Face à Vivendi, les objectifs stratégiques d’Ubisoft demandent à être validés

La transformation digitale d’Ubisoft (UBI.FR) vers un modèle plus rentable et récurrent se poursuit et porte des fruits remarquables. Mais l’éditeur de jeux vidéo doit encore convaincre les analystes de la validité de ses objectifs à moyen terme. D’autant qu’après son irruption non sollicitée au capital du groupe, le géant des médias et des télécoms Vivendi (VIV.FR) reste en embuscade.

Dévoilé il y a un peu plus d’un an, l’objectif d’un résultat opérationnel courant de 440 millions d’euros pour l’exercice qui s’achèvera en mars 2019, partage encore les analystes. Ces derniers tablent en moyenne sur un résultat opérationnel de 413 millions d’euros, leurs estimations s’étalant de 333 millions à 451 millions d’euros, selon la base de données FactSet.

De prime abord, l’objectif d’Ubisoft paraît d’autant plus élevé qu’il ne s’appuie pas sur un plus grand nombre de lancements de jeux de prestige, dits AAA. Le groupe entend lancer quatre jeux AAA sur l’exercice en cours, puis quatre encore en 2018-2019, comme sur le dernier exercice. En 2016-2017, cela ne lui avait permis de dégager qu’un résultat opérationnel de 238 millions d’euros.

En outre, la trajectoire visée pour atteindre l’objectif 2018-2019 semble déséquilibrée. “Les objectifs d’Ubisoft sont optimistes dans la mesure où le groupe vise une augmentation de 30 millions d’euros de son résultat opérationnel courant à 270 millions en 2017-2018, puis un bond de 170 millions pour atteindre 440 millions en 2018-2019”, a souligné Charles-Louis Scotti, analyste chez Kepler Cheuvreux.

Une transformation en marche

Pour parvenir à ses fins, Ubisoft devra donner la pleine mesure de sa transformation. Autrefois, le groupe tirait l’essentiel de ses revenus de la vente de jeux sur DVD ou bluray. Une fois le jeu terminé, il était généralement rangé sur une étagère. Aujourd’hui, ses clients téléchargent de plus en plus leurs jeux directement sur internet, y achètent des suppléments (parties additionnelles, armes, etc.) et jouent beaucoup plus longtemps à un même jeu. Cela renforce les marges du groupe et ses retours sur investissement.

Les effets vertueux de cette transformation sont sensibles. Le résultat opérationnel d’Ubisoft a bondi de 41% en 2016-2017, malgré une hausse de seulement 4,7% de ses ventes. Lancé il y a trois ans, un jeu comme The Crew a depuis produit chaque année un résultat opérationnel supérieur à celui de l’année précédente. Ubisoft peut réclamer le bénéfice du doute dans la mesure où il emprunte une voie déjà prise par ses grands concurrents et a lui-même réussi la transformation de plusieurs de ses jeux, comme The Division.

Malheureusement, le groupe n’a guère le droit à l’erreur. Ubisoft reste sous la pression de Vivendi (VIV.FR), qui a acquis 26,8% de son capital et a récemment réitéré son intention de continuer à se renforcer dans les jeux vidéo.

Pour persuader ses actionnaires de ne pas vendre leurs titres au géant des médias en cas d’offre hostile, la direction du groupe doit convaincre qu’elle est la plus à même d’atteindre ses objectifs financiers. Ambitieux ou pas.

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Anikó, our news editor and communication manager, is more interested in the business side of the gaming industry. She worked at banks, and she has a vast knowledge of business life. Still, she likes puzzle and story-oriented games, like Sherlock Holmes: Crimes & Punishments, which is her favourite title. She also played The Sims 3, but after accidentally killing a whole sim family, swore not to play it again. (For our office address, email and phone number check out our IMPRESSUM)