Le syndicat des travailleurs des technologies numériques et des jeux et le studio dirigé par David Cage verront leur dispute prendre fin en juillet.
Fin mai, Solidaires Informatique (que nous abrégerons par SI à partir de maintenant) a publié un article récapitulant les événements survenus lors du procès (Quantic Dream a poursuivi Le Monde et Mediapart, deux publications françaises, pour diffamation), qualifiant les deux journées (27 et 28 mai) de grotesques. (Nous ne reviendrons pas sur les événements qui ont conduit au procès, car nous vous avons tenu au courant de la situation ces dernières années). Gamesindustry avait des sources anonymes présentes au procès, mais pour être juste, le site s’est également entretenu avec Quantic Dream pour que les deux parties soient entendues.
L’une des questions au cœur du procès était les accusations de malversations financières. Quantic Dream était accusé de ce qui suit : lorsqu’il licenciait un employé, celui-ci contestait le licenciement pour pouvoir ensuite recevoir une indemnité. Les deux parties y gagnent, car l’opération n’est pas soumise à une cotisation à l’URSSAF, l’organisme français de sécurité sociale des salariés et des employeurs. En revanche, l’indemnité coûterait moins cher au studio, tandis que l’employé licencié recevrait également plus d’argent. Quantic Dream affirme que l’URSSAF n’a “rien trouvé à reprocher à l’entreprise”.
Le procès a abordé l’une des principales affirmations des rapports originaux : Le codirecteur général de Quantic Dream, Guillaume de Fondaumière, a été licencié mi-2016 et a appliqué la méthode décrite ci-dessus pour contester son licenciement et réclamer une indemnité d’au moins 60 000 euros. SI rapporte que QD (nous abrégeons le nom du studio à partir de ce moment) a présenté plusieurs documents pour prouver son innocence, notamment des lettres de licenciement. Toutes avaient le même motif de licenciement : “Refus de suivre les directives”. L’avocat des organes de presse a rapidement fait remarquer que l’une d’entre elles présentait des irrégularités, ce qui en faisait un licenciement injuste.
Un autre sujet a également été évoqué lors du procès. Après les accusations de harcèlement et de culture de travail toxique en 2018, David Cage aurait convoqué toutes les femmes du studio individuellement dans son bureau pour enquêter sur la situation, mais sans la présence du personnel ou du représentant des RH. Un porte-parole de QD a refusé de commenter car ils ne commentent pas les fausses informations. (La société a précédemment déclaré qu’elle avait fait appel à une société externe appelée People Vox pour sonder les employés et n’a trouvé aucune trace d’une atmosphère toxique).
Cage aurait déclaré qu’il ne devait aucune explication aux journalistes. Par ailleurs, les avocats de QD ont accusé l’un des journalistes d’avoir écrit l’article pour se venger du fait que Guillaume de Fondaumière leur avait refusé une fois l’accès à la section VIP d’une fête de Quantic Dream. SI a affirmé que Cage a éclaté en sanglots pendant le procès, mais les sources de Gamesindustry suggèrent qu’il s’agit d’une exagération. Il a toutefois déclaré à la cour qu’elle se mêlait de ses affaires et que les questions abordées dans le procès avaient un impact sur son honneur.
Le rapport de SI inclut quelques commentaires que Cage aurait prononcés en studio. Par souci de transparence, nous les citerons sans aucune censure et nous n’approuvons pas un tel comportement : “Dans mes jeux, toutes les femmes sont des putes.” “Ça manque de nichons au bureau” et “Chez Quantic Dream, on ne fait pas de jeux pour les pédés”.
Gamesindustry a contacté Quantic Dream. Ils ont déclaré avoir intenté une action en justice contre Le Monde et Mediapart pour “avoir publié des articles qui, selon nous, n’ont pas été imprimés de bonne foi, ni avec des recherches ou des preuves raisonnables, et qui ont tiré de fausses conclusions qui ont largement porté atteinte à la réputation et au moral du studio. Ces derniers jours, des citations complètement fabriquées et des informations mal interprétées, censées provenir du procès, ont circulé sur Internet. Ces accusations mensongères ont été prouvées fausses à maintes reprises par de nombreux témoignages, devant le tribunal, d’employés actuels et d’anciens employés de Quantic Dream, par des audits tiers des dossiers financiers et des ressources humaines, et par les jugements du tribunal du travail et de la cour d’appel.”
Les délégués du personnel ont également fourni une déclaration : “En tant que délégués du personnel, et au nom des employés de Quantic Dream, nous nous opposons sans équivoque aux accusations non professionnelles et résolument fausses qui nous sont adressées depuis des années, ainsi qu’à la diffusion malveillante d’images préjudiciables. Les employés sont fatigués des attaques constantes de sources extérieures qui suivent un agenda personnel, sans jamais prendre en compte nos propres expériences et témoignages.
Quantic Dream est un groupe d’employés rare, inclusif, collaboratif et optimiste. Il est dirigé avec gentillesse, positivité et professionnalisme. Nous vous rappelons que nous sommes ouverts à des échanges constructifs et respectueux, pour enrichir la qualité de vie de l’entreprise ; en revanche, nous n’acceptons plus de nouvelles allégations qui bafouent les valeurs humaines de nos équipes.”
Le résultat sera intéressant à connaître le 8 juillet prochain.
Source: Gamesindustry