L’opérateur historique britannique British Telecom a déposé plainte contre Valve, l’éditeur de la plateforme Steam, l’accusant d’avoir violé quatre de ses brevets. Les technologies décrites dans ces brevets seraient selon BT des éléments clés du succès de Steam.
Rien ne pouvait laisser penser qu’un jour Valve puisse se retrouver opposé face à un opérateur téléphonique dans le cadre d’un procès. C’est pourtant ce dont il pourrait bien être question dans les mois à venir. British Telecom a en effet déposé une plainte auprès de la cour du district du Delaware.
Sacrés brevets
Le cœur de l’affaire : une histoire de brevets. L’opérateur dispose d’un large catalogue, issu de ses importants investissements en recherche et développement, environ 560 millions d’euros rien que sur l’an dernier. Parmi eux, quatre poseraient problème :
le n° US 6334142 décrivant une méthode d’envoi de requêtes périodiques pour des messages à un serveur email
le n° US 6578079 décrivant un portail permettant d’envoyer des informations à un client en fonction des services auxquels il a souscrit, via un système de gestion des droits numériques (DRM)
le n° US 6694375 décrivant une combinaison entre un réseau et un annuaire public d’utilisateurs permettant à un service d’établir une communication entre deux personnes avec le protocole le mieux adapté
le n° US 7167142 décrivant une méthode pour déporter un affichage sur un écran distant
Toutes ces technologies, British Telecom estime que Valve les exploite sans son autorisation. Le premier brevet décrirait le fonctionnement exact du chat de Steam, le deuxième ferait référence au principe même de la plateforme de vente de l’éditeur, le troisième au système de messagerie de Steam et le dernier au streaming local.
Valve joue la montre
Dans sa plainte, British Telecom explique avoir tenté de rentrer en contact à plusieurs reprises avec Valve afin de mettre la situation au clair. L’opérateur cite notamment une lettre datée du 8 octobre 2015, signée de l’avocat de BT chargé des questions de propriété intellectuelle. Cette lettre détaillait « élément par élément et en détail » en quoi le logiciel de Valve violait les brevets de BT. Un courrier resté sans réponse depuis. Rebelote avec une autre relance du 21 décembre 2015.
Un troisième courrier a également été transmis à l’éditeur le 11 avril 2016. Dans celui-ci, BT fait part à Valve de ses inquiétudes quant à son absence de réponse, et lui précise que si son silence devait se prolonger, l’opérateur n’hésiterait pas à amener l’affaire devant les tribunaux plutôt que de chercher une résolution à l’amiable. Là encore, aucune réaction de la part de Valve. Certains y verront sans doute un parallèle avec les délais de réaction du support de Steam, ou avec le fameux Valve Time.
Si BT ne détaille pas les propositions qui ont été faites à Valve, le groupe britannique précise qu’il y était notamment question de fournir, moyennant finances, une licence d’utilisation pour les quatre brevets concernés. L’opérateur insiste également pour que l’affaire soit traitée devant un jury populaire, une formule qui selon une étude de PWC permet d’obtenir plus souvent gain de cause, et des dommages et intérêts nettement plus élevés.
Pour l’heure, Valve n’a pas encore réagi à cette affaire alors que la plainte se trouve sur le bureau du juge depuis maintenant un mois. Il faudra donc certainement attendre le dénouement de cette affaire avant de connaître la réponse de l’éditeur à ces accusations.