CRITIQUE DE FILM – La phase 4 du MCU a un grand ambassadeur en la personne de Shang-Chi. Héros méconnu jusqu’à la sortie du long-métrage, l’artiste martial au cœur pur parvient à s’imposer dans le cœur des spectateurs avec brio. Avec des combats percutants, une fantaisie merveilleuse, des séquences d’action spectaculaires et un scénario qui vous tient en haleine du début à la fin, Shang-Chi est de loin l’un des meilleurs films Marvel à ce jour.
La fantaisie chinoise est-elle soluble dans l’univers des super-héros Marvel ? Il semblerait que oui. Et l’on doit cette petite prouesse au talent du jeune réalisateur Destin Daniel Cretton (The Glass Castle, en 2017), qui a su mélanger ces deux univers, a priori assez éloignés.
Comme à l’époque de Black Panther, qui s’inspirait directement du genre “blaxploitation” des années 1970, le nouveau visage de Marvel, Shang-Chi, est un personnage de papier né en 1973 dans les comics sous la plume de Steve Englehart et le pinceau de Jim Starlin. A l’origine, ce comic book s’inspire du classique de la littérature populaire Docteur Fu-Manchu de Sax Rohmer. Le personnage principal de Fu Manchu est un méchant qui symbolise le péril jaune pour les Britanniques. Shang-Chi est présenté comme le fils perdu de Fu Manchu.
Or, à l’époque, ce super-héros pacifiste autoproclamé se voit attribuer une épithète homérique on ne peut plus claire : “Master of Kung-Fu”, et ce, environ un an avant la création d’un autre maître des arts martiaux, Iron Fist, que Netflix a retenu pour une série d’action à la Bruce Lee.
Plus enraciné en Asie
Dans les comics, le personnage de Chang-Chi a toujours été plus ancré en Asie et dans les légendes de la Chine ancienne. C’est pourquoi les scénaristes Dave Callaham et Destin Daniel Cretton (qui ont contribué au scénario) se sont naturellement tournés vers les films fantastiques chinois, que ce soit Tigre accroupi, poignard volant, Histoires de fantômes chinois ou Le Roi Singe. Le bestiaire chinois (dragons, monstres et autres Ryuu), la magie subtile et ce parfum d’enchantement asiatique baignent leur film, sans aucun doute…
L’histoire de Shang-Chi et la légende des dix anneaux est celle d’un jeune homme, Shaun (Simu Liu), qui a fui son père pour se réfugier aux Etats-Unis, à San Francisco, où il est devenu valet d’hôtel avec sa meilleure amie Katy (interprétée par la comédienne et actrice sino-américaine Awkwafina).
Mais on ne peut pas fuir éternellement un père autoritaire comme Wenwu. L’acteur fétiche de Wong Kar Wai, Tony Leung (notamment dans In the Mood for Love), joue avec justesse, force et mélancolie. Ce personnage douloureux, inconsolable, ne cesse de se noyer dans la colère d’un chagrin qui ne peut être guéri.
Chef de l’organisation criminelle des Dix Anneaux, ce méchant subtil finit par retrouver son fils et envoie un commando pour le récupérer. Rattrapé par son passé, Shang-Chi devra faire face à son destin et assumer son héritage tout en s’alliant à sa sœur et amie Katy, qui apporte le comique avec ses coups de gueule et ses répliques bien senties et même le second degré cher à Marvel.
Différente source
Tout en restant un blockbuster Disney, ce blockbuster américain, qui chasse sur les terres de l’Empire du Milieu (ce qui irrite l’État chinois au plus haut point), s’abreuvera à une source différente de celle des précédents films Marvel. C’est ce qui le rend amusant. C’est même ce qui fait la différence. Un grand vent de fraîcheur souffle sur Shang-Chi et la légende des Dix Anneaux. Bien sûr, les séquences d’action, les combats de jiu-jitsu, de muay thaï ou de kung-fu chinois, sont pleines d’énergie.
Quant à la mythologie des Anneaux, elle résonne, dans la mémoire des enfants occidentaux, avec une autre saga littéraire et cinématographique, celle du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, adaptée sur grand écran par Peter Jackson.
Néanmoins, en plongeant le récit initiatique de ce nouveau héros Marvel dans l’encre de la fantasy traditionnelle chinoise, le réalisateur Destin Daniel Cretton renouvelle le genre grâce à un melting-pot créatif sans précédent. Le spectacle est souvent à couper le souffle.
Il y a même une poésie certaine dans les combats et la chorégraphie des séquences finales… C’est comme si Tigre et Dragon accroupis rencontrait les Avengers…
-BadSector-
Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux
Direction - 8.2
Acteurs - 8.1
Histoire - 8.1
Visualité/musique - 9.1
Ambiance - 7.8
8.3
EXCELLENT
La magie orientale et le kung-fu constituent une excellente base pour l'ambiance et les images du film, avec un excellent casting (notamment le méchant principal joué par Tony Leung) en guise de rappel. Seuls les clichés habituels de Marvel nuisent à l'image globale, et plus de kung-fu au lieu de l'orgie de CGI n'aurait pas fait de mal.