des filiales à 100 % d’Epic Games, ses sociétés affiliées et/ou d’autres entités sous le contrôle d’Epic Games à tout moment et à la seule discrétion d’Apple”, indique le jugement.